Participants, interpellations, itinéraire… Ce que l'on sait de la "marche mondiale vers Gaza", qui doit partir vendredi matin d'Egypte
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Plusieurs milliers de personnes doivent marcher symboliquement jusqu'à l'enclave palestinienne, de vendredi à dimanche. A leur arrivée au Caire, plus de 200 participants ont été arrêtés, dont plusieurs Français.
L'arraisonnement du Madleen par les autorités israéliennes à quelques milles nautiques des côtes de Gaza ne les a pas découragés. Plusieurs milliers de personnes venues du monde entier vont à leur tour tenter d'atteindre l'enclave palestinienne, non pas par la mer cette fois, mais par la terre. Elles vont participer à une marche de 48 km entre El-Arish, en Egypte, et le poste-frontière de Rafah, situé au sud de l'enclave palestinienne. L'objectif est le même : exiger la fin du blocus humanitaire.
Profil des organisateurs, parcours, sécurité, nombre de nationalités, nombre de Français... Avant le grand départ prévu vendredi 13 juin, franceinfo vous résume ce que l'on sait de cette "marche mondiale vers Gaza", dont plus de 200 participants ont été arrêtés à leur arrivée au Caire, faute d'autorisations.
Des citoyens derrière cette initiative
L'idée de cette "marche mondiale vers Gaza" a germé à la fin du mois d'avril. "A l'époque, on s'est rendu compte que plusieurs pays travaillaient sur des initiatives humanitaires, chacun de son côté", raconte Samuel Crettenand, militant pacifiste suisse, mobilisé dès les premières heures. "On a convenu qu'il était plus utile et plus puissant de mettre en commun ces idées pour sortir un projet, celui d'une grande marche vers Gaza." Une date est rapidement fixée : ce sera pour la mi-juin. "A partir de là, chacun a activé son réseau, on a enchaîné les réunions, jour et nuit. On changeait les horaires des visios pour que tout le monde s'y retrouve avec les fuseaux horaires. Tantôt, il fallait arranger les pays asiatiques ; tantôt, les pays européens ; tantôt, les pays d'Amérique latine", décrit le délégué suisse.
Sur sa plateforme en ligne, le mouvement est présenté comme "citoyen, apolitique et indépendant". "Nous ne représentons aucun parti politique, aucune idéologie ni aucune religion. Nous représentons le peuple, dans toute sa diversité et son humanisme", écrivent les organisateurs dans leur présentation. Parmi eux, des médecins, des chercheurs, un psychothérapeute ou encore un certain Zwelivelile Mandla Mandela, petit-fils de l'ancien président sud-africain Nelson Mandela.
Une soixantaine de nationalités présentes, dont la France
Selon le dernier décompte effectué par les coordinateurs, plusieurs milliers de citoyens originaires d'une soixantaine de pays doivent participer à cette marche : des Canadiens, des Portugais, des Italiens, des Turcs, des Suisses, des Chiliens, des Espagnols, des Sud-Africains, des Pakistanais, des Indiens, des Américains, des Mexicains, mais également des Français.
Ces derniers sont au moins 600, et parmi eux figure Catherine Le Scolan-Quéré, médecin généraliste à Rennes. Ce ne sera pas la première fois que la Finistérienne de 58 ans approchera de la bande de Gaza. En novembre 2024, elle y a même passé quinze jours dans le cadre d'une mission humanitaire effectuée au sein de l'hôpital Nasser de Khan Younès. "J'ai vu de mes propres yeux le massacre en cours, je peux en témoigner. Tous les moyens sont bons pour l'arrêter. Cette initiative a une portée symbolique extrêmement forte", estime-t-elle.
Jointe au téléphone, Gaby, elle, veut croire à "un moment historique". "Des citoyens qui viennent des quatre coins du monde qui marchent ensemble pour dire aux Gazaouis que l'humanité est encore avec eux, c'est du jamais-vu, salue la coordinatrice de la délégation française. Il s'agit d'une initiative citoyenne en réponse à l'inaction politique." Les organisateurs misent en effet sur une mobilisation massive. Le groupe Telegram spécialement créé pour l'événement, que franceinfo a consulté, comptait jeudi midi 11 000 membres.
Une marche de 48 km
Selon le programme établi par les organisateurs, que franceinfo a consulté, les participants vont quitter Le Caire vendredi matin, monter dans des bus, direction la ville d'El-Arich. Située à 345 km de la capitale égyptienne, cette station balnéaire est le point de départ de la marche de 48 km qui doit traverser le nord du désert du Sinaï en longeant la Méditerranée. L'arrivée est prévue dans la journée de dimanche au poste-frontière de Rafah, situé à l'extrême sud de l'enclave. Pour se préserver des fortes chaleurs, les étapes se dérouleront tôt le matin et en fin de journée.
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Contrairement au bateau sur lequel ont embarqué l'eurodéputée française Rima Hassan ou la militante suédoise Greta Thunberg, les marcheurs ne transporteront pas d'aide humanitaire. "Il y a déjà des centaines de camions d'aide qui attendent à Rafah, avec des denrées qui pourrissent dedans, rappelle Samuel Crettenand. On a juste besoin de bonnes chaussures, de tentes et de motivation."
Une mission hautement sensible
Il est possible que les marcheurs n'atteignent jamais Rafah et qu'ils soient stoppés dès le Sinaï. Le collectif affirme avoir envoyé "il y a plusieurs semaines" une demande d'autorisation officielle au Caire et dans les ambassades des différents pays impliqués, mais "sans réponse officielle" jusqu'à présent.
Jeudi midi, les organisateurs ont rapporté que plus de 200 personnes de différentes nationalités avaient été interpellées à leur hôtel ou retenues à l'aéroport du Caire. Parmi elles, une vingtaine de Français, qui "ont subi des interrogatoires musclés" mercredi et jeudi, confie sous couvert d'anonymat un responsable de la délégation française, déjà sur place. Il assure avoir été témoin de "descentes de policiers égyptiens dans au moins deux hôtels de la capitale où logent les marcheurs français, une mardi et une mercredi".
"On attend une prise de position de l'Etat français et de l'Etat égyptien, mais personne ne répond clairement", a déploré jeudi midi Catherine Le Scolan-Quéré, également porte-parole de la délégation française. "Pour l'instant, à moins de 24 heures de la marche, tout le monde se rejette la responsabilité."
"Comme l'ont rappelé publiquement les autorités égyptiennes, le Nord-Sinaï fait l'objet de restrictions d’accès particulières du fait de la situation sécuritaire, a appris franceinfo de sources diplomatiques. Son accès est interdit par les autorités égyptiennes à toute personne n’ayant pas obtenu d’autorisation spécifique. (...) Dans ce contexte, la France appelle ses ressortissants qui souhaiteraient participer à ce rassemblement à se signaler aux autorités égyptiennes préalablement à leur arrivée en Egypte."
Sans nier le caractère sensible de la mission et de la zone géographique, Catherine Le Scolan-Quéré rappelle que le collectif n'a "jamais eu l'intention d'entrer dans Gaza". " On sait que les militaires égyptiens vont être présents en masse. Mais notre but est d'atteindre le poste-frontière de Rafah, pas d'aller plus loin", assure la médecin à franceinfo. C'est aussi ce qui est écrit noir sur blanc sur le site officiel de la marche. "Nous avons toujours été clairs : la marche mondiale vers Gaza est un mouvement pacifique, peut-on lire. Nous ne forcerons aucune barrière, aucune frontière. Notre objectif est de négocier l'ouverture du terminal de Rafah avec les autorités égyptiennes, en collaboration avec les ONG, les diplomates et les organisations humanitaires."
Un autre convoi appelé "caravane Soumoud"
Parallèlement à la "marche mondiale vers Gaza", un autre convoi terrestre est en route vers la bande de Gaza. Partie de Tunis en début de semaine, la "caravane Soumoud" (mot arabe qui désigne la résistance des Palestiniens) est formée d'une dizaine d'autocars et d'une centaine de voitures. A leur bord, des militants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens. Après avoir passé sans encombres la frontière entre la Tunisie et la Libye mardi, le cortège a atteint Tripoli, en Libye, mercredi.
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Les participants à la "caravane Soumoud" espèrent atteindre l'Egypte vendredi ou samedi. Mais là encore, leur arrivée en Egypte semble compromise. Selon Ghassen Henchiri, un porte-parole du convoi, des négociations sont en cours avec Le Caire pour obtenir des autorisations d'entrée dans le pays. "Mais pour le moment, nous n'avons pas reçu de réponse officielle", a-t-il confié à des médias locaux.
Des pressions d'Israël
Sans surprise, l'Etat hébreu s'oppose à ces deux initiatives. Israël exige que l'Egypte bloque la "caravane Soumoud", ainsi que la "marche mondiale vers Gaza". "J'attends des autorités égyptiennes qu'elles empêchent l'arrivée de manifestants jihadistes à la frontière israélo-égyptienne et qu'elles ne les autorisent pas à se livrer à des provocations ou à tenter d'entrer dans la bande de Gaza", a déclaré le ministre de la Défense israélien, Israël Katz.
L'Egypte "souligne qu'il importe de faire pression sur Israël pour lever le siège de la bande de Gaza et permettre l'accès humanitaire", a répondu le ministère des Affaires étrangères égyptien dans un communiqué. Mais il a aussi affirmé la nécessité de respecter les procédures pour les "visites de délégations étrangères voulant exprimer leur soutien au droit des Palestiniens dans la zone frontalière adjacente à Gaza", qui doivent obtenir une "autorisation préalable".
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