Reconnaissance par la France de l’État de Palestine : "Une manière de sortir de ce que beaucoup voient comme une hypocrisie", selon le diplomate Gérard Araud

Le diplomate revient sur France Inter sur l'annonce d'Emmanuel Macron de reconnaître l'État de Palestine en septembre prochain.

franceinfo

Radio France

Publié le 25/07/2025 11:00

Temps de lecture : 2min

Gérard Araud, diplomate français, lors d'un discours d'Emmanuel Macron au congrès américain, à Washington, le 15 avril 2018. (ERIN SCHAFF / MAXPPP)

"Ce geste de la France est une manière de sortir de ce que beaucoup voient comme une hypocrisie", indique vendredi 25 juillet sur France Inter, Gérard Araud, diplomate français et ancien ambassadeur de France aux États-Unis après l'annonce d'Emmanuel Macron, jeudi soir, sur le fait que la France allait reconnaître l’État de Palestine.

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"Tous les jours, lorsqu’un missile tombe sur Kharkiv ou sur Kiev en Ukraine, nous poussons des hauts cris et nous avons raison. Mais de l’autre côté, vous avez la bande de Gaza qui a été quasiment rasée et il faut bien le dire, dans un silence assourdissant des puissances occidentales. Il est aussi question de notre crédibilité, comment pouvons-nous parler de droits de l’homme, de droit international, alors que nous pratiquons le deux poids deux mesures au profit d’Israël ?", soutient Gérard Araud.

"Il y a une tragédie donc je comprends que ce sentiment d’urgence ait pu pousser le président de la République à aller de l’avant seul."

Gérard Araud
à franceinfo

"Cette décision du président de la République n’est pas intellectuelle, conceptuelle, estime le diplomate français. Il y a aussi le sentiment de l’urgence. Vous avez cette famine à Gaza qui est reconnue maintenant, même par la presse israélienne. Il y a également ce qui arrive en Cisjordanie, cette violence quotidienne, sans contrôle, des côlons contre la population palestinienne. Et cette absence totale de perspective politique. On espère par exemple que le Royaume-Uni nous imitera, mais là, la France a décidé qu’elle ne pouvait plus attendre".

"Il y a aussi, dans cette reconnaissance, presque un acte de désespoir. La situation devient une telle tragédie, avec un gouvernement israélien qui n’écoute personne, avec les États-Unis qui dans les faits soutiennent totalement Israël. On voit bien que les Palestiniens sont désespérément seuls aujourd’hui face à la tragédie", continue Gérard Araud.

"Eux-mêmes sont divisés entre une autorité palestinienne inefficace et corrompue et un groupe terroriste. Nous sommes donc dans une impasse qui atteint, en termes humanitaires, le niveau d’une tragédie absolue. La voix de la France est un peu la voix dans le désert. C’est un cri d’alerte aux autres pays occidentaux : si vous voulez conserver la moindre crédibilité, il faut agir. Et il n’est pas sûr que la France soit entendue", précise le diplomate.