Financement du terrorisme en Syrie : la mise en examen du groupe Lafarge est "inéluctable"
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L'association Sherpa demande sur franceinfo jeudi 28 juin que la justice soit faite dans le dossier du cimentier Lafarge. Huit cadres ou anciens dirigeants de l'entreprise ont déjà été mis en examen.
La mise en examen du groupe Lafarge est "inéluctable" pour Sandra Cossart, la directrice de l'association Sherpa, invitée de franceinfo jeudi 28 juin, alors que l'entreprise est convoquée devant les juges d'instruction dans l'affaire de financement présumé du terrorisme en Syrie. L'association, qui fait partie des premières ONG à avoir lancé une plainte contre le cimentier, l'accuse aussi de travail incompatible avec la dignité humaine, de mise en danger de la vie d'autrui et de complicité de crimes contre l'humanité.
franceinfo : En quoi les activités de Lafarge peuvent-elles avoir constitué une complicité de crimes contre l'humanité ?
Sandra Cossart : Nous considérons que Lafarge a pu contribuer, en entretenant notamment des relations commerciales avec le groupe Daech en Syrie, au financement du terrorisme et en se rendant ainsi potentiellement complice de crimes contre l'humanité. Cela veut dire que Lafarge se serait rendue complice notamment en maintenant son activité sur place [à Jalabiya]. C'était la dernière entreprise à être présente alors qu'elle savait déjà, dès 2013, que l'État islamique s'était installé dans la région. En gérant aussi la sécurité des salariés de façon négligente : il y a eu des kidnappings, des enlèvements, des meurtres et en finançant l'État islamique et d'autres groupes à hauteur de plusieurs millions d'euros. Les salariés de l'entreprise Lafarge, la filiale, étaient particulièrement ciblés par le groupe État islamique.
Ces salariés sont-ils à vos côtés aujourd'hui dans votre combat ?
Ces onze plaignants sont parties civiles avec nous, de même que notre partenaire le Centre européen pour les droits constitutionnels et les humains (ECCHR) et aujourd'hui demandent que la justice soit faite. Ces onze parties civiles sont éclatées de par le monde, réfugiées dans différents pays et sont dans une vraie détresse matérielle et psychologique. C'est la raison pour laquelle aujourd'hui, nous demandons à l'entreprise Lafarge d'ouvrir un fonds d'indemnisation. Ce fonds doit garantir l'indemnisation des anciens salariés parties civiles aujourd'hui, mais aussi de toutes les autres victimes qui sont des anciens salariés. Ce sont aujourd'hui plus de 400 personnes et nous considérons que l'entreprise doit prendre ses responsabilités, au vu notamment de la mise en examen qui doit arriver aujourd'hui, que nous pensons inéluctable, au vu de la reconnaissance des faits partiels par Lafarge et aussi des avancées de l'instruction.
Espérez-vous que cette affaire fasse jurisprudence ?
Tout à fait. Nous espérons que le message qui sera lancé aujourd'hui par les magistrats instructeurs sera un message fort, un message pour les multinationales qui opèrent dans des zones de conflit, où on sait que justement ce sont des zones de non-droit où les droits de l'homme et de l'environnement ne sont pas respectés. Un message également pour toutes ces victimes qui sont aujourd'hui de par le monde et qui ne peuvent pas avoir accès à la justice, notamment dans leurs pays, imaginez en Syrie, au Yémen ou ailleurs. Ces victimes doivent pouvoir obtenir réparation devant les juridictions des maisons-mères, c'est-à-dire en l'espèce pour Lafarge : la France.
Quel rôle ont joué les autorités françaises à l'époque ?
Nous avons en effet demandé l'audition des anciens ambassadeurs sur place ainsi que de l'ancien ministre des Affaires étrangères. Nous espérons en effet que si l'État a une responsabilité quelconque, la lumière sera faite et que nous pourrons avoir des éléments tout au long de l'enquête sur cette potentielle responsabilité de l'État, mais aujourd'hui nous n'avons pas suffisamment d'éléments.
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