L'universitaire Fabrice Balanche sur la situation en Syrie
Les rebelles syriens se battent désormais ouvertement contre l’armée dans les plus grandes villes du pays. Tandis qu’une partie de l’opposition se dit ouvertement favorable à un transfert du pouvoir à une «personnalité du régime». Mais pour Fabrice Balanche, maître de conférence à Lyon II, cette opposition est très divisée et la situation du pays reste très incertaine.
Le régime peut-il tenir encore longtemps ?
Le pays est en pleine déliquescence. Mais je pense que le régime de Bachar el-Assad peut se maintenir militairement à Damas pendant encore des mois. Pour lui, c’est vital.
A Alep, il va faire tout son possible pour rester car si la ville tombe, c’est tout le Nord qui risque de faire sécession. Sa chute aurait une portée symbolique : les rebelles pourraient y installer leur capitale comme l’avait fait l’opposition à Kadhafi en Libye. Pour l’instant, l’Armés syrienne libre (ASL) tient les quartiers périphériques. La ville n’est plus, comme on l’entend souvent dire, la capitale économique du pays. Mais c’est là que se concentrent les usines d’armement, loin d’Israël. Le pouvoir n’a donc pas intérêt à ce que la cité lui échappe.
Pour le reste, il ne tient plus les campagnes sunnites. Ni les régions kurdes à l’Est. En fait, le régime a laissé le champ libre aux Kurdes, car il espère qu’ils vont finir par se heurter à l’ASL. De leur côté, ces derniers se contenteraient d’un Bachar affaibli plutôt qu’un changement de régime incertain.
Grosso modo, Assad et ses partisans peuvent se maintenir à Damas, à Homs, sur la bande côtière, et dans le djebel druze, dans le sud-est du pays. Globalement, je pense qu’ils peuvent tenir des mois, voire des années.
Et quelle est la situation de l’opposition ? Un porte-parole du Conseil national syrien (CNS), censé la réunir toute, a déclaré qu’elle était favorable à ce que le pouvoir soit transféré à une «personnalité du régime». Mais il a été démenti par un autre porte-parole…
Là encore, la situation est assez confuse. En fait, le CNS a autant de porte-parole que de factions. De plus, avec son discours rassurant, il pratique la politique de l’autruche. Car en Syrie, il n’y a pas de culture du dialogue. Et l’on assiste actuellement, à un niveau très local, à une fragmentation du pays. Il faut voir que celui-ci est constitué de sociétés très claniques, avec des rivalités de village à village.
A Alep, des rebelles brûlent des chars de l'armée
afpfr, 24-7-2012
De leur côté, les rebelles armés sont persuadés qu’ils peuvent vaincre. Le ramadan les galvanise. Certains espèrent même pouvoir fêter la chute du régime à la fin de la période de jeûne. Pour autant, l’ALS n’est pas vraiment organisée. Dans certaines localités, les habitants forment un bataillon autour d’un simple déserteur !
Quel scénario peut-on alors brosser pour l’avenir ?
On ne sait pas où l’on va. On constate que le pouvoir, qui conserve ses capacités militaires, n’est pas prêt à accepter une transition. Il espère tenir sur ses positions pour obtenir des garanties, en menaçant de faire éclater le pays. Il attend que l’opposition armée se divise, que l’ASL et les Kurdes entrent en conflit. Assad sait que plus il durera, plus cette dernière va devoir gérer les territoires qui lui sont acquis. Les tensions risquent de s’y exacerber, notamment à cause de ceux qui veulent se venger.
Au-delà, toute la question est de savoir quelle sera l’attitude des soutiens internationaux de chaque camp : Arabie saoudite, Qatar, Otan pour l’opposition ; Russie et Iran pour Bachar. Pour ces puissances, l’enjeu est de taille dans la mesure où la Syrie pourrait passer d’un camp à l’autre.
Les derniers jours du régime Assad ?
AlJazeeraEnglish, 18-12-2011
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