Reportage Libération de prisonniers palestiniens : "Après plus de 24 ans, le soleil s’est levé de nouveau", les familles soulagées de retrouver leurs proches

Plusieurs dizaines de prisonniers palestiniens sont arrivés à Ramallah lundi. Ils ont été accueillis par leurs familles, qui attendent parfois ce retour depuis plus de 20 ans.

Article rédigé par Marie-Pierre Vérot, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Plusieurs dizaines de Palestiniens ont été libérés des prisons israéliennes dans le cadre d'un cessez-le-feu à Gaza, le 13 octobre 2025. (AFP)
Plusieurs dizaines de Palestiniens ont été libérés des prisons israéliennes dans le cadre d'un cessez-le-feu à Gaza, le 13 octobre 2025. (AFP)

Ils sont arrivés à bord de plusieurs cars, à la mi-journée. Lundi 13 octobre, des dizaines de prisonniers palestiniens ont été libérés par Israël dans le cadre de l'échange avec les derniers otages vivants retenus captifs par le Hamas dans la bande de Gaza.

Une centaine de détenus sur 250 avaient été autorisés à rentrer en Cisjordanie. Mais au dernier moment, la liste a changé et l’armée israélienne a mis son veto sur certains noms. Finalement, 88 détenus ont pu retrouver leurs familles. Les autres doivent être expulsés à Gaza ou à l’étranger.

Leur arrivée a eu lieu au pied du musée Mahmoud-Darwish, dans le centre de Ramallah. C’est dans une immense cohue, des cris de joie, des Allah Akbar, des sifflets et des applaudissements que les prisonniers qui ont eu le droit de revenir en Cisjordanie sont arrivés dans deux bus blancs de la Croix-Rouge.

Ils en descendent l’un après l’autre, certains pleurent, d’autres sourient. Plusieurs ont le visage émacié. La plupart portent un keffieh autour du cou. Ils sont ensuite conduits à l'intérieur du centre culturel de Ramallah où leurs mères, leurs sœurs, leurs pères ou leurs frères les attendent.

"C’est un sentiment indescriptible, un mélange de douleur, de tristesse et de joie immense"

Sœur d'un prisonnier palestinien libéré

à franceinfo

Les yeux embués de larmes, une jeune femme en robe traditionnelle palestinienne embrasse son frère : "Je ne peux vous décrire mes sentiments, après plus de 24 ans, la vie revient, le soleil s’est levé de nouveau. Le plus important, c'est sa santé et puis, nous voulons qu’il se marie et nous voulons voir ses enfants".

Une vieille dame retrouve son fils, elle ne l’a pas vu depuis près de 20 ans : "Je voudrais lui préparer un plat de fête, dit-elle en pleurant, mais je sais que quand ils sont libérés, ils ne peuvent pas manger parce qu’ils sont en mauvaise santé. C’est un grand désastre".

"Ce n’est pas un grand jour, parce qu’il y a eu énormément de morts et de blessés à Gaza"

Mère d'un prisonnier palestinien libéré

L’un des prisonniers, trop affaibli, a perdu connaissance. Mais un autre tient à parler aux caméras pour s’indigner de l’interdiction faite par l’armée israélienne de toute célébration : "Ils ont tout fait, dit-il, pour nous enlever notre joie, mais nous sommes libres et avec nos familles".

Ils ont en effet été menacés d’être arrêtés de nouveau s’ils passaient outre l’interdit. Très vite, tous rentrent chez eux. Des noms ont été barrés de la liste dans la matinée, alors certains proches de prisonniers sont repartis seuls, comme Mariam : "Mon frère est sur la liste de ceux qui seront déportés. Mais où ? À Gaza ? En Égypte ? En Turquie ? Nous ne le savons pas. C'est une immense déception."

"Bien sûr, nous sommes heureux de savoir qu’il est libre, ajoute-t-elle, mais nous aurions aimé le serrer dans nos bras." Au total, douze familles ont connu ces faux espoirs, espérant jusqu’au dernier moment.

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