Fermeture de l'aéroport de Londres-Heathrow : ce que l'on sait de l'incident qui perturbe le trafic aérien mondial

Le plus grand aéroport d'Europe a été contraint de fermer vendredi, à cause d'une panne de courant électrique provoquée par un incendie. La police antiterroriste britannique a annoncé mener une enquête.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Des pompiers éteignent les flammes de l'incendie qui s'est déclaré dans une sous-station électrique alimentant l'aéroport d'Heathrow à Hayes (ouest de Londres, Royaume-Uni), le 21 mars 2025. (BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des pompiers éteignent les flammes de l'incendie qui s'est déclaré dans une sous-station électrique alimentant l'aéroport d'Heathrow à Hayes (ouest de Londres, Royaume-Uni), le 21 mars 2025. (BENJAMIN CREMEL / AFP)

Des avions cloués au sol à Londres et un désordre perceptible jusqu'en Chine. L'aéroport de Heathrow, le plus fréquenté d'Europe, est fermé vendredi 21 mars pour toute la journée. Cet événement extrêmement rare entraîne des perturbations en chaîne dans le trafic aérien mondial. Franceinfo fait le point sur la situation.

Un incendie à Londres à l'origine d'une coupure d'électricité

L'aéroport a été contraint de fermer, à cause d'une panne de courant électrique, selon l'opérateur de l'aéroport, Heathrow Airport Holdings. Cette coupure fait suite à un important incendie à la sous-station électrique de Hayes, dans la banlieue ouest de Londres, qui fournit l'aéroport en électricité, ont précisé les pompiers.

L'incendie a touché "un transformateur contenant 25 000 litres d'huile de refroidissement", qui a entraîné un "danger majeur du fait de la présence des équipements à haute tension", a détaillé Jonathan Smith, un porte-parole des pompiers. L'aéroport dispose de plusieurs sources d'électricité pour son alimentation, ainsi que de générateurs de secours. Mais ces systèmes ne sont pas conçus pour assurer une exploitation complète de l'infrastructure, selon son opérateur. "Il y avait un générateur de secours, mais il a également été affecté par le feu, ce qui illustre à quel point [cet incident] est inhabituel et sans précédent", a commenté le ministre de l'Energie, Ed Miliband, interrogé par Sky News.

Selon les pompiers, l'incendie a été signalé un peu avant 23h30 jeudi et a affecté "un grand nombre de foyers et entreprises locales". Dix camions et 70 pompiers ont été déployés. Près de 150 personnes ont été évacuées dans le secteur et un périmètre de sécurité a été mis en place. L'incendie a finalement été "maîtrisé avec succès", vendredi matin, selon la même source. "Nous resterons présents sur les lieux tout au long de la journée, afin d'aider [l'opérateur du réseau électrique] National Grid", a-t-il ajouté.

Au total, "100 000 foyers ont été privés de courant" du fait de la panne, avait d'abord chiffré Ed Miliband. A 6 heures du matin vendredi, ils n'étaient plus que 4 900, selon un porte-parole de l'opérateur du réseau électrique. Interrogé par la BBC sur les causes de l'ampleur des perturbations engendrées par l'incendie, le ministre de l'Energie a commenté : "Il est trop tôt pour répondre à cette question", ajoutant que le gouvernement tenterait de déterminer "quelles leçons, le cas échéant, cela peut nous apprendre".

Une enquête ouverte et des questions en suspens

Les causes de ce sinistre, qui n'a pas fait de blessés, n'étaient pas connues vendredi matin. Il n'y a "pas de signe" à ce stade d'un acte "intentionnel", a précisé la police londonienne vendredi à la mi-journée. L'unité antiterroriste a été saisie de l'enquête, a également annoncé la Metropolitan Police, "étant donné la localisation de la sous-station et l'impact (...) sur une infrastructure nationale essentielle".

"Des questions se posent sur la façon dont [cet incident] s'est produit et sur les mesures à prendre pour éviter que les perturbations d'ampleur que nous avons constatées ne se reproduisent", a estimé un porte-parole du Premier ministre britannique, Keir Starmer. L'incident soulève de "graves questions", a également jugé sur X le directeur général de l'Association internationale du transport aérien, Willie Walsh. "Comment se fait-il qu'une infrastructure stratégique (...) soit totalement dépendante d'une seule source d'électricité sans alternative ? s'est interrogé le représentant du secteur aérien. Si c'est le cas, comme cela semble l'être, c'est un manquement clair d'organisation de la part de l'aéroport." "Nous devons comprendre ce qui a causé un incident d'une telle ampleur", a renchéri la ministre des Transports, Heidi Alexander, promettant que des "leçons seront tirées". 

Les pompiers de Londres se sont montrés rassurants dans un communiqué diffusé vendredi soir. L'incendie "ne semble pas suspect" et l'enquête "va se concentrer sur l'équipement de distribution électrique", a exposé la London Fire Brigade.

Des répercussions en cascade sur le trafic aérien mondial

A la suite de cette coupure de courant, Heathrow Airport a appelé les voyageurs à "éviter à tout prix de chercher à se rendre à l'aéroport avant que celui-ci ne rouvre". Il est habituellement fréquenté par quelque 230 000 passagers quotidiennement, soit 83 millions par an. British Airways, la plus grande compagnie à avoir des activités dans l'aéroport londonien, a averti que la fermeture aurait "un impact significatif" sur ses opérations. L'aéroport de Gatwick, au sud de Londres, a ainsi commencé à accepter des vols détournés.

Cette fermeture a aussi provoqué une série de perturbations au niveau du trafic aérien mondial. Et pour cause : classé parmi les cinq aéroports les plus fréquentés au monde, Heathrow dessert 80 pays et 1 350 avions devaient y atterrir ou en décoller vendredi, selon le site Flightradar24. L'effet de cette fermeture s'est ainsi fait ressentir jusqu'en Asie, avec de nombreux vols supprimés ou reroutés.

L'aéroport de Paris-Charles de Gaulle devait accueillir vendredi sept vols dont la destination initiale était Heathrow, a annoncé le gestionnaire Aéroports de Paris. Il s'agit de longs courriers en provenance de Perth (Australie), Singapour pour deux d'entre eux, Kigali (Rwanda), Dubaï (Emirats arabes unis), Shanghai (Chine) et Tel-Aviv (Israël). Dix vols au départ de Paris et en direction de Londres ont été annulés.

L'aéroport de Francfort, en Allemagne, a également accueilli vendredi matin six vols à cause de la fermeture de Heathrow. En Espagne, 54 vols prévus vendredi à destination ou en provenance de l'aéroport sont affectés. Sept avions de United Airlines ont aussi dû soit revenir vers leur aéroport de départ, soit être dirigés vers d'autres destinations, selon la compagnie américaine.

Des perturbations qui devraient durer jusqu'à samedi

L'opérateur de l'aéroport, Heathrow Airport Holdings, a déclaré prévoir "de sérieuses perturbations [du trafic] ces prochains jours"Ryanair a annoncé programmer huit "vols de secours" à destination et en provenance de Dublin, en Irlande, pour des passagers affectés. La compagnie EasyJet a fait savoir pour sa part qu'elle déploierait des avions plus gros que prévu vendredi et durant le week-end entre le Royaume-Uni et Milan, Amsterdam, Edimbourg, Paris, Munich et Madrid. 

En début d'après-midi vendredi, l'opérateur du réseau électrique, National Grid, a dit avoir mis en place une "solution provisoire" pour rétablir "la capacité d'alimenter de nouveau les zones de l'aéroport de Heathrow qui sont connectées" à l'infrastructure endommagée. L'aéroport a annoncé, dans un communiqué vendredi après-midi, la reprise de "certains vols" plus tard dans la journée, et dit espérer une reprise "complète" samedi.

"Demain, nous prévoyons de reprendre pleinement nos opérations", a déclaré le directeur de l'aéroport, Thomas Woldbye, appelant les passagers à venir "normalement". Il a présenté ses excuses "aux nombreuses personnes dont les déplacements ont été perturbés", soulignant que cet incident "majeur" était "sans précédent".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.