Un "immense honneur" qui s'accompagne "d'un fort sentiment de responsabilité", réagit Hanna Assouline après la nomination de son association Les Guerrières de la paix pour le Prix Nobel de la paix 2025

L'association a été sélectionnée, comme près de 200 autres organisations ou personnalités, par le groupe de travail du Prix Nobel de la paix 2025.

Article rédigé par franceinfo
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Hanna Assouline, fondatrice de l'association Les Guerrières de la paix, sur franceinfo, janvier 2025. (CAPTURE D'ECRAN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Hanna Assouline, fondatrice de l'association Les Guerrières de la paix, sur franceinfo, janvier 2025. (CAPTURE D'ECRAN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"C'est d'abord évidemment pour nous toutes un immense honneur mais ça s'accompagne aussi d'un fort sentiment de responsabilité", réagit sur franceinfo, mardi 21 janvier, la documentariste Hanna Assouline et fondatrice de l'association Les Guerrières de la paix, après la nomination de son association pour le Prix Nobel de la paix 2025.

Les Guerrières de la paix est un mouvement de femmes engagées pour "la paix, la justice et l'égalité", notamment dans le conflit entre Israël et la Palestine, et qui revendique lutter "contre la haine, les divisions et toutes formes de discrimination, y compris le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie".

franceinfo : Il y a à peu près 200 sélections pour le Prix Nobel de la paix et votre association en fait partie. Vous vous y attendiez ?

Hanna Assouline : Absolument pas. On ne l'avait pas imaginé. C'est pour ça que c'est une reconnaissance importante qui nous honore, mais qui s'accompagne vraiment de ce sentiment très grand de responsabilité, d'engagement, de continuer, de ne rien lâcher.

"La concomitance, entre l'annonce de cette nomination et le fait qu'on entre dans une nouvelle phase de l'histoire de cette guerre, est plutôt un signal fort encourageant."

Hanna Assouline

à franceinfo

Je dois dire quand même que les militants de la paix se sont sentis bien seuls ces quinze derniers mois. Ils se sont sentis souvent méprisés aussi et donc je crois que c'est un hommage qui est rendu à tous ces gens qui n'ont pas lâché, qui ont continué d'y croire.

Depuis 15 mois, vous avez multiplié les actions, les prises de parole, pour créer des ponts entre Palestiniens et Israéliens. Ils parviennent à se comprendre ? À comprendre la douleur de l'autre ?

Ils parviennent à comprendre la douleur de l'autre presque mieux que nous, qui parfois, à l'abri derrière nos écrans, soufflons sur les braises et jouons à cette surenchère de la haine. Il y a des gens, notamment parmi les militants avec lesquels on travaille, qui ont perdu des êtres chers. Je pense à Yonatan Zeigen, qui a perdu sa mère assassinée par le Hamas le 7 octobre, et à Ahmed Helou, qui a perdu 60 membres de sa famille à Gaza, notamment dans les bombardements proches de l'hôpital Al-Shifa. Et ils se parlent. Donc il y a comme ça, au milieu de ce chaos, de cette espèce d'interminable nuit qu'on vit depuis quinze mois, des éclats de lumière qui continuent de résister. Et nous, on a décidé de relayer ces voix, de les porter. Elles sont beaucoup plus nombreuses qu'on ne le croit.

Depuis dimanche, une trêve a été instaurée. On a vu de chaque côté, des provocations : le Hamas qui défile à Gaza, armes à la main dans des pick-up flambant neufs, le crime des colons israéliens qui brûlent des maisons palestiniennes en Cisjordanie... Est-ce que vous craignez que ces actions fragilisent l'accord ?

Eux n'ont pas intérêt à ce que la guerre se termine, c'est à cause d'eux que nous en sommes là. Le chemin va être long.

On est assez nombreux, que ce soit dans notre pays ou partout dans le monde, à étouffer de ce climat qu'on vit depuis quinze mois.

Hanna Assouline

à franceinfo

Non seulement cette abominable guerre nous meurtrit et nous déchire chaque jour un peu plus, mais aussi la teneur des débats, la manière dont on est chacun assigné à être les uns contre les autres, à devoir prendre des positions radicales antagoniques, à avoir une absence totale de possibilité de nuance, de compréhension mutuelle. Puis il y a ces images à la fois déchirantes et joyeuses, de tous ces enfants qui ont célébré cette trêve à Gaza, et ces images apocalyptiques de la bande de Gaza qu'on voit depuis plusieurs jours, ces déplacés gazaouis qu'on voit revenir leurs sacs à la main. Il y a un peu une explosion de sentiments pour chacun d'entre nous, un mélange de joie et aussi de beaucoup de douleur. Il faut espérer que cette trêve aille au bout, qu'elle aboutisse à un cessez-le-feu permanent, à la libération de tous les otages et qu'on puisse entrevoir ensuite un avenir de paix durable dans la région.

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