Reportage "C'était l'enfer, la panique" : un an après l'attentat du Crocus City Hall à Moscou, des rescapés toujours traumatisés

Un monument doit être inauguré samedi 22 mars à Moscou devant la salle de concert où 145 personnes sont mortes il y a un an dans une attaque terroriste. La cérémonie se tiendra sans la présence de Vladimir Poutine.

Article rédigé par franceinfo
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Le Crocus City Hall, à Moscou, le 22 mars 2025. (STRINGER / AFP)
Le Crocus City Hall, à Moscou, le 22 mars 2025. (STRINGER / AFP)

Il y a un an jour pour jour, le 22 mars 2024, la tuerie du Crocus City Hall faisait 145 morts et plus de 500 blessés à Moscou, soit le pire attentat qu'ait connu la Russie depuis la prise d'otages dans une école de Beslan, dans le Caucase en 2004. Cet attentat a été revendiqué par l'Etat islamique, une piste confirmée depuis, mais les autorités russes persistent à affirmer que les commanditaires étaient ukrainiens (tout en reconnaissant le profil islamiste des suspects).

À Moscou, on se prépare à commémorer cet attentat qui a laissé des traces profondes dans la société russe, même si les hommages seront discrets.

Traumatisme russe

Tatiana fait partie des survivants de l'attaque du Crocus. Il y a un an, cette quadragénaire moscovite était venue dans cette salle de concert voir Pic Nic, son groupe de rock préféré, très populaire en Russie depuis l'époque soviétique, quand un commando a ouvert le feu et commencé à incendier les sièges. "C'était l'enfer, la panique, les tirs, le feu, des gens enfermés dans les toilettes et qui y sont restés, les sorties de secours bloquées, la folie, la terreur de la foule qui obéissait à l'instinct de survie", se remémore Tatiana qui reste traumatisée par cette soirée et ne peut plus se rendre dans des lieux trop fréquentés sans faire de crise de panique.

Mais l'attentat du Crocus n'a pas laissé des traces que chez les victimes, il a aussi profondément marqué toute la société russe. "La guerre n'est pas comparable avec cette attaque terroriste, la société russe regarde les actions militaires de façon plutôt détachée, puisque la majorité n'y participe pas", analyse le sociologue Denis Volkov, directeur du dernier institut de sondage indépendant du pays.

"L'attentat a donné le sentiment que ça pouvait arriver à n'importe qui, et l'ampleur de cette attaque terroriste a fortement augmenté le niveau d'anxiété."

Denis Volkov

à franceinfo

Pourtant, les autorités ont fait le service minimum sur les commémorations. Vladimir Poutine ne s'est jamais rendu sur place, il ne se rend quasiment jamais sur les lieux des événements traumatiques. Peut-être aussi parce que cet attentat est un énorme raté des services de sécurité, et que cela n'a pas échappé aux Russes, comme Edouard, croisé devant ce qui reste du Crocus. "Quelque part quelqu'un a dû rater quelque chose et n'a pas bien travaillé. Ce n'est pas la première fois que la Russie est confrontée à ce genre de menaces. Malheureusement, c'est ainsi, notre pays a de nombreux ennemis", confie-t-il.

Un monument est inauguré samedi devant la salle encore en partie calcinée. Il a été financé par la société propriétaire du Crocus. Il n'y aura toutefois pas d'hommage national, juste une cérémonie discrète dans cette banlieue, loin du centre de la capitale.

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