Démission du Premier ministre libanais : un "premier pas politique important" après deux semaines de contestation
Le Premier ministre Saad Hariri a remis mardi au président la démission de son cabinet. Une décision qui va "donner plus d'allant" aux contestataires estime sur franceinfo le spécialiste du monde arabe Jean-Pierre Milelli.
Après treize jours de révolte populaire au Liban, et des heurts à Beyrouth, le Premier ministre Saad Hariri et son gouvernement, jugés corrompus par les Libanais, ont démissionné mardi 29 octobre. Washington appelle à la formation d'un nouveau gouvernement. "Ça ne peut pas marquer la fin de la contestation, car c'est le premier pas politique important depuis les deux semaines de contestation", estime mercredi 30 octobre sur franceinfo Jean-Pierre Milelli, enseignant à l'Ecole normale supérieure, spécialiste du monde arabe.
franceinfo : Cette démission marque-t-elle la fin de la contestation ?
Jean-Pierre Milelli : Ça ne peut pas marquer la fin de la contestation, car c'est le premier pas politique important depuis les deux semaines de contestation. Les contestataires, qui représentent un quart de la population et représentent toutes les classes, et surtout toutes les confessions du pays, y verront un pas qui va leur donner plus d'allant. Il y a aussi bien Tripoli, la ville du nord sunnite, que le sud chiite, que les régions chrétiennes, ce qui est assez remarquable. Quant au gouvernement, la tentation va être de gagner du temps pour chercher une solution. C'est très délicat vu la nature du pays.
La stabilité du Liban est-elle menacée ?
Elle pourrait l'être, ce qui explique l'intervention de l'ONU, des États-Unis et de la France, qui montre l'anxiété des décideurs mondiaux. Ils savent pertinemment que le Liban, de par sa nature, sa situation et son histoire un peu tragique, est un candidat à venir s'ajouter aux crises régionales, déjà extrêmement sévères.
L'émergence de nouvelles figures politiques est-elle possible, alors que la classe politique actuelle est quasiment inchangée depuis la fin de la guerre civile, en 1990 ?
On ne voit pas émerger de nouvelles têtes, et la classe politique au pouvoir a plus d'un tour dans son sac. Il n'y aura pas forcément de retournement de situation spectaculaire. Cette classe politique va chercher à gagner du temps, avec toutes les possibilités de la Constitution libanaise, avec le jeu de divers chefs, dont monsieur Hariri est le principal. Il peut y avoir un nouveau gouvernement, une reconduction du Premier ministre actuel, et c'est le Parlement qui va devoir entrer en piste. Hariri pourrait revenir, car c'est un acteur important, en dépit de ses défauts connus, notamment une certaine faiblesse vis-à-vis du Hezbollah. La marge de manœuvre est limitée. Ce mouvement est sans précédent de par son caractère harmonieux, global et bon-enfant, les Libanais en ont eu besoin parce que le système est bloqué. Le Premier ministre doit être sunnite, de la même manière que le président doit être maronite et le président du Parlement chiite. On est encore dans l'incertitude, sachant que c'est une crise qui reflète les rapports de pouvoir régionaux et des questions mondiales telles que le déni de démocratie ou des questions environnementales.
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