"Si on n'arrête pas Benyamin Nétanyahou, on se sera rendu coupable d'un crime contre l'humanité massif", déclare l'ex-ambassadeur d'Israël Elie Barnavi

La guerre contre le Hamas "s'est muée en opération purement politique de survie de la coalition de monsieur Nétanyahou et de Nétanyahou lui-même", dénonce le diplomate qui dit avoir "honte" de son pays.

Article rédigé par franceinfo
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L'ancien ambassadeur d'Israël Elie Barnavi, le 4 juin 2025 sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)
L'ancien ambassadeur d'Israël Elie Barnavi, le 4 juin 2025 sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

"Si on n'arrête pas Benyamin Nétanyahou, on se sera rendu coupable d'un crime de guerre et d'un crime contre l'humanité massif", déclare mercredi 4 juin sur France Inter l'ancien ambassadeur d'Israël Elie Barnavi. L'historien et diplomate a publié dans la revue belge Regards un texte dans lequel il se dit "honteux" de son pays.

"On n'a jamais mené une guerre pareille", estime Elie Barnavi, qui dénonce une guerre "purement politique". "La guerre est d'ailleurs terminée depuis longtemps, ce qu'il se passe aujourd'hui est un assaut barbare contre une population civile". Pour lui, "il y a eu une guerre juste pendant deux-trois mois, et c'est tout", "ce qui s'est passé après, c'est que la guerre s'est muée en opération purement politique de survie de la coalition de monsieur Nétanyahou et de Nétanyahou lui-même".

"On continuera jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à Gaza"

Dans ce contexte, "si on ne l'arrête pas, si ceux qui peuvent l'arrêter ne l'arrêtent pas, on continuera comme ça jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien à Gaza. À ce moment-là, il pourra dire que la victoire totale, qu'il nous promet depuis le début de l'opération, est enfin atteinte et on se sera rendu coupable d'un crime de guerre et d'un crime contre l'humanité massif." La situation humanitaire est désastreuse dans le territoire palestinien, où Israël a imposé un blocus complet pendant plus de deux mois, partiellement assoupli fin mai, et où l'armée intensifie ses opérations militaires.

Face à cela, Elie Barnavi confie que "c'est humiliant aujourd'hui de vivre en Israël, sous un tel gouvernement".

"Il y a aujourd'hui deux Israël qui se regardent en chien de faïence dans une atmosphère de guerre civile latente."

Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël

à France Inter

"Ça va se terminer dans une explosion de violence, je n'en doute pas une seconde", exprime le diplomate. Il décrit "deux peuples qui n'ont rien en commun, qui ne parlent plus le même langage, qui pratiquent un hébreu différent. Entre Smotrich et Ben Gvir [ministres israéliens d'extrême droite] et moi, il n'y a absolument rien de commun", insiste-t-il.

Elie Barnavi appelle à une "pression internationale" pour mettre fin au conflit. "Cela fait au moins 20 ans que je dis que le problème israélo-palestinien ne sera résolu que par une pression internationale. Seuls, eux et nous, nous n'y parviendrons pas", assure-t-il.

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