On vous explique la polémique autour de Raphaël Enthoven, déprogrammé puis réintégré dans un festival littéraire après ses messages sur Gaza
Plusieurs de ses posts sur le réseau social X à propos de la guerre à Gaza ont poussé la mairie de Besançon à annuler sa venue à Livres dans la boucle. Il sera finalement présent avec une sécurisation "adaptée".
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Finalement, l'invitation tient toujours. Un temps déprogrammé du festival littéraire Livres dans la boucle, le philosophe et essayiste Raphaël Enthoven a été réinvité par l'agglomération de Besançon (Doubs), organisatrice de l'événement, lundi 8 septembre. Rien à voir avec son livre, L'Albatros, sorti fin août, pour la rentrée littéraire, dans lequel il raconte ses rapports avec sa mère. Des messages qu'il a publiés sur le réseau social X à propos de la guerre à Gaza, datant du 15 août, expliquent cette controverse que franceinfo récapitule.
Des posts de Raphaël Enthoven sur Gaza font polémique
Au milieu de l'été, l'essayiste a vivement réagi à la couverture médiatique de la guerre à Gaza, en estimant sur le réseau social X qu'il n'y avait "AUCUN journaliste" dans l'enclave palestinienne, "uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d'otages avec une carte de presse".
Le lendemain, celui qui est aussi éditorialiste pour l'hebdomadaire Franc-Tireur évoquait sur le même réseau social des "dizaines d'exemples avérés de faux journalistes qui sont en réalité des combattants du Hamas". "Combien d'exemples a-t-on de journalistes libres de travailler à Gaza qui ne soient liés ni de près ni de loin à l'organisation terroriste ?" Le 17 août, il se faisait l'écho de menaces de mort reçues après sa prise de position : "Je persiste. A mon sens, il n'y a aucun journaliste à Gaza, car je refuse la qualité de journaliste à quiconque travaille pour une organisation terroriste." Deux semaines plus tard, l'ONG Reporters sans frontières, appuyée par de nombreux médias et des sociétés de journalistes, dénonçait cependant le carnage au sein de la profession dans la bande de Gaza.
Des responsables politiques locaux s'émeuvent de sa venue
Début septembre, des élus communistes de l'équipe municipale de Besançon s'émeuvent de l'invitation de Raphaël Enthoven au salon Livres dans la boucle, organisé du 19 au 21 septembre. Le PCF local s'insurge contre le "caractère intolérable de ses propos" qui "donnent tout simplement carte blanche à l'armée israélienne pour assassiner sans honte ceux qui voudraient informer et dénoncer ses forfaits". Le 4 septembre, la métropole du Grand Besançon, qui est aussi l'organisatrice de l'événement, annonce avoir demandé la déprogrammation de l'essayiste. "[S]es récentes déclarations polémiques sont de nature à remettre en cause la sérénité du déroulement du festival", justifient les élus auprès de France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
Si la section locale de La France insoumise salue l'annulation de la venue de Raphaël Enthoven, si le collectif Palestine de Besançon se réjouit car "sa présence aurait été une caution morale inacceptable", de l'autre côté du spectre politique, on crie à la censure "orchestrée et manipulée par cette frange de l'extrême gauche qui appartient aujourd'hui à la majorité à la mairie", déclare l'élu LR Ludovic Fagaut. "L'extrême gauche sectaire aux affaires impose sa vision", renchérit le candidat RN aux municipales Jacques Ricciardetti, cité dans L'Est républicain, dénonçant une "censure idéologique".
Le monde littéraire se mobilise derrière l'essayiste
L'essayiste riposte vendredi 5 septembre, dans un post où il cible nommément la maire de Besançon, Anne Vignot, qui dirige également la métropole. "Avez-vous le sentiment d'avoir contribué au rayonnement de Besançon en marquant votre ville du sceau de la censure ? Ou d'avoir augmenté la liberté collective en faisant pression sur les organisateurs d'un salon du livre pour qu'ils m'annulent ?" Un cri contre le "délit d'opinion", qui trouve un écho auprès de nombreux auteurs invités au salon.
L'auteur de thrillers Jacques Expert a ainsi décidé de claquer la porte, suivi par la maison d'édition P.O.L. qui publie les livres d'Emmanuel Carrère : "Nous ne pouvons pas cautionner une mairie qui censure un auteur invité. Dialoguer vaut mieux qu'interdire. Nous n'irons donc pas à Besançon." Sur France Inter, Anne Goscinny, qui devait animer une dictée, lie sa venue à la réintégration de l'essayiste : "Tant que Raphaël Enthoven n'est pas réintégré dans la négociation, je n'irai pas."
La maire de Besançon rétropédale sous la pression
C'est par communiqué que Raphaël Enthoven a été réintégré à la programmation du festival, lundi. "Mon enjeu aujourd'hui est le maintien de Livres dans la boucle dans de bonnes conditions", écrit la maire de Besançon et présidente de la métropole, Anne Vignot. "La sécurisation sera adaptée", poursuit l'édile, qui avait justifié la mise à l'écart de l'essayiste pour des raisons liées à l'ordre public. "Aujourd'hui, le monde littéraire traduit cela comme de la censure, ce qui n’a jamais été mon intention et ne le sera jamais", assure-t-elle.
Moins d'une heure après l'annonce, Raphaël Enthoven a annoncé qu'il se rendrait bien à Besançon. "Il va de soi que je me rendrai à son invitation chaleureuse, et que j'aurai le plaisir de parler LITTERATURE avec les Bisontins", ironise l'essayiste après un long avant-propos dans lequel il fustige les atermoiements des politiques locaux.
David Foenkinos, président d'honneur, avait lié sa venue à celle d'Enthoven. Dans L'Est républicain, il annonce sa présence et veut croire que le dossier est clos.
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