: Témoignage "J'ai vu des copains exploser en mille morceaux" : de retour de Gaza, ce soldat alerte qu'Israël va doubler le nombre de réservistes engagés

Une nouvelle étape dans la bataille de Gaza ? À partir de mardi 2 septembre, 60 000 réservistes israéliens vont recevoir leur ordre de mobilisation et rejoindre 70 000 autres soldats déjà engagés dans la guerre menée contre le Hamas. L'immense majorité de ces réservistes n'ira pas à Gaza. Ces soldats remplaceront, dans les prochaines semaines, des conscrits positionnés dans des zones moins dangereuses, comme la Cisjordanie occupée, la Syrie et le Liban. Ce sont donc les appelés, ceux qui font leur service militaire, qui partiront, eux, se battre dans l'enclave palestinienne.

Ces nouveaux appelés se préparent à vivre des affrontements au corps-à-corps et des embuscades sur un terrain piégeux alors qu'un malaise grandit dans le pays avec de plus en plus de gueules cassées, de soldats blessés et traumatisés, comme Israël Hayat, récemment sorti de Gaza.

"J'ai perdu 23 amis, 23 frères"

Le militaire, malade, est libéré de ses obligations. Et l'armée israélienne ne maîtrise plus sa communication. Il y a encore sept mois, il était infirmier dans le prestigieux 13ᵉ bataillon de la brigade Golani.

"J'ai participé à beaucoup de combats, raconte l'ancien soldat, j'ai vu des copains exploser en mille morceaux. Certains sont morts dans mes bras alors que j'essayais de les réanimer. J'ai entendu leurs derniers mots que j'ai ensuite transmis à leurs parents. Ce sont des moments très difficiles. J'ai perdu 23 amis, 23 frères."

"Le châle de prière que j'ai là c'est celui d'un de mes camarades morts à Gaza. Je le porte une fois par semaine pour honorer sa mémoire."

Israël Hayat, ancien soldat revenu de Gaza

à franceinfo

Israël Hayat et d'autres soldats se réunissent à Jérusalem, devant la Knesset, le Parlement israélien, pour réclamer une meilleure prise en compte de leur situation. "Chaque soldat que vous voyez ici est un cadavre ambulant, assure-t-il. Là, en ce moment, mon corps est avec vous. Je vous parle, mais en réalité, mon esprit est à Gaza. Je me couche en pensant à Gaza. Je me lève en pensant à Gaza. Je vis avec Gaza. J'ai des montées soudaines de violence, un écran noir descend devant mes yeux, je ne vois plus rien. Je peux tout casser chez moi, j'écrase des cigarettes sur mes avant-bras, je me scarifie et quand je me réveille, je ne me rappelle de rien."

Depuis le début de la guerre, plus de 450 soldats sont morts à Gaza et 59 se sont suicidés.

L'armée israélienne se met en ordre de bataille

L'état-major préfère aller au combat avec des jeunes recrues, tout juste majeures, et qui n'ont de toute façon pas le choix, plutôt qu'avec des réservistes, plus âgés, plus critiques aussi et qui, pour certains, vont abandonner, pour la cinquième fois en moins de deux ans, leur famille et leur travail.

Néanmoins, cette montée en puissance de l'armée israélienne ne sera sans doute pas suffisante pour occuper la ville car, sur le terrain, l'armée patine. Les combats font rage en ce moment dans le quartier de Zeitoun, près du centre de la ville de Gaza. C'est la septième fois que l'armée israélienne revient dans cette zone, sans pour autant réussir à chasser les miliciens du Hamas.

La bataille de la ville de Gaza serait, elle, la deuxième dans le grand centre urbain du nord de l'enclave palestinienne. La première fois, c'était à la fin de l'année 2023, 122 soldats sont morts pendant cette offensive, soit plus d'un quart du nombre total de militaires tués à Gaza en 20 mois.