Reconnaissance de l'État palestinien : "Accrocher deux drapeaux étrangers au fronton des mairies françaises, c'est un geste de solidarité", estime Bernard Guetta, eurodéputé Renew

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Article rédigé par France 2 - Édité par l'agence 6Medias
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Invité des "4 Vérités" lundi 22 septembre sur France 2, le député européen du parti présidentiel Bernard Guetta réagit à la reconnaissance de l'État de Palestine, qu'Emmanuel Macron s'apprête à concrétiser dans la soirée lors d'un sommet aux Nations unies. "Il n'y a pas d'autre solution" au conflit que la coexistence de deux États, souligne-t-il.

Quelques heures avant la reconnaissance officielle de l'État palestinien par Emmanuel Macron aux Nations unies ce lundi 22 septembre, Bernard Guetta, député européen Renew, nom du parti présidentiel à Bruxelles, revient sur cette décision du président de la République dans les "4V", dont il est l'invité ce lundi matin. Un acte symbolique et nécessaire selon l'élu, "absolument certain" que la solution à deux États pourra un jour aboutir.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Gilles Bornstein : Ce soir, le président de la République va reconnaître l'État de Palestine. Pour autant, il n'y aura pas d'État palestinien ni demain, ni dans une semaine, ni dans un mois, ni même vraisemblablement dans un an. À quoi ça sert ?

Bernard Guetta : Réaffirmer une chose très simple, c'est qu'il n'y a pas de solution à ce conflit qui dure depuis un siècle, en vérité. Il n'y a pas d'autre solution que la coexistence de deux États. Or, pour que deux États coexistent, encore faut-il que deux États existent. Aujourd'hui, Israël existe. La Palestine est reconnue par près de 150 membres des Nations unies, mais jusqu'à présent, par aucune des grandes démocraties occidentales, par aucun des pays membres du G7, notamment. Eh bien, les choses changent. Et les choses changent, pas uniquement, mais notamment sous l'impulsion du président de la République française depuis quelques mois. Si, dès hier, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie ont reconnu l'État de Palestine, c'est en grande partie sous l'influence de la France qui va le faire elle-même aujourd'hui.

Mais vous avez dit qu'il faut que deux États existent. Est-ce que vous croyez qu'un jour, deux États existeront ?

Je suis absolument certain que deux États existeront parce qu'il n'y a tout simplement pas d'autre solution. Et quand on dit ça, ce n'est pas un vœu, c'est une réalité.

Car nous avons l'un et l'autre un certain âge... Et pourtant ces deux États n'existent pas. Et franchement, on ne voit pas ce qui ferait qu'ils existent.

Mais, écoutez, ça fait un siècle qu'il y a une guerre et qu'on entend "il faudrait que la paix arrive", et il faudra que deux États existent, pour une raison très simple : il y a une population palestinienne. Cette population, Israël ne peut pas l'expulser vers l'Égypte, vers la Jordanie. Non, elle ne peut pas.

"L'Union européenne a des accords économiques avec Israël que nous devrions suspendre"

J'entends, pourtant il y a une population kurde, il n'y a pas d'État kurde.

Non, c'est vrai, mais les Kurdes sont reconnus comme une minorité avec des droits dans plusieurs pays, etc.

Mais il n'y a pas d'État.

Que veut faire Israël ? Organiser un régime d'apartheid avec cette population palestinienne ? S'il n'y a pas d'État palestinien, il y aura, assez vite, vraiment assez vite, plus de Palestiniens sur le territoire d'Israël, ou plutôt du grand Israël, que de Juifs israéliens. Est-ce ce que les Israéliens souhaitent ? Non, évidemment pas. Il n'y a pas d'autre solution. Il faut se mettre ça dans la tête.

La France va reconnaître l'État de Palestine. La France doit-elle aller plus loin dans sa condamnation d'Israël ? Amnesty International, par exemple, a proposé ce week-end un embargo total sur les ventes d'armes à Israël.

Pardonnez-moi, je vous reprends. La reconnaissance de la Palestine comme État, ce n'est pas une sanction contre Israël. S'il faut prendre des sanctions contre Israël...

Le faut-il ?

À mon avis, certainement. J'y appelle au Parlement européen depuis longtemps. Par exemple, l'Union européenne a des accords économiques avec Israël que nous devrions suspendre. Et d'ailleurs, la Commission vient de faire des pas relativement importants dans cette direction. Israël commet crime de guerre sur crime de guerre aujourd'hui à Gaza. Ce n'est pas tolérable.

Olivier Faure, le patron du PS, a demandé au président de la République d'autoriser exceptionnellement pour la journée de demain, le déploiement de drapeaux palestiniens devant les mairies. Vous dites non ou pourquoi pas ?

La mairie de Paris a fait ce qu'il faut faire. Elle a fait projeter hier sur la tour Eiffel le drapeau israélien et le drapeau palestinien. Pourquoi est-ce que la France va reconnaître la Palestine ? Pour réaffirmer la nécessité de la coexistence de deux États, donc deux États, deux drapeaux. S'il faut accrocher deux drapeaux étrangers au fronton des mairies françaises dans un geste de solidarité, c'est un geste de solidarité à la coexistence de deux États et certainement pas à un État contre l'autre.

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