"Il y a une réparation historique", déclare Elias Sanbar, historien et essayiste palestinien à propos de la reconnaissance par la France de la Palestine
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Elias Sanbar, historien, essayiste et poète palestinien, était l’invité de franceinfo, mardi 23 septembre. Il est notamment revenu sur la reconnaissance de la Palestine par la France.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Elias Sanbar est historien, essayiste, poète, ancien négociateur des accords de paix d'Oslo, ancien ambassadeur de la Palestine à l'UNESCO. Son dernier ouvrage, La Palestine expliquée à tout le monde, a été publié aux éditions du Seuil.
France Télévisions : Vous qui n'avez cessé toute votre vie de défendre l'identité palestinienne contre l'effacement, qu'avez-vous ressenti à ce moment-là quand vous avez entendu Emmanuel Macron à l'ONU ?
Elias Sanbar : Beaucoup de joie et beaucoup de conviction qu'on allait entrer dans une période difficile. Je pensais que la France serait la cible d'un grand nombre d'attaques, j'entends politiques, d'accusations, d'antisémitisme, d'alliances avec le terrorisme et ainsi de suite. Mais il y a quand même une sorte de réparation historique qui est en train d'intervenir. Et ce qui est terrible, c'est le prix que nous payons pour aboutir à cette réparation : des dizaines de milliers de morts. Vous savez, le discours [lundi 22 septembre] du président Macron a deux volets. Il y a un volet qui est un volet de programmation. Il a énoncé des phases, etc. Cette partie est très compliquée à réaliser, à accomplir. Parce qu'il faut connaître un tout petit peu le terrain : il est saccagé, il n'y a pas d'autre terme. Donc il y a déjà un défi. Mais il y a un autre volet qui est le premier, qui est fondamental. La partie palestinienne, le peuple est, depuis 75 ans, l'objet d'une négation. Il y a un négationnisme. Pourquoi ? Parce que l'enjeu dans cette histoire de l'existence en tant que peuple, c'est la question du droit à l'autodétermination. Dès que vous dites qu'il y a un peuple, il a dans ses mains son droit à l'autodétermination, ce qui est un élément fondamental dans la reconnaissance. Or, il y a eu un pas extrêmement fin sur le plan diplomatique et politique. Si vous regardez bien le discours, Emmanuel Macron est parti du vote du plan de partage en novembre 1947, et il développe l'argument suivant, qui est tout à fait fondé. En 1947, l'ONU décide la fondation, la création de deux États, un État juif, un État arabe, un pour le peuple juif, un autre pour le peuple palestinien. Donc, dès 1947, il y a reconnaissance d'un droit à l'autre.
France Télévisions : Mais dès 1948, ça ne se passe pas bien.
Elias Sanbar : Même avant 1948, ça ne se passait pas bien du tout. Mais là, il y a quand même le fondement, la base pour dire que les deux interlocuteurs sont deux peuples. Et donc, il n'y a plus à prouver qu'ils portent chacun son droit à l'autodétermination. Mais dans le cas palestinien, c'est un droit qui n'a pas été appliqué. Israël a appliqué le sien. Et vient s'ajouter une deuxième chose qui est passée inaperçue, parce qu'on est braqué, en France, sur la position française. Vous avez trois pays qui sont le Commonwealth, qui sont la Grande-Bretagne, l'Australie et le Canada. C'est l'empire britannique. Or, jusqu'en 1948, la Palestine était une colonie britannique. Et dans la lettre de déclaration adressée à Mahmoud Abbas par le Premier ministre britannique, il y a un paragraphe extraordinaire dans lequel il dit : "Nous avons commis un certain nombre de choses qui vous ont porté beaucoup de torts. Nous avons créé la déclaration Balfour, on revient à 1917, or la déclaration Balfour disait : fondation d'un foyer national juif, sans porter préjudice aux populations existantes sur le sol." Et il dit : "Ce deuxième volet, nous ne l'avons pas rempli." Et donc, il y a une réparation historique.
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