"Famine de masse" à Gaza : Médecins du monde dénonce un siège "terrifiant" et appelle à "inonder le territoire" d'aide humanitaire

Plus de 100 ONG ont mis en garde, mercredi, contre la propagation d'une "famine de masse" dans la bande de Gaza.

Article rédigé par franceinfo
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Des Palestiniens après avoir reçu de l'aide humanitaire dans un centre de distribution situé dans le nord de la bande de Gaza, le 22 juillet 2025. (OMAR AL-QATTAA / AFP)
Des Palestiniens après avoir reçu de l'aide humanitaire dans un centre de distribution situé dans le nord de la bande de Gaza, le 22 juillet 2025. (OMAR AL-QATTAA / AFP)

"C'est absolument terrifiant", témoigne mercredi 23 juillet sur franceinfo Jean-François Corty, président de Médecins du monde et appelle à "inonder le territoire" de Gaza d'aide humanitaire alors que plus d'une centaine d'organisations humanitaires avertissent qu'une "famine de masse" se propage dans l'enclave palestinienne dévastée par la guerre.

"Nos collègues et les personnes que nous aidons dépérissent", expliquent dans un communiqué les ONG, dont Médecins sans frontières, plusieurs branches de Médecins du monde et Caritas, Amnesty International, ou encore Oxfam. Les ONG appellent à un cessez-le-feu immédiat, l'ouverture de tous les points de passage terrestres et la libre circulation de l'aide humanitaire.

"La situation est terrifiante, ces deux millions de personnes véritablement qui sont à l'agonie par défaut de nourriture, d'eau, de soins", explique François Corty. Mais les humanitaires sont également touchés. "En plus de cette famine qui se répand à vitesse grand V, les acteurs humanitaires aussi - ils sont des milliers - souffrent de la faim, de la soif et l'on est terrifié à l'idée d'imaginer leur sort dans les semaines qui viennent", ajoute le président de Médecins du monde. "Ces acteurs-là qui amènent une once d'humanité dans cette horreur, sont en train de dépérir, sont à l'agonie. C'est absolument terrifiant", se désole Jean-François Corty.

"On est logiquement dans la conséquence d'un blocus assumé"

Après l'offensive terrestre par Israël à la suite de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, un blocus total imposé en mars par Israël à Gaza et très partiellement assoupli fin mai a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant. "On est logiquement dans la conséquence d'un blocus assumé, un siège, même, avec des mortalités d'enfants hallucinantes, avec des mortalités d'humanitaires". Jean-François Corty dénonce une stratégie assumée. "L'idée qui a été annoncée par les autorités israéliennes, c'est de faire une ville humanitaire sur Rafah où toutes les populations seraient concentrées", explique-t-il.

"On voit bien comment la raison humanitaire est instrumentalisée au service d'une déportation massive de populations."

Jean-François Corty, président de Médecins du monde

à franceinfo

Selon les ONG, près de 400 humanitaires ont été tués depuis le début de la guerre. Une mortalité qualifiée d’inédite pour un conflit contemporain selon le président de Médecins du monde : "Cette situation n'a jamais été vue en termes de brutalité sur les populations civiles et sur des humanitaires. Il faut absolument inverser cette tendance en inondant le territoire d'aide. C'est la seule possibilité d'éviter qu'il y ait des surmortalités."

Les États-Unis ont annoncé mardi que l'émissaire Steve Witkoff se rendrait en Europe pour discuter d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et entend finaliser la création d'un "corridor" d'aide à Gaza. "Les Américains sont encore dans une dynamique de communication. Ils ont déjà parlé d'un corridor maritime en 2024. Ils voulaient faire venir des bateaux depuis Chypre. Ça a été un fiasco opérationnel total. Aujourd'hui, c'est plus qu'un corridor, c'est ouvrir plusieurs points de passage sur toute la bande de Gaza pour inonder le territoire", plaide Jean-François Corty.

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