Reportage La levée des sanctions américaines en Syrie suscite un grand espoir pour lancer la reconstruction du pays

Alep était la capitale économique syrienne, avant la guerre. Avec l'annonce de la levée des sanctions, les habitants espèrent pouvoir relancer le commerce et recevoir des dons de l'étranger.

Article rédigé par franceinfo - Manon Chapelain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le bazar d'Alep, en Syrie, le 16 avril 2025. (HIBATULLAH BARAKAT / MIDDLE EAST IMAGES / AFP)
Le bazar d'Alep, en Syrie, le 16 avril 2025. (HIBATULLAH BARAKAT / MIDDLE EAST IMAGES / AFP)

L'image est forte : Donald Trump et Ahmed al-Charaa qui se serrent la main. Le président américain est en pleine tournée diplomatique au Moyen-Orient et a rencontré mercredi 14 mai, en Arabie Saoudite, le président syrien. En moins de 24 heures, ce dernier a obtenu la levée des sanctions américaines pour aider à la reconstruction de son pays. Et cette annonce a soulagé les Syriens.

C'est au restaurant, dans le centre-ville d'Alep, que ses trois amis entrepreneurs ont appris la nouvelle. A cause des sanctions américaines, ces producteurs de savon d'Alep se disaient économiquement asphyxiés depuis plus de dix ans. Rami tient un commerce entre la France et la Syrie, et il faisait face à de grosses difficultés pour exporter ses produits. "On est si excités si c'est vrai, exhulte-t-il. Car c'était tellement dur pour nous. On était sur le point de fermer notre commerce en Syrie il y a six mois. Désormais, on a vraiment l'espoir que les choses s'améliorent."

Avec la guerre, Alep, ancienne capitale économique de la Syrie, s'était transformée en une ville exsangue, ruinée. Les commerçants s'étaient peu à peu exilés. "Les gens d'Alep aiment l'industrie, mais à cause des sanctions, plus personne ne pouvait exporter, espère Ahmed Azouz, l'ancien maire de la ville. Maintenant que les sanctions sont levées, je pense que beaucoup vont revenir à Alep, rouvrir leur commerce et recommencer à travailler."

Financer la reconstruction

Le commerce qui reprend, c'est peut-être aussi un moyen de financer la reconstruction du pays. "La Syrie est broyée, rappelle Ahmed Azouz. Nous avons besoin de beaucoup d'argent pour reconstruire notre pays. Les infrastructures sont dans un état très critique. On a des problèmes partout, avec l'électricité, l'eau, les égouts." Selon l'ONU, 90% des Syriens vivent encore sous le seuil de pauvreté.

Monzer Al-Salal est à la tête d'une ONG qui vient en aide aux plus démunis. "Une grande partie des ONG comptaient jusqu'ici sur les dons, mais ces dons n'étaient possibles que depuis la Turquie. Désormais, avec la levée des sanctions, on peut s'attendre à enfin avoir plus de fonds", explique-t-il.

"On va voir arriver des entreprises régionales, du Golfe, du Liban, de la Turquie, mais aussi des entreprises européennes qui aujourd'hui vont profiter d'un marché qui est complètement fermé."

Jihad Yazigi, rédacteur en chef de la revue économique "Syria Report"

à franceinfo

Les sanctions sur le secteur bancaire constituaient l'obstacle le plus important à la reconstruction car elles empêchaient tout investissement massif dans le pays. "Ça va être un boom très important pour la Syrie, assure Jihad Yazigi, rédacteur en chef de la revue économique Syria Report.

Mardi soir, à Alep comme ailleurs, la soirée s'est terminée par des scènes de liesse. Des Syriens dans la hâte de voir leur pays, après 14 années de guerre, enfin reprendre vie.

La levée des sanctions américaines en Syrie suscite un grand espoir pour lancer la reconstruction du pays. Reportage de Manon Chapelain

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.