Cessez-le-feu à Gaza : l'alliance israélo-américaine a-t-elle du plomb dans l'aile ?
Israël dénonce l'abstention de son allié américain lors de l'adoption d'une résolution de l'ONU pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Les États-Unis jouent, eux, la carte de l'apaisement.
Pour la première fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, lundi 25 mars, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté par 14 voix pour et une abstention - celle des Etats-Unis - une résolution appelant à un "cessez-le-feu" immédiat à Gaza. Allié historique d'Israël, Washington s'était jusque-là opposé au terme "cessez-le-feu" dans les résolutions de l'ONU, bloquant trois textes en ce sens.
La résolution "exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan" - qui a déjà commencé il y a deux semaines -, devant "mener à un cessez-le-feu durable", et "exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".
Coté israélien, une colère calculée ?
Salué par une majorité de pays, ce vote a provoqué la colère du Premier ministre Benyamin Nétanyahou, qui a immédiatement réagi en affirmant que "l'abstention américaine nuisait à l’effort de guerre et à la libération des otages". Preuve de la dégradation des relations entre les États-Unis et Israël, Benyamin Nétanyahou a aussi annulé la venue d’une délégation israélienne aux Etats-Unis pour discuter des conditions de poursuite de la guerre.
Or, le gouvernement Nétanyahou était pourtant informé, selon plusieurs diplomates, de la volonté des États-Unis de ne pas opposer de véto au projet de résolution pour un cessez-le-feu à Gaza. Il n’y aurait donc pas eu de surprise, mais une réaction forte, calculée qui répondrait à des considérations de politique intérieure. Dès la semaine dernière, Benyamin Nétanyahou avait appelé ses députés à rester soudés contre Joe Biden et sa volonté de freiner l’offensive israélienne sur Rafah.
La question est désormais de savoir combien de temps le Premier ministre va pouvoir brandir l’épouvantail américain pour maintenir l’unité de sa coalition, au risque de perdre une alliance indispensable à la sécurité du territoire israélien.
Côté américain, étonnement et apaisement
De leur côté, les États-Unis jouent la carte de l’apaisement. Ils ont fait savoir, par une communication du département d’Etat, qu’Israël respectait le droit international que ce soit dans sa conduite de la guerre ou la livraison d’aide humanitaire. Et la Maison blanche a assuré que l’abstention américaine n’était pas un changement de cap.
Officiellement, il n'y a donc pas de coup de froid entre les deux pays. Mais le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, le reconnaît : la réaction israélienne à l'abstention américaine a déçu la Maison-Blanche. "Nous sommes un peu surpris. Il semble que les services du Premier ministre cherchent à créer l'impression d'une divergence, alors que ce n'est pas nécessaire", dit-il. Et il affirme que le soutien américain n'a pas varié depuis l'attaque du Hamas.
"Pas de changement dans notre politique : nous avons été clairs dans notre soutien à un cessez-le- feu dans le cadre d'un accord sur les otages."
John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationalelors d'une conférence de presse
Reste que, depuis des semaines, l'équipe de Joe Biden prend clairement ses distances vis-à-vis de la politique du gouvernement de Benymain Nétanyahou, avec un nouvel avertissement concernant une offensive à Rafah.
Mais les liens restent forts, assure le porte-parole du Conseil de sécurité nationale : "Nous entretenons toujours des relations très étroites avec nos partenaires israéliens et avec le gouvernement en place. Ça ne veut pas dire que nous serons d'accord sur tout. Et, mon Dieu, nous ne le sommes pas. Mais ça arrive entre amis. Vous n'êtes pas d'accord ? Vous discutez. Israël reste un allié proche et un ami." La meilleure preuve, conclut John Kirby, c'est que le ministre israélien de la Défense est dans la capitale américaine pour discuter du soutien militaire à Israël.
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