Les liens troubles d’Erdogan avec Daech minent les négociations avec les Kurdes
Raids aériens contre des positions de l’Etat islamique en Syrie quatre jours après l’attentat de Suruç, 250 interpellations dans le cadre d’une spectaculaire opération anti-terroriste à Istanbul, le pouvoir turc a passé la vitesse supérieure dans la lutte contre les djihadistes mais aussi contre les militants kurdes du PKK. Une façon pour Erdogan de réfuter les accusations de complicité avec Daech
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Le 20 juillet 2015, la ville de Suruç, à la frontière avec la Syrie, est secouée par un attentat suicide meurtrier. L’explosion, qui a fait 32 morts et une centaine de blessés, visait de jeunes Kurdes et Turcs volontaires pour la reconstruction de Kobané, ville kurde quasi-jumelle en territoire syrien.
Ankara a aussitôt accusé l’organisation de l’Etat islamique (EI) tandis qu’une source gouvernementale anonyme identifiait l’auteur comme étant un jeune Turc de 20 ans originaire d’Adiyaman qui a rejoint EI depuis deux mois seulement.
Erdogan accusé de complaisance avec Daech
Une version pas convaincante pour tout le monde. Le soir même de l’attentat, des manifestants à Istanbul scandaient: «Etat islamique meurtrier, Erdogan et AKP complices». Ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène et de canons à eau.
En dépit des dénégations du président Erdogan et de son Premier ministre Ahmet Davutoglu et de leur volonté affichée de lutter contre le terrorisme de Daech, Kurdes et opposants accusent en effet le pouvoir de complaisance à l’égard des djihadistes transitant par son territoire, s’y faisant soigner et s’y entraînant pour aller se battre en Syrie.
Ils en veulent également pour preuve la non-assistance aux Kurdes de Kobané, soumis au feu nourri des combattants plusieurs semaines avant l'attentat. Un choix qui mettait à découvert la stratégie floue de Recep Erdogan.
Les négociations avec le PKK mises à mal
Engagé depuis 2012, alors qu’il n’est encore que Premier ministre, dans des négociations de paix avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, le chef de l’AKP, le président turc, a plus d’un fer au feu. Il négocie la paix contre un fédéralisme avec le chef historique du PKK, Abdullah Ocalan, qui ne fait plus l'unanimité dans son camp, mais refuse toute aide à son équivalent kurde en Syrie, le PYD, le Parti de l’union démocratique.
Le président turc laisserait même faire Daech, car il redoute une victoire des Kurdes de Syrie qui relancerait la perspective jamais abandonnée d’un Etat kurde indépendant à cheval sur la Turquie, l’Irak et la Syrie.
Une stratégie floue qui met désormais en péril les négociations de paix avec le PKK. Deux jours après l’attentat de Suruç, deux policiers turcs ont été retrouvés abattus d’une balle dans la tête dans une a ville proche de la frontière syrienne.
Une opération revendiquée par le PKK au titre d’«action punitive contre deux policiers qui coopéraient avec le gang de Daech à Ceylanpinar», selon les termes du communiqué.
Des mesures de rétorsion contre la presse
Kadri Gürsel, un éditorialiste de renom du quotidien Milliyet a été «démissionné» pour avoir dénoncé ces ambiguïtés sur son compte twitter. «Il est honteux, a-t-il écrit en allusion notamment aux présidents Obama et Hollande, que des responsables étrangers appellent la personne qui est la principale responsable du terrorisme de l’Etat islamique en Turquie pour lui présenter des condoléances après l’attentat de Suruç.»
Le rédacteur en chef du quotidien Cumhurriyet, Can Dündar, risque, lui, une lourde peine de prison pour avoir publié en mai les photos de camions appartenant aux services de renseignements turcs, interceptés en janvier 2014, alors qu’ils s’apprêtaient à livrer des obus et des munitions en tous genres à des djihadistes en Syrie.
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