Reportage "Je ne peux pas vous dire à quel point ça a été dur" : près de Ramallah, les larmes de joie des prisonniers palestiniens libérés par Israël

Dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, 90 prisonniers palestiniens ont été libérés par les autorités israéliennes, quelques heures après la libération de trois otages par le Hamas. Une foule immense les a accueillis à Beytuna, près de Ramallah.

Article rédigé par Benjamin Thuau, Farida Nouar
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Parmi les 90 prisonniers palestiniens libérés, il y avait de nombreuses femmes, qui ont chaleureusement accueillies par leurs familles. (BENJAMIN THUAU / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Parmi les 90 prisonniers palestiniens libérés, il y avait de nombreuses femmes, qui ont chaleureusement accueillies par leurs familles. (BENJAMIN THUAU / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Des scènes de liesse à Ramallah. Israël a relâché, lundi 20 janvier dans la nuit, 90 détenus palestiniens quelques heures après que trois otages israéliennes ont été libérées par le Hamas, dans le cadre du cessez-le-feu entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza dévastée par plus de 15 mois de guerre.  

Après la libération de l'Israélo-britannique Emily Damari (28 ans) et de l'Israélo-roumaine Doron Steinbrecher (31), capturées au kibboutz Kfar Aza, ainsi que de Romi Gonen (24), enlevée au festival de musique Nova, lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 en Israël qui a déclenché la guerre à Gaza, ces dizaines de prisonniers palestiniens, présentés comme "90 terroristes" par l'Autorité pénitentiaire israélienne ont été libérés de la prison militaire d'Ofer, en Cisjordanie occupée, et d'un centre de détention à Jérusalem. 

"On a été agressées, oppressées..."

Rapidement, des centaines de personnes ont accueilli le passage des bus transportant les prisonniers sur une route de Beitunia menant à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne, en brandissant des drapeaux palestiniens et d'autres de divers mouvements politiques palestiniens, notamment celui du Hamas. Au cœur de la nuit, vers 2h du matin, klaxons, cris de joie et coups de feu résonnent dans cette zone de Cisjordanie quand les bus arrivent. Ils fendent difficilement la foule immense, avant de s'arrêter pour laisser descendre ceux qui ne sont désormais plus des prisonniers. 

Les bus transportant les prisonniers palestiniens libérés par Israël ont été accueillis par une foule immense à Betunya, près de Ramallah. (BENJAMIN THUAU / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Les bus transportant les prisonniers palestiniens libérés par Israël ont été accueillis par une foule immense à Betunya, près de Ramallah. (BENJAMIN THUAU / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Jenine serre sa mère dans ses bras, quelqu'un lui dépose une couronne de fleurs sur la tête. "Je ne peux pas dire ce que je ressens. On est très heureux, mais pas totalement à cause des martyrs de Gaza", glisse la jeune fille, qui porte encore l'uniforme gris des détenus. Elle a passé 14 mois en prison. "On a été agressées, oppressées... C'était difficile. Ils nous lançaient des gaz lacrymogènes dessus", raconte-t-elle, avant de plonger dans les bras de sa tante. "Ma chérie, ma chérie...", répète cette femme, qui vient de la retrouver, la rassurant : "C'est bon, c'est fini !"

"Nous sommes de retour !"

Yasmine, elle, tient le bras de sa mère. Avant de retrouver la liberté, l'attente a été interminable, confie-t-elle. "Ils ont tout vérifié, nos vêtements, tout. Et ça a pris beaucoup de temps parce qu'on a changé de nombreuses fois de véhicules", précise la jeune femme. 

Bouchra al-Tawil, une activiste palestinienne, fait aussi partie des détenus libérés. Elle lance un message à la foule : "Toutes les femmes ont été agressées, brutalement. Je ne peux pas vous dire à quel point ça a été dur. Mon père est encore en prison. Je souhaite que tous les prisonniers palestiniens soient libérés. Malgré toute la tristesse et la souffrance à Gaza, nous sommes heureux aujourd'hui, nous sommes croyants, nous avons beaucoup de patience. Et Dieu merci, nous sommes de retour !"

Le reportage à Beytuna, près de Ramallah de Farida Nouar et Benjamin Thuau

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