Reportage "Ce sera une joie incomplète" : en Cisjordanie, des Palestiniens déplorent les modalités de libération des prisonniers

Vendredi, un cessez-le-feu est entré en vigueur entre Israël et le Hamas, prévoyant des échanges d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Article rédigé par Marie-Pierre Vérot, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, le 9 octobre 2025. (ZAIN JAAFAR / AFP)
La ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, le 9 octobre 2025. (ZAIN JAAFAR / AFP)

À Ramallah en Cisjordanie, les libérations de prisonniers palestiniens devraient se faire dans une certaine discrétion. Même si les listes ne sont pas forcément définitives, Israël a opposé son veto à la libération de grandes figures comme Marwan Barghouti et entend expulser la majorité des prisonniers directement dans des pays étrangers, sans passer par la Cisjordanie.

Alors que Benyamin Nétanyahou espère une grande fête nationale dès lundi soir pour le retour de tous les otages israéliens, la majorité des prisonniers palestiniens ne pourront pas regagner la Cisjordanie qui se retrouve privée de fête, regrette Bissman, une jeune étudiante : "Eux, ils seront contents et ils vont faire la fête mais pour nous lorsque nos prisonniers seront libérés ce sera une joie incomplète."

"On fera la fête dans nos cœurs"

Salma, sa grand-mère, ne comprend pas : "C'est injuste, pourquoi ont-ils le droit de faire des célébrations et pas nous ? Ce sont des êtres humains, nous aussi sommes des êtres humains. Personne n'est meilleur que l'autre." Derrière son étal d'aubergines et de poivrons au marché d'Al-Bireh, Rebehi estime, lui, qu'il est sans doute plus prudent de ne pas organiser de grande célébration afin de protéger la population : "Ceux qui vont célébrer ici seront emprisonnés. C'est pourquoi nous ne voulons pas de grande fête. Le plus important est qu'ils retrouvent la liberté." D'autant, ajoute-t-il qu'ils pourraient être de nouveau arrêtés ici, comme c'est déjà arrivé.

Naasni lui, le regrette. Il tient une petite échoppe dans le marché : "Chacun de nous a un membre de sa famille en prison, et depuis longtemps. La plupart d'entre eux ont des enfants qui ont grandi sans voir leur père. Ils doivent revenir, tout le monde devrait revenir." Il esquisse un sourire : "Cette fête, on la fera dans nos cœurs".

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