Le journaliste italien raconte "l'humiliation" subie pendant sa captivité en Syrie
Domenico Quirico, otage pendant 152 jours en Syrie, livre son témoignage dans "La Stampa".
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Un témoignage terrible, qui en dit long sur le chaos dans lequel est plongée la Syrie. L'envoyé spécial du quotidien italien La Stampa, Domenico Quirico, enlevé en avril et libéré dimanche en Syrie, a raconté "l'humiliation quotidienne" subie pendant ses 152 jours de détention. Le journaliste, âgé de 62 ans, qui a regagné l'Italie dans la nuit de dimanche à lundi, a écrit à la première personne son récit, que La Stampa (article payant, en italien) publie en une, mardi 10 septembre, sur quatre pages assorties de plusieurs photos.
Entré en Syrie le 6 avril avec Pierre Piccinin, un enseignant belge, avec l'accord de l'Armée syrienne libre (ASL), il raconte comment le kidnapping s'est déroulé aux abords de "Qoussair, une ville proche de la frontière libanaise et qui était alors assiégée par le Hezbollah, allié fidèle du régime de Bachar Al-Assad". Vraisemblablement trahis par les deux hommes qui les accompagnent, ils sont conduits dans une maison où ils sont battus.
"J'ai rencontré le pays du Mal"
Leurs ravisseurs, conduits par un certain Abou Amar ("certainement un surnom"), sont des rebelles, membres d'Al Farouq, une faction avec qui l'Occident négocie mais que le journaliste compare à un groupe de "malfrats". Commence alors ce que Domenico Quirico compare à une "odyssée", "une épopée extraordinaire et terrible", avec son lot de fuites et de retours aux caches de leurs débuts.
En juin, ils sont contraints, sous la pression du Hezbollah, de fuir avec l'ensemble de la population vers Homs : "Des hommes, des femmes, des enfants, des handicapés et des personnes âgées marchant pendant douze heures, deux nuits consécutives, à travers la campagne", en tout 5 000 à 6 000 personnes, raconte-t-il.
"L'impression de n'être que des sacs de blé"
Pendant cet "exode", il demande à Abou Amar son téléphone pour joindre sa famille, ce dernier refuse en riant. Un soldat de l'ASL, blessé aux jambes, lui tend alors son portable : "C'est le seul geste de pitié que j'aie reçu en 152 jours", écrit-il. "Même les enfants et les vieux ont essayé de nous faire du mal. Je le dis peut-être en termes un peu trop éthiques, mais en Syrie, j'ai vraiment rencontré le pays du Mal."
Ces deux otages "ont été traités comme des animaux, enfermés dans de petites pièces aux fenêtres closes malgré la chaleur étouffante, jetés sur des paillasses, nourris de leurs restes", détaille-t-il. "De toute ma vie, jamais je n'avais ressenti cette humiliation quotidienne, qui consiste à être empêché d'accomplir les choses les plus simples", explique-t-il, ajoutant avoir eu l'impression "de n'être que des sacs de blé". A deux reprises, leurs geôliers font mine de le tuer. "Notre valeur n'était que marchande. Mais si on détruit la marchandise, on s'expose à ne pas en obtenir le prix qu'on en attend."
Schizophrénie des ravisseurs
Traduit par Le Monde, l'article de Domenico Quirico n'est pas qu'un témoignage de captivité poignant. Il décortique aussi la schizophrénie de ces groupes rebelles, islamistes qui boivent de l'alcool et fument entre les cinq prières quotidiennes, ennemis de l'Occident fascinés par les marques telles qu'Adidas. "On dirait presque qu'ils sont sponsorisés."
Pour ce grand reporter, qui "serait devenu fou" s'il n'avait eu la foi chrétienne pour espérer, l'anarchie qui règne en Syrie rappelle celle qui règne en Somalie. Ses ravisseurs sont décrits comme "des laissés-pour-compte du régime mafieux syrien" et des "déséquilibrés". "Ils profitent du vernis islamique et du contexte révolutionnaire pour s'emparer de pans entiers du territoire, rançonner la population, enlever des gens et se remplir les poches."
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