Quand les Etats-Unis s'immiscent dans le conflit syrien
Les informations sont concordantes : depuis plusieurs semaines, l’opposition syrienne reçoit de plus en plus de matériel militaire. Les Américains approuvent ces livraisons d’armes, fournies notamment par l’Arabie saoudite, et ont apparemment des contacts directs avec les rebelles.
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«Message secret» d’Obama
Officiellement, les Etats-Unis ne fournissent ni ne financent aucun «matériel léthal» destiné aux rebelles syriens. Mais nombre d’officiels à Washington, qui pensent que la confrontation va s’étendre, reconnaissent «des contacts» avec ces derniers et des «échanges d’informations [sur le sujet, NDLR] avec des Etats du Golfe». Pour l’instant, il n’y a pas d’Américains sur le terrain, certifie-t-on à Washington. Pour l’instant…
Si l’on en croit le site israélien DEBKAfile, proche des néo-conservateurs, le président Barack Obama aurait lui-même envoyé «un message secret» aux Saoudiens et aux Qataris pour les autoriser à livrer des armes aux opposants. Le même signal a également été envoyé à la Turquie.
Les Etats-Unis semblent donc avoir balayé leurs réticences vis-à-vis d’une opposition syrienne très divisée, et notamment vis-à-vis de l’Armée libre de Syrie (ALS). Jusque là, ils se méfiaient des groupes de l’ALS, souvent composés de déserteurs, qui agissent de manière indépendante sur le terrain.
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Pays du Golfe, Turquie… et Frères musulmans syriens
Les pays du Golfe, menés par l’Arabie, et la Turquie sont les principaux pourvoyeurs d’armes à destination des rebelles. Parmi ces fournisseurs, on trouve aussi les Frères musulmans syriens qui «ont ouvert leur propre canal de livraison», selon un de leurs porte-parole. Ils utilisent l’argent versé par «de riches particuliers» et par des Etats du Golfe.
Les matériels livrés sont stockés à Damas, à Idlib (ouest), près de la frontière turque, et à Zabadani (sud-ouest), près de la frontière libanaise. La Jordanie servirait également de base pour organiser l’insurrection.
Parmi les armes livrées, on trouve notamment de l’armement anti-char très sophistiqué, dit «de troisième génération» (2). De leur côté, les Turcs fournissent des fusils AK-47 à des groupes «qu’ils choisissent» et «entraînent des combattants syriens à Istanbul». Ils auraient également livré du matériel pour des «engins explosifs improvisés» (de l’anglais Improvised Explosive Device, IED). Ces équipements sont notamment achetés au marché noir dans des pays voisins de la Syrie.
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Les opérations s’intensifient
A court d'armements et de munitions, les rebelles avaient subi de nombreux revers: en mars, ils avaient ainsi dû se retirer du quartier Baba Amr à Homs (centre) et de certaines zones à Idlib. Mais avec les livraisons venues de l'étranger, leurs opérations militaires se sont récemment intensifiées. Ils n’hésitent plus à affronter directement l’armée syrienne comme ce fut le cas en mai à Rastan, près de Homs, lors de combats. Et ils détruisent désormais les tanks lourds T-72, soutien essentiel de la répression menée par le régime de Bachar El Assad. Jusque là, ces chars effectuaient de nombreux mouvements à travers le pays pour écraser les combattants de l’opposition.
Dans le même temps, le recours aux IED devrait permettre d’étendre les opérations de guérilla aux «routes principales ainsi que dans les zones rurales et montagneuses», notent certains observateurs.
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«Guerre par procuration»
Sans le dire ouvertement, les Etats-Unis ont donc infléchi leur politique et sont en train de préparer une «guerre par procuration» (4). Dans le même temps, on assiste à la formation de deux axes qui se combattent: un axe Téhéran-Damas-Hezbollah libanais, un autre pays du Golfe-Turquie. La Syrie se trouve ainsi placée au «cœur de la rivalité Iran-Arabie saoudite».
Les pays qui assistent les rebelles ont évidemment des motivations différentes. L’Arabie saoudite sunnite, qui n’hésite pas à parler de «criminels» et de «régime d’occupation» à propos des autorités syriennes alaouites (confession considérée comme une branche du chiisme), s’oppose à l’Iran, susceptible d’acquérir l’arme nucléaire. Elle redoute également l’influence de la République islamique sur son importante minorité chiite opprimée, installée dans l’est du pays, une région riche en pétrole.
De leur côté, les autorités turques, notamment les militaires, s’inquiètent de voir le conflit syrien déborder dans tout le Proche-Orient. La situation au Liban les alarme particulièrement. N'assiste-t-on pas là à un engrenage plus que dangereux dans une région particulièrement instable ?
Des rebelles affirment être armés par les puissances occidentales
Euronews, 13 mars 2012
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