Ce que prévoit l'accord de défense conclu entre la Russie et la Corée du Nord
Reçu en grande pompe à Pyongyang, Vladimir Poutine a remercié Kim Jong-un pour son soutien dans la guerre contre l'Ukraine. Le pacte signé entre les deux pays suscite des inquiétudes dans le camp occidental.
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Ils affirment lutter "ensemble" contre l'"hégémonie" américaine. Vladimir Poutine et Kim Jong-un ont signé, mercredi 19 juin, un accord de défense mutuelle historique. Pour la première fois en 24 ans, le dirigeant nord-coréen a reçu, à Pyongyang, son homologue russe. Il a salué l'avènement d'une "nouvelle ère" dans les relations avec Moscou et a qualifié le président russe de "meilleur ami" de son pays. "La Russie et la Corée mènent toutes deux une politique étrangère indépendante", a déclaré de son côté Vladimir Poutine, dans un clair avertissement aux Occidentaux, inquiets de voir naître un tel partenariat sur fond de guerre en Ukraine. Franceinfo résume ce que les deux dirigeants ont bien voulu dire de cet accord, et pourquoi il suscite de l'appréhension.
Le soutien de Pyongyang à Moscou dans la guerre en Ukraine
Mercredi, Kim Jong-un a accueilli Vladimir Poutine lors d'une grande cérémonie, à Pyongyang, avec une fanfare militaire et des danses synchronisées. Les deux dirigeants ont ensuite eu un long aparté. Le gouvernement nord-coréen "exprime son entier soutien et sa solidarité au gouvernement, à l'armée et au peuple russes dans la conduite de l'opération militaire spéciale en Ukraine pour protéger la souveraineté, les intérêts de sécurité et l'intégrité territoriale", a déclaré, à l'issue de cet échange, Kim Jong-un, en s'adressant à Vladimir Poutine.
"Nous apprécions beaucoup votre soutien systématique et permanent de la politique russe, y compris sur le dossier ukrainien", a en retour déclaré le chef du Kremlin. "Nous sommes reconnaissants aux dirigeants et au peuple de la République populaire démocratique de Corée s'agissant de la situation en Ukraine", a poursuivi Vladimir Poutine. Depuis l'agression russe en Ukraine en février 2022, les relations entre Moscou et Pyongyang, alliés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), sont au beau fixe.
Ce rapprochement inquiète Américains et Européens, qui accusent les Nord-Coréens de livrer massivement des munitions et des missiles à l'armée russe. Réagissant à ces annonces, l'Ukraine, par la voix du conseiller présidentiel, Mykhaïlo Podoliak, a exhorté la communauté internationale à "une approche plus rigoureuse pour parvenir à un véritable isolement" de Moscou et de la Corée du Nord. "Nous prévoyons de reconsidérer la question de la fourniture d'armes à l'Ukraine", a réagi face à la presse le conseiller à la sécurité nationale du président sud-coréen, au lendemain de la signature de cet accord.
"C'est une armée qui tient un pays. La Corée du Nord vit de ça. Elle a des stocks considérables, qu'elle donne ou vend aux Russes, avec des contreparties", confirme à franceinfo Pascal Dayez-Burgeon, spécialiste de la Corée du Nord. "La Russie a besoin du soutien de la Corée du Nord en matière d'armes en raison de la guerre prolongée en Ukraine, tandis que la Corée du Nord a besoin du soutien de la Russie en matière de nourriture, d'énergie et d'armes de pointe pour alléger la pression des sanctions", résume auprès de l'AFP Koh Yu-hwan, professeur d'études nord-coréennes à l'université de Dongguk à Séoul.
Une "assistance mutuelle", Dongguk "en cas d'agression"
"Le traité pour un partenariat global signé aujourd'hui prévoit, entre autres, une assistance mutuelle en cas d'agression contre une partie au traité", a précisé, mercredi, Vladimir Poutine à la presse. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a assuré pour sa part que l'accord était "exclusivement pacifique et défensif". "Il ne fait aucun doute que le traité de partenariat stratégique global (...) garantira de manière fiable l'alliance entre la Corée du Nord et la Russie pendant un siècle et qu'il contribue pleinement au maintien de la paix et de la stabilité dans la région", a-t-il précisé un peu plus tard, pendant une réception en l'honneur de son invité.
Le président russe a aussi ajouté qu'il "n'excluait pas une coopération militaro-technique" avec Pyongyang. En réaction, un porte-parole du département d'Etat américain a, au contraire, jugé que cet "approfondissement" de la coopération entre la Russie et la Corée du Nord "devrait préoccuper quiconque s'intéresse au maintien de la paix et de la stabilité dans la péninsule coréenne".
Une "politique étrangère indépendante" pour s'opposer aux Etats-Unis et "leurs satellites"
A travers la signature d'un accord de défense avec la Corée du Nord, Vladimir Poutine confirme sa vive opposition à Washington et ses alliés. "Aujourd'hui, nous luttons ensemble contre les pratiques hégémoniques et néocolonialistes des Etats-Unis et de leurs satellites", a ainsi déclaré, mercredi, le président russe. Il estime que les sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU qui visent les Nord-Coréens pour leur programme nucléaire, "inspirées par les Etats-Unis et leurs alliés", devaient être "réexaminées".
"La Russie et la Corée mènent toutes deux une politique étrangère indépendante et n'acceptent pas le langage du chantage et du diktat", a-t-il poursuivi. Le chef de l'Etat russe a ensuite qualifié l'accord de "document véritablement révolutionnaire". Une façon de mettre en scène un nouvel axe stratégique contre l'Occident, ennemi commun des deux dirigeants mis au ban des nations.
La visite de Vladimir Poutine en Corée du Nord est la deuxième rencontre entre les deux hommes en moins d'un an. En septembre 2023, Kim Jong-un s'était rendu à un sommet avec le chef du Kremlin dans l'extrême est de la Russie à bord d'un train blindé. "Ce geste diplomatique représente un tournant non seulement pour la géopolitique de l’Asie de l'Est, mais aussi pour l'ordre mondial dans son ensemble", estime le quotidien sud-coréen Hankyoreh, relayé par Courrier international, après ce nouvel échange grandiloquent entre les deux dirigeants.
Le soutien de Vladimir Poutine permet à Kim Jong-un d'"amoindrir sa dépendance" à l'égard d'un autre allié clé : la Chine. Après sa visite fructueuse à Pyongyang, Vladimir Poutine a atterri jeudi à Hanoï. Il escompte là aussi développer les relations entre la Russie et le Vietnam, à qui Moscou vend des armes depuis des décennies. Un effort diplomatique supplémentaire pour contourner l'isolement du Kremlin, provoqué par les sanctions internationales prise en réaction à l'invasion de l'Ukraine.
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