Six morts après une manifestation au Liban : "Cela rappelle de très mauvais souvenirs", estime un chercheur
Des fusillades ont éclaté pendant un rassemblement de plusieurs centaines de personnes à Beyrouth, venues exiger le départ du juge chargé de l'enquête sur l'explosion du port en août 2020.
"C'est un mauvais signe", a assuré jeudi 14 octobre sur franceinfo David Rigoulet-Rose, chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique (Ifas) après la manifestation au cours de laquelle au moins six personnes sont mortes au Liban. Des tirs d'origine inconnue ont visé une manifestation organisée à Beyrouth par le Hezbollah contre le juge chargé de l'enquête sur l'explosion survenue dans le port le 4 août 2020. Des violences ont alors éclaté dans le secteur. "Le fait que l'enquête se rapproche de certains responsables politiques induit ce type de comportement avec potentiellement des dérives graves", a analysé celui qui est aussi rédacteur en chef de la revue Orients stratégiques, aux éditions L'Harmattan. Ces violences "rappellent de très mauvais souvenirs", explique-t-il.
franceinfo : Faut-il voir dans les affrontements de jeudi un parfum de guerre civile déjà connu dans cette région ou un événement sporadique ?
David Rigoulet-Rose : Ce n'est pas un événement anodin. Cela rappelle de très mauvais souvenirs, ne serait-ce que par la localisation des affrontements puisque c'est le quartier de Badaro, c'est-à-dire à la lisière des quartiers chiites et de l'ancienne ligne de démarcation de la guerre civile. C'est un mauvais signe car nous arrivons manifestement à un moment critique dans l'enquête [sur l'explosion dans le port de Beyrouth], en visant un certain nombre de responsables politiques. Le fait que l'enquête se rapproche de ces responsables induit ce type de comportement avec potentiellement des dérives graves.
Les difficultés rencontrées par l'enquête ont-elles un impact sur la situation dans le pays et à Beyrouth ?
Oui car il y a des attentes très importantes des familles des victimes. Il y a eu plus de 200 morts et 6 500 blessés, sans parler des dégâts matériels. Manifestement, il existe une obstruction inhérente au complexe institutionnel libanais. Il y a d'abord eu le dessaisissement d'un premier juge, Fadi Sawan, le 18 février, auquel a succédé l'actuel juge, Tareq Bitar, qui veut aller jusqu'au bout. C'est la désignation notamment de deux anciens ministres, Ali Hassan Khalil, qui est le bras droit du chef du parti Amal au Parlement, et Ghazi Zaayter, qui suscite énormément de remous dans le jeu confessionnel libanais.
Cette enquête est-elle aussi le déclencheur de la colère qu'il peut y avoir contre la classe politique dirigeante libanaise à cause de la crise profonde que traverse le pays ?
Oui, le contentieux avec la classe politique libanaise est loin d'être purgé. La population se sent écrasée car elle a basculé sous le seuil de pauvreté à une écrasante majorité. Il n'y a plus d'électricité ces jours-ci car les deux centrales ont été rendues non-opérationnelles. Il y a un état de délabrement économique, social et institutionnel du Liban qui est lourd de danger pour le futur.
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