Turquie : Erdogan pris en étau entre Daech et le PKK après l’attentat d’Istanbul
En pleine opération de normalisation avec Israël et la Russie, le président Erdogan se retrouve confronté à un péril intérieur grandissant. Déjà aux prises avec les indépendantistes du PKK, il doit désormais, avec le triple attentat-suicide à l’aéroport d’Istanbul, faire face à une offensive meurtrière de Daech. Une organisation avec laquelle Ankara a pourtant entretenu des relations troubles.
Avant même qu’Ankara ait fini de compter les victimes de l’attaque contre l’aéroport Atatürk d’Istanbul, les présidents turc et russe se sont parlé au téléphone, mettant fin à une crise diplomatique de sept mois.
Les excuses d'Erdogan et les condoléances de Poutine
Auparavant, Recep Tayyip Erdogan avait adressé une lettre d’excuses à Vladimir Poutine concernant l’affaire du bombardier russe Su-24 abattu par la chasse turque le 24 novembre 2015.
Et juste après les attentats kamikazes du mardi 28 juin 2016, le président russe a adressé un message de condoléances au peuple turc exprimant sa «compassion pour les victimes de cet acte terroriste».
A l’issue de ce premier contact téléphonique entre les deux hommes, Vladimir Poutine a ordonné la levée des sanctions touristiques contre la Turquie et la normalisation des relations économiques et commerciales entre les deux pays. Une rencontre est même programmée pour septembre prochain à l'occasion du sommet du G20 en Chine.
Normalisation diplomatique et montée des périls intérieurs
De quoi rassurer le président turc, engagé dans une réconciliation également avec Israël, dont le cabinet de sécurité vient d’entériner l’accord conclu le 27 juin à Rome avec Ankara, mais plus que jamais confronté à des périls intérieurs.
Concomitant à ces normalisations à marche forcée pour éviter d'être évincé du jeu diplomatique régional, les attentats d’Istanbul sont venus rappeler à Erdogan que la guerre qu’il mène contre le «terrorisme» du Parti des travailleurs Kurdes (PKK) n’était plus sa seule priorité.
Confronté aux attaques des combattants indépendantistes kurdes contre la police et l’armée turques, le pouvoir à Ankara avait négligé les capacités de nuisance de la nébuleuse djihadiste de l’organisation Etat islamique.
Les relations troubles d'Erdogan avec une organisation aux contours flous
Plus encore, il misait sur eux pour freiner les combattants du parti de l’union démocratique (PYD), les forces kurdes syriennes considérées par Ankara comme un prolongement du PKK, et neutraliser leur «entité fédérale démocratique» proclamée en mars 2016 dans les zones de la Syrie qu’ils contrôlent.
Le président turc était même allé plus loin dans son laxisme à l’égard de Daech. Son territoire a servi de lieu de transit d’armes et de combattants étrangers et turcs recrutés par les djihadistes, et de plaque-tournante aux ventes sauvages de pétrole, source de financement de l’organisation islamiste.
L'hypothèse d'un «punition» pour le rapprochement avec Israël
Le président turc paye-t-il aujourd’hui, comme les pétromonarchies du Golfe, le prix d’une politique à double face avec une force aux contours flous ? L’attaque d’Istanbul, qui porte la marque de Daech selon les autorités turques, constitue en tout cas l’ouverture d’un nouveau front.
Pour Ali Kazancigil, politologue franco-turc interrogé par Europe 1, «Erdogan a fait une erreur stratégique énorme, parce qu’il est obsédé par l’éventualité d’une indépendance kurde en Turquie et en Syrie». Le directeur de la revue géopolitique Anatoli n’exclut pas non plus que ces derniers attentats puissent «être une sorte de punition pour le rapprochement entre la Turquie et Israël».
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