Ce que l'on sait des frappes israéliennes meurtrières sur l'hôpital Nasser à Gaza, qui ont tué 20 personnes dont cinq journalistes lundi
Deux frappes consécutives ont touché la même cage d'escalier de cet établissement de Khan Younès, dans le sud de l'enclave, tuant aussi des soignants. Face à l'indignation internationale, Benyamin Nétanyahou a dit regretter "un accident tragique".
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Des caméras ont tout filmé en direct, lundi 25 août : une cage d'escalier de l'hôpital Nasser de Khan Younès, endommagée par un bombardement, est touchée une deuxième fois, alors que des hommes s'activaient autour d'un corps et que d'autres tentaient de prendre des photos. Au total, 20 personnes ont été tuées lors de cette double frappe de l'armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza, a affirmé la défense civile, les secouristes de l'enclave dirigée par le Hamas. Parmi les victimes figurent des soignants et cinq journalistes. Face à l'indignation internationale et la violence des images, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a réagi, assurant regretter un "accident tragique". Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de cette attaque meurtrière.
Deux frappes en l'espace de quelques minutes
L'hôpital de Khan Younès, l'un des plus grands encore en activité dans la bande de Gaza, a été touché par deux frappes israéliennes au même endroit, une cage d'escaliers, en l'espace de huit minutes. D'après le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Bassal, le bâtiment a d'abord été visé par un drone explosif, puis, alors que des blessés étaient en cours d'évacuation, par un bombardement aérien. Au total, selon les secouristes, 20 personnes ont perdu la vie, dont cinq journalistes et des soignants, selon la défense civile.
Des images de l'AFP prises immédiatement après les frappes montrent de la fumée et des débris à l'extérieur de l'hôpital Nasser. Des Palestiniens se précipitent pour aider les victimes, transportant des corps ensanglantés dans l'établissement. Lors des funérailles, une foule a porté les corps de certains des journalistes tués, enveloppés dans des linceuls blancs, leurs dépouilles surmontées des gilets pare-balles les identifiant comme journalistes.
Israël plaide l'"accident" face à l'indignation internationale
Plusieurs pays dont l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France ont condamné ces frappes, lundi. "C’est intolérable : les civils et les journalistes doivent être protégés en toutes circonstances", a écrit Emmanuel Macron sur X. Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, a appelé le monde à agir, affirmant que les journalistes et les hôpitaux ne devraient jamais être pris pour cible. Philippe Lazzarini, chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a dénoncé de son côté "l'inaction du monde". "Je ne suis pas content. Je ne veux pas voir ça", a réagi le président américain Donald Trump lors d'une conférence de presse, cité par le magazine Time.
"Israël regrette profondément l'accident tragique survenu à l'hôpital Nasser", a déclaré Benyamin Nétanyahou dans un communiqué, en annonçant l'ouverture d'une enquête interne de l'armée sur ces frappes. "Notre guerre est contre les terroristes du Hamas. Nos objectifs légitimes sont de vaincre le Hamas et de ramener nos otages à la maison", a-t-il insisté.
Mardi soir, Tsahal a affirmé que ses forces avaient visé une caméra du Hamas. Il ressort d'une "enquête initiale" que des soldats ont "identifié une caméra placée par le Hamas dans la zone de l'hôpital Nasser, utilisée pour observer l'activité des troupes [israéliennes] afin de diriger des activités terroristes contre elles", écrit l'armée dans un communiqué ajoutant que les soldats "ont agi pour éliminer la menace en frappant et en démantelant la caméra".
Six "terroristes" ont été tués dans ces frappes, ajoute l'armée en publiant six noms ne correspondant à aucun de ceux des journalistes tués. Le chef d'état-major a ordonné que l'enquête se poursuive en mettant l'accent sur "plusieurs" points, notamment "le processus de décision sur le terrain" et "les armes utilisées pour la frappe", selon le communiqué militaire.
Dans une enquête en juillet, les médias d'investigation israéliens +972 et Local Call avaient accusé l'armée israélienne d'avoir régulièrement recours, dans la bande de Gaza, à des "doubles frappes", visant un même lieu une seconde fois malgré l'arrivée des secours et des médias. "Afin d'augmenter les chances de mort d'une cible, l'armée mène régulièrement des attaques supplémentaires dans la zone d'un bombardement initial, tuant parfois intentionnellement des ambulanciers et d'autres personnes participant aux opérations de secours", écrivait ainsi le journaliste Yuval Abraham. L'opération militaire israélienne à Gaza, lancée après les attaques du 7-Octobre en Israël, a fait au moins 62 744 morts, dont une majorité de civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.
Une nouvelle attaque qui touche des journalistes
"Les médias doivent pouvoir exercer leur mission de façon libre et indépendante pour couvrir la réalité du conflit", a également écrit Emmanuel Macron sur X lundi, soulignant la présence de journalistes parmi les victimes. Cinq ont été tués dans les frappes sur l'hôpital Nasser, selon la défense civile, dont trois travaillaient pour des médias internationaux : Mohammad Salama collaborait avec la chaîne qatarienne Al Jazeera, Mariam Daqqa avec l'agence américaine Associated Press et Hossam al-Masri avec l'agence britannique Reuters. Cette dernière, qui s'est dite "dévastée", a expliqué que son journaliste filmait un flux vidéo diffusé en direct quand il a été tué, et qu'un autre de ses collaborateurs sur place avait été blessé.
Al Jazeera a quant à elle accusé l'armée israélienne de vouloir "faire taire la vérité". Le 10 août, la chaîne avait déjà perdu plusieurs collaborateurs, dont son correspondant Anas al-Sharif, dans une frappe ciblée qui avait tué six journalistes. Un bombardement cette fois revendiqué par l'armée israélienne, qui avait accusé Anas al-Sharif d'avoir été membre du Hamas, ce que sa chaîne dément.
Le syndicat des journalistes palestiniens a identifié les deux autres journalistes tués lundi comme Moaz Abou Taha et Ahmad Abou Aziz, et a fait état d'un sixième journaliste tué ailleurs dans la région de Khan Younès.
Selon le Comité pour la protection des journalistes et Reporters sans frontières, environ 200 journalistes ont été tués dans la bande de Gaza en moins de deux ans de guerre. Alors que les reporters étrangers ne sont pas autorisés à entrer dans l'enclave, ce que RSF dénonce comme une "entrave au droit à l'information sur la guerre", les médias internationaux s'appuient sur le travail crucial des journalistes locaux pour suivre le conflit.
Un hôpital déjà visé à plusieurs reprises
L'hôpital Nasser a déjà été pris pour cible à plusieurs reprises depuis le début de l'offensive israélienne. En avril 2024, la défense civile avait affirmé avoir exhumé, après la fin d'un siège israélien sur l'hôpital, au moins 200 corps dans la cour intérieure de l'établissement. Si certains avaient été enterrés par les familles, ne pouvant pas accéder à un cimetière, selon la défense civile, le gouvernement du Hamas avait accusé l'armée israélienne d'avoir enfoui certaines dépouilles pour camoufler des exécutions.
En mars dernier, le bâtiment avait aussi subi une frappe au niveau de son bloc opératoire, tuant un responsable du Hamas et un adolescent de 16 ans, ce qui avait été dénoncé comme un crime de guerre par des spécialistes du droit international. Alors que les hôpitaux sont régulièrement ciblés par l'armée israélienne, plus de 1 500 soignants, dont de nombreux médecins, ont été tués depuis le début des frappes, selon un bilan publié par l'Office humanitaire des Nations unies à partir des données du ministère de la Santé du Hamas. Des pertes qui aggravent la situation humanitaire déjà critique dans la bande de Gaza, en partie frappée par la famine selon l'ONU.
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