Reconnaissance de l'État de Palestine : "Emmanuel Macron instaure une série de préconditions que je trouve constructives", souligne Amos Gitaï, cinéaste israélien
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Sur le plateau du "11/13", le réalisateur et metteur en scène israélien Amos Gitaï fait part de son regard sur la reconnaissance de l'État palestinien, qu'Emmanuel Macron s'apprête à officialiser ce lundi 22 septembre aux Nations unies. Une proposition qu'il estime "constructive" dans cette "situation d'impasse".
La reconnaissance de l'État de Palestine, qui sera concrétisé à la tribune de l'ONU par Emmanuel Macron dans la soirée de ce lundi 22 septembre, est un événement diplomatique particulièrement commenté. Une démarche à laquelle s'oppose fermement Israël, et sur laquelle le cinéaste et metteur en scène israélien Amos Gitaï, qui a accepté de s'exprimer sur le sujet dans le "11h/13h".
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Lucie Chaumette : J'aimerais votre regard sur la reconnaissance de l'État de Palestine par la France qui va avoir lieu ce soir. Est-ce que vous pensez que c'est une bonne chose ou pas ?
Amos Gitaï : D'abord, il faut aller à l'origine du conflit et surtout de son stade actuel. C'est-à-dire qu'on est dans une situation d'impasse dans laquelle, les deux côtés, le Hamas qui a lancé cette opération sauvage avec les destructions de femmes et d'hommes, dans les Kibboutz, de gens qui cherchent la paix, avec des viols, une affreuse violence, et aussi les réactions israéliennes actuelles, la destruction de Gaza, le cauchemar, la tragédie de Gaza... font que les choses ne trouvent pas d'issue. Dans cette situation de blocage complet, il faut parfois que les gens interviennent. Je trouve que dans ce contexte-là, la position de Macron d'intervenir et de proposer de construire un autre modus vivendi est bienvenue. Je trouve qu'il faut essayer de trouver des sorties à cette impasse. C'est comme dans des situations de violence conjugale, il faut que quelquefois les voisins tapent à la porte et proposent autre chose. Alors, je trouve que, c'est vrai, les choses que dit votre correspondante en Cisjordanie sur l'acte symbolique, mais cela peut effectivement aller vers la construction d'un accord bilatéral israélo-palestinien, que j'espère.
Certains en France disent, et ça se voit notamment dans une tribune du Figaro ce week-end, où une vingtaine de personnalités appellent le président, à, avant de reconnaître l'État de Palestine, poser des conditions et demander notamment la démilitarisation du Hamas et la libération des otages. Est-ce que vous estimez qu'Emmanuel Macron aurait dû demander des conditions comme celles-ci, très concrètes, avant de reconnaître l'État de Palestine ?
Peut-être que j'ai tort, mais j'ai lu le projet de Macron. Le projet dit qu'effectivement, il faut démilitariser Gaza, il faut débarrasser Gaza du Hamas. C'est-à-dire qu'il instaure une série de préconditions à la création d'un État palestinien. Je trouve que ce sont des choses constructives, en tant qu'Israélien. Il demande aussi que l'autorité palestinienne fasse un peu de ménage à l'intérieur, qu'il n'y ait pas de népotisme, qu'il n'y ait pas de corruption, qu'il y ait des élections. Et chez nous, Israéliens, il y a un conflit interne à la société, entre les gens qui veulent conserver Israël comme un pays libéral, avec le droit de parole, les droits de l'homme, et les gens qui veulent avoir une structure plus autoritaire. Je trouve qu'il faut maintenant essayer d'aider les deux côtés à sortir de cette impasse.
"Il n'y aura pas de paix stable au Moyen-Orient s'il n'y a pas un accord israélo-palestinien"
Est-ce qu'aujourd'hui vous comprenez la colère, les réactions de Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, qui dit carrément que la création d'un État de Palestine, sa reconnaissance, va nuire à l'existence d'Israël ? Qu'est-ce que vous auriez à répondre à ces propos-là ?
Je crois qu'effectivement, le Hamas a marqué des points déjà, mais c'était le 7 octobre. C'est-à-dire qu'à ce moment-là, cet acte de violence inacceptable du Hamas a créé une situation sans solution sans la présence de policiers. Il ne faut pas aller dans le sens de croire qu'on va faire des accords avec les Saoudiens, avec tous les gens de la région, en ignorant le Hamas. Et le Hamas, malheureusement, a réussi son pari. Je crois qu'actuellement, c'est un fait, un fait de la situation actuelle. La question est de savoir comment on avance.
Et comment on avance justement ? La reconnaissance de l'État de Palestine par la France et par d'autres pays, est-ce que cela fait avancer les choses sur le terrain ? Est-ce que, par exemple, cela permet d'ouvrir un chemin, selon vous, vers une solution à deux États ?
Je pense qu'il faut revenir à l'événement qui a eu lieu il y a 30 ans, c'est-à-dire les négociations israélo-palestiniennes à l'époque d'Yitzhak Rabin et Shimon Peres, où toutes les questions étaient mises sur la table. Trente ans après l'assassinat de Rabin qui a décapité cet effort de faire la paix. À l'époque, Rabin et Peres avaient mis toutes les questions sur la table. Ils avaient mis la question du territoire, la question de Jérusalem, le droit de retour, de l'eau, de l'environnement... Tout était considéré comme une question légitime pour négocier. Je crois qu'actuellement, il faut revenir à ce stade de porte-parole direct entre interlocuteurs valables des deux côtés. Je trouve que cela demande aussi beaucoup de Palestiniens, ce n'est pas seulement la demande d'Israël. C'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait les deux partenaires, il faut que les Palestiniens suivent aussi certains éléments qui sont dans cette déclaration, c'est-à-dire de mettre de l'ordre chez eux et de trouver de vrais interlocuteurs valables qui ne veulent pas aller vers la violence. Je me souviens qu'à l'époque de Rabin, avec tout le geste qui existait entre Israël et la Palestine, c'était la pire époque de terrorisme, de djihad et du Hamas à Tel-Aviv, qui a renforcé les gens qui avaient déstabilisé le gouvernements de Rabin. Alors je crois qu'actuellement, il faut que les deux côtés fassent un peu d'ordre chez eux. Parce que de toute façon, il n'y aura pas de paix stable au Moyen-Orient s'il n'y a pas un accord israélo-palestinien.
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