Syrie : une soixantaine de Français toujours détenus par les forces kurdes, leurs proches demandent qu’ils soient "jugés" en France
Si le groupe État islamique a été vaincu sous sa forme territoriale, des cellules toujours actives réalisent régulièrement des attentats et appellent à libérer les combattants prisonniers des forces kurdes. Parmi eux, une soixantaine de Français que la France refuse de rapatrier.
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Il y a cinq ans, la coalition internationale déclarait la chute du califat autoproclamé de Daesh, une victoire après plusieurs années de bataille acharnée contre le groupe terroriste. À son apogée, l’État islamique a contrôlé jusqu’à 60 000 km entre la Syrie et l’Irak. Si Daesh a été vaincu sous sa forme territoriale, le groupe continue d’être actif au Moyen-Orient.
Des cellules toujours actives font régulièrement des attentats, et appellent à libérer les 12 000 combattants prisonniers des forces kurdes. Parmi eux, on dénombre une soixantaine de Français détenus sans jugement et que Paris refuse de rapatrier. Leurs familles n’ont aucune nouvelle, et leurs avocats demandent à ce qu’ils soient jugés en France.
"Ça reste quand même mon frère"
Début 2014, le frère de Caroline* a décidé de rejoindre Daesh en Syrie. Cinq ans plus tard, alors que la défaite du groupe terroriste était proche, ce jihadiste français s'était finalement rendu aux forces kurdes et avait été emprisonné. Aujourd’hui, Caroline n’a plus de nouvelles de lui. "On se réveille chaque matin et on se demande : 'Est-ce qu'il est mort ou est-ce qu'il est vivant ?'", raconte-t-elle
"On nous dit clairement que si demain ils sont morts on ne le saura jamais, ajoute Caroline. Un tueur en série, un pédophile, a des contacts avec sa famille, donc pourquoi pas nous ?", questionne-t-elle.
"On a le sentiment d'être nous aussi coupables."
Caroline, soeur d'un Français toujours détenu en Syrieà franceinfo
Le frère de Caroline était un cadre de la communication de Daech. Sur une vidéo de propagande, on le voyait même brûler son passeport. Mais dans ses derniers échanges avec sa sœur, il dit vouloir être rapatrié pour être jugé en France. "Je comprends que des gens disent que mon frère ne doit pas rentrer. Si je n'avais pas été concernée j'aurai peut-être pensé la même chose. Ça reste quand même mon frère, quoi qu'il ait fait. Il faut que ça s'arrête, qu'il soit jugé, emprisonné", assène-t-elle.
La France refuse leur rapatriement
Les autorités françaises refusent toujours de rapatrier la soixantaine d’hommes français détenus en Syrie, et répètent qu’ils doivent être jugés là où ils ont commis leurs crimes. L'avocat de plusieurs de ces prisonniers, Etienne Mangeot, assure pourtant que c'est impossible : "La seule solution, c'est qu'ils soient jugés en France".
"Est-ce qu'ils peuvent être jugés par les autorités du Nord-Est syrien ? Aujourd'hui, tout indique que non. Il ne s'agit pas d'un État, il n'y a pas d'arsenal juridique apte à pouvoir les juger sur place."
Etienne Mangeot, l'avocat de plusieurs prisonniers françaisà franceinfo
Le Nord-Est syrien reste une zone extrêmement instable. Alors que Daesh appelle régulièrement à libérer ces prisonniers, plusieurs évasions d’hommes et de femmes jihadistes ont eu lieu ces dernières années. "La solution de facilité consisterait à dire : 'Laissons-les le plus loin possible de nos frontières'. Or, les laisser dans le Nord-Est syrien c'est prendre le risque que ces prisons soient attaquées, prendre le risque que de nouveau ces personnes se retrouvent dans la nature", soutient Etienne Mangeot, qui plaide pour un rapatriement.
Certaines victimes du terrorisme demandent aussi que ces jihadistes soient jugés en France. Les noms de plusieurs d’entre eux apparaissent dans des dossiers judiciaires en lien avec des attentats.
*Le prénom a été modifié
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