On vous explique ce qu'est le projet polémique de colonie israélienne E1, qui prévoit de couper la Cisjordanie en deux
La construction de plusieurs milliers de logements illégaux va créer une ligne contiguë de colonies juives, depuis le centre du territoire occupé jusqu'à Jérusalem. L'Europe comme l'ONU dénoncent ce plan vanté par l'extrême droite israélienne.
La Cisjordanie risque bientôt d'être coupée en deux. Israël a définitivement approuvé, mercredi 20 août, un projet clé de construction de plus de 3 400 logements à travers ce territoire occupé, comme l'ont rapporté l'AFP et plusieurs médias israéliens. Le feu vert final à ce plan baptisé "E1" a été donné par le Comité supérieur de planification de l’administration civile, l'organe du ministère de la Défense israélien responsable de la planification et de l’aménagement du territoire en Cisjordanie.
L'accord a été confirmé par Bezalel Smotrich, ministre des Finances, qui l'a qualifié mercredi d'"historique", rapporte le média Times of Israël. "L'Etat palestinien est en train d'être effacé, non pas par des slogans, mais par des actions", a également affirmé ce ministre issu de l'extrême droite israélienne, dans des propos cités par Haaretz. "Je suis heureux d'annoncer que l'administration civile a approuvé la planification pour la construction du quartier E1 !", s'est aussi félicité, plus tôt mercredi, le maire de la colonie israélienne de Maalé Adoumim.
Mi-août, Bezalel Smotrich, fervent partisan de la colonisation en Cisjordanie, avait appelé à accélérer ce plan de construction de plusieurs milliers de logements et à annexer le territoire occupé par l'Etat hébreu. "Cela ancre la division de la Cisjordanie occupée en zones et cantons isolés (...) au milieu de la terreur des milices de colons armés disséminées dans toute la Cisjordanie", a dénoncé mercredi l'Autorité palestinienne, qui anticipe "une véritable prison" pour les Palestiniens. Franceinfo vous en dit plus sur ce plan qui suscite de vives critiques à travers le monde.
Un programme de construction de plus de 3 400 logements à l'est de Jérusalem
Le projet de colonisation en question est baptisé "E1", en référence au nom de la zone dans laquelle il se situe. Il vise à construire "un total de 3 412 logements" sur "une zone de 12 kilomètres carrés (...) annexée à la municipalité de Maalé Adoumim" à une dizaine de kilomètres à l'est de Jérusalem, détaille le quotidien israélien Haaretz.
La construction de ces logements doit créer une ligne contiguë de colonies juives, depuis le centre de la Cisjordanie jusqu'à Jérusalem, et couper ainsi le territoire en deux, entre le Nord et le Sud. Les détracteurs de ce projet craignent donc qu'il empêche définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien disposant d'une continuité territoriale. Aujourd'hui, environ trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés de près de 500 000 Israéliens installés dans des colonies, illégales au regard du droit international.
Le projet approuvé mercredi par le Comité supérieur de planification de l’administration civile israélienne, un organe du ministère de la Défense dédié à l'aménagement du territoire en Cisjordanie, pourrait désormais "être mis en place d'ici quelques mois avec des constructions dans un an environ", a assuré à l'AFP l'ONG israélienne anticolonisation La Paix maintenant.
Une réponse à la reconnaissance potentielle d'un Etat palestinien
Le projet de construction d'une colonie israélienne dans la zone E1 n'est pas nouveau. Lancé au début des années 1990, il a régulièrement été remis à plus tard en raison des pressions des alliés occidentaux d'Israël, rappelait en 2023 The Times of Israël. Benyamin Nétanyahou avait déjà voulu relancer le projet en 2012.
Bezalel Smotrich, ministre des Finances également chargé du développement des colonies, l'a remis sur la table mi-août en appelant le Premier ministre à annexer la Cisjordanie. Une volonté réaffirmée alors que plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni ou le Canada, ont annoncé envisager de reconnaître un Etat palestinien, à l'occasion de la prochaine Assemblée générale de l'ONU, en septembre.
"Ceux qui veulent aujourd'hui reconnaître un Etat palestinien recevront une réponse de notre part sur le terrain (...) Par des faits concrets : des maisons, des quartiers, des routes et des familles juives qui construisent leur vie", avait déclaré Bezalel Smotrich mi-août, lors d'une visite à Maalé Adoumim.
"Si vous reconnaissez un Etat palestinien en septembre, notre réponse sera l'application de la souveraineté israélienne sur toutes les parties de Judée-Samarie [le nom biblique de la Cisjordanie]."
Bezalel Smotrich, ministre des Finances israélienlors d'une visite à Maalé Adoumim
Si elles se confirment, ces décisions diplomatiques n'auront que peu d'effets immédiats, en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens. Ces derniers ambitionnent de l'établir sur les territoires de Cisjordanie et de Gaza avec comme capitale Jérusalem-Est, partie de la ville annexée illégalement par Israël.
Un projet qui suscite une large condamnation de la communauté internationale
Le projet israélien avait été largement dénoncé ces derniers jours. L'Autorité palestinienne, basée à Ramallah, l'avait déjà "fermement" condamné. Elle avait appelé à "une intervention internationale et des sanctions pour arrêter sa mise en œuvre", estimant que "la construction dans la zone 'E1' est une continuation des plans d'occupation visant à anéantir toute possibilité d'établir l'Etat palestinien".
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait averti que ce projet "mettrait fin aux perspectives d'une solution à deux Etats" et "couperait le nord du sud de la Cisjordanie". La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, s'était également montrée très critique, rappelant que le plan "constitue une violation du droit international".
A Berlin, soutien historique d'Israël, le ministère des Affaires étrangères avait dit aussi s'opposer "fermement" à cette nouvelle colonie. La France, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, allait dans le même sens, jugeant que "ce projet ne doit pas voir le jour".
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