Que sait-on de la situation des otages israéliens à Gaza, après la mise en scène macabre de deux d'entre eux dans des vidéos du Hamas ?

Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 49 restent retenues dans l'enclave, selon un décompte de l'AFP. Parmi elles, 27 sont présumées mortes par les autorités israéliennes.

Article rédigé par Chloé Ferreux, franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 7min
Des familles d'Israéliens retenus en otage dans la bande de Gaza depuis octobre 2023 manifestent à Tel-Aviv, le 2 août 2025. (JACK GUEZ / AFP)
Des familles d'Israéliens retenus en otage dans la bande de Gaza depuis octobre 2023 manifestent à Tel-Aviv, le 2 août 2025. (JACK GUEZ / AFP)

Alors que la guerre se poursuit dans la bande de Gaza, deux vidéos, diffusées vendredi 1er août, ont soulevé l'indignation sur la condition de détention des otages israéliens dans l'enclave. Dans ces extraits de propagande du Hamas et du Jihad islamique palestinien, les groupes islamistes montrent Evyatar David, 24 ans, et Rom Braslavski, 21 ans, dans un état de détresse physique et psychologique extrême. Tous deux avaient été enlevés le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du festival de musique Nova.

Dans la première séquence, dévoilée jeudi, Rom Braslavski apparaît en pleurs, affirmant qu'il n'a plus de nourriture ni d'eau et qu'il est incapable de tenir debout. Il déclare se sentir "aux portes de la mort". Une seconde vidéo diffusée vendredi montre Evyatar David, torse nu, visiblement affaibli, les côtes saillantes. Il creuse, pelle à la main, ce qu'il dit être sa propre tombe dans un tunnel de la bande de Gaza. "Nous sommes le 27 juillet, il est 12 heures et je ne sais pas ce que je vais manger. Cela fait plusieurs jours que je n'ai pas mangé", déclare-t-il d'une voix faible et traînante. Avant d'ajouter, semble-t-il à l'adresse des dirigeants israéliens : "Le temps presse. Vous êtes les seuls à pouvoir mettre fin à cette situation".

Encore 49 personnes retenues à Gaza

Les deux hommes, de nationalité israélienne et israélo-allemande, font partie des 49 otages toujours retenus à Gaza, sur les 251 enlevés le 7 octobre 2023, selon un décompte de l'AFP. Parmi eux, 27 sont présumés morts, selon les autorités israéliennes, rapporte l'agence de presse. Depuis les attaques qui avaient fait environ 1 200 victimes, deux trêves temporaires ont permis la libération de 105 personnes, principalement des femmes, des enfants et des ressortissants étrangers, en novembre 2023. Entre le 19 janvier et le 17 mars 2025, 33 Israéliens supplémentaires, dont huit morts, ont été restitués. A chaque fois, ces libérations s'opéraient dans le cadre d'échanges avec des Palestiniens détenus en Israël. D'autres personnes ont aussi été secourues lors d'opérations militaires israéliennes

Très peu d'informations filtrent sur l'état de santé des otages toujours aux mains du Hamas, dans la bande de Gaza. Dans un communiqué partagé sur le réseau X, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est dit "consterné" après la diffusion des images d'Evyatar David et de Rom Braslavski. L'organisation y voit ainsi une "preuve évidente des conditions de détention mettant en danger la vie des otages", et a appelé à leur libération, ou à défaut à pouvoir leur rendre visite "afin d’évaluer leur état de santé, leur fournir une assistance médicale et faciliter le contact avec leurs familles."

Des otages "affamés à des fins de propagande"

La divulgation des vidéos intervient alors que la situation humanitaire s'aggrave à Gaza. "Le pire scénario de famine est en train de se produire", a notamment alerté l'ONU, mardi. La famille d'Evyatar David accuse ainsi le Hamas de l'avoir "affamé à des fins de propagande". Pour Izzat al-Rishq, membre du bureau politique du mouvement, ces images constituent toutefois "la réponse définitive à ceux qui nient l'existence de la famine à Gaza", rapporte CNN.

"Ils ne recevront aucun privilège particulier au milieu du crime de famine et de siège", a soutenu de son côté Abu Obeida, porte-parole des brigades al-Qassam, la branche militaire du Hamas, dans une déclaration rapportée par le média américain. Il a ajouté que toute intervention du CICR serait "accueillie positivement", à condition que des couloirs humanitaires soient ouverts régulièrement et que les frappes cessent pendant les livraisons d'aide.

"Nous sommes contraints d'assister à la vision de notre fils et frère bien-aimé, Evyatar David, affamé délibérément et cyniquement dans les tunnels du Hamas à Gaza – un squelette vivant, enterré vivant", a déclaré sa famille dans un communiqué, estimant que leur "fils n'a plus que quelques jours à vivre dans son état actuel". "Nos frères se transforment en ce moment même en peau et en os", a ajouté Einav Zangauker, mère d'un autre otage, lors d'un rassemblement à Tel-Aviv organisé samedi, dans des propos relayés par The New York Times.

Des tentatives de médiation qui stagnent

Malgré la détérioration de l'état de santé du peuple gazaoui et des otages israéliens, les pourparlers entre Israël et le Hamas sont au point mort. L'envoyé spécial du président américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, avait notamment reproché le 24 juillet au Hamas une mauvaise coordination et un "manque de volonté de parvenir à un cessez-le-feu". Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a quant à lui jugé, dimanche, que les vidéos diffusées par le Hamas visaient à "briser" les Israéliens "avec une propagande d'horreur". "Quand je vois cela, je comprends exactement ce que veut le Hamas. Ils ne veulent pas d'un accord", a-t-il ajouté.

"Cette semaine, je convoquerai le cabinet pour donner des instructions à Tsahal sur la manière d'atteindre les trois objectifs de guerre que nous avons fixés (…) : vaincre l’ennemi, libérer nos otages et garantir que Gaza ne constitue plus une menace pour Israël", a déclaré Benyamin Nétanyahou au début d'un Conseil des ministres, lundi. 

La veille, le Forum des familles de disparus et otages à Gaza avait dénoncé "une intensification des combats à Gaza, qui met la vie des otages encore plus en danger", dans un communiqué partagé sur X. "Nous avons tout essayé, pression militaire, déplacements de population, blocus alimentaire, conquête de territoires, élimination de commandants du Hamas, mais rien de tout cela n'a permis de ramener tous les otages", déplore la mère d'un détenu dans les colonnes du New York Times. 

Afin de mettre fin à la guerre et ramener "les otages chez eux", près de 600 anciens responsables de l'appareil sécuritaire en Israël, du Mossad et du Shin Bet, ont quant à eux appelé dans une lettre diffusée lundi le président américain Donald Trump à faire pression sur Benyamin Nétanyahou.

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