Le boycott du "Davos du désert" est un mauvais coup parce que l'Arabie saoudite a un besoin vital de se diversifier" explique Didier Billon (IRIS)
Plusieurs personnalités ont annoncé leur boycott du "Davos du désert", la conférence économique organisée à Riyad par l'Arabie saoudite, alors que de forts soupçons pèsent sur le pays après la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
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Le boycott du "Davos du désert", la conférence économique organisée à Riyad par l'Arabie saoudite, par un grand nombre de têtes d'affiches économiques internationales est "un mauvais coup parce que l'Arabie saoudite a un besoin vital de se diversifier", a expliqué jeudi 18 octobre sur franceinfo Didier Billion, directeur adjoint de l’institut des relations internationales et stratégiques (IRIS).
Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, la patronne du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde ou encore le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, ont annoncé qu'ils n'iraient pas à Riyad, en raison des doutes qui entourent la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Ces absences sont "un indicateur du fait que cet assassinat d'un journaliste est véritablement la goutte d'eau qui fait déborder le vase", affirme Didier Billion qui ne croit pas à "des ruptures diplomatiques en chaîne". L'Arabie saoudite est "un partenaire trop important pour le meilleur comme pour le pire".
franceinfo : Est-ce que c'est un geste fort de boycotter ce Davos du désert ?
Didier Billion : Indéniablement, c'est un mauvais coup pour le jeune prince Mohammed ben Salmane. Un de ses grands projets était de diversifier l'économie saoudienne au nom d'un vocable de Vision 2030. Cette réunion qualifiée de "Davos du désert" est la deuxième édition. C'est un mauvais coup parce que l'Arabie saoudite a un besoin vital de diversifier, de "saoudiser" ses emplois, ses industries.
L'absence d'un certain nombre de hauts responsables économiques au niveau international est un indicateur du fait que cet assassinat d'un journaliste est véritablement la goutte d'eau qui fait déborder le vase et que, désormais, on n'est plus enclin à tout laisser passer, à laisser les Saoudiens impunis de leurs forfaits.
Est-ce que cette pression internationale est de nature à contraindre l'Arabie saoudite à dire ce qui s'est passé ?
Il y des tractations depuis plusieurs jours. Chacun essaie de sortir par le haut. L'Arabie saoudite, en dépit des avanies dont elle a pu être responsable, reste un partenaire. Personne ne croit qu'il va y avoir des ruptures diplomatiques en chaîne, personne ne pense que les contrats économiques passés ou sur le point d'être passés vont être dénoncés. Nous n'en sommes pas là. Il faut marquer le coup, certes, mais ce qui est révélateur, c'est l'attitude de Donald Trump. Le week-end dernier, il a été assez sévère. Et hier il a déclaré que depuis son élection, dans la lutte contre l'Iran, l'Arabie saoudite restait un partenaire absolument indispensable. Ce qui sera intéressant de voir, c'est le nombre d'entreprises qui ne seront effectivement pas du tout présentes. Ne pensons pas qu'il va y avoir un boycott général qui va s'organiser à l'égard de l'Arabie saoudite. C'est un partenaire trop important pour le meilleur comme pour le pire.
Est-ce que l'image de réformateur du prince Mohammed ben Salmane est mise à mal ?
C'est clair. Cette image de réformateur m'a toujours étonné. Depuis qu'il est en position d'influencer les décisions du royaume - pour mémoire la guerre contre le Yémen, l'embargo à l'égard du Qatar, la contrainte de monsieur Harari de démissionner et l'assassinat présumé du journaliste - c'est beaucoup. On nous explique que certes, il a autorisé les femmes à conduire. On s'en félicite. Mais ce qu'on oublie de dire, c'est que les femmes qui s'étaient impliquées dans ce combat sont en prison. Pour ma part je n'ai jamais considéré que cet homme impulsif, brutal, ne sachant pas écouter ses interlocuteurs, soit un véritable réformateur.
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