"Il était terrorisé et épuisé d'avoir marché aussi longtemps" : à Gaza, chaos et violences autour de la distribution d'aide humanitaire

Avec le spectre de la famine, depuis près d'une semaine, des blessés sont de plus en plus nombreux dans des dispensaires.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des Palestiniens attendent de la nourriture à un point de distribution d'aide, à Nuseirat, dans la bande de Gaza, le 2 juin 2025. (EYAD BABA / AFP)
Des Palestiniens attendent de la nourriture à un point de distribution d'aide, à Nuseirat, dans la bande de Gaza, le 2 juin 2025. (EYAD BABA / AFP)

Toujours rien. La Fondation humanitaire de Gaza, soutenue par les Etats-Unis et Israël, a repoussé sine die la réouverture de ses centres d'aide prévue jeudi 5 juin dans le territoire palestinien, où les routes menant aux sites de distribution sont devenues des "zones de combats", a averti l'armée israélienne. 

La distribution d’aide alimentaire a été suspendue, officiellement, pour "des travaux de rénovation, de réorganisation et d’amélioration de l’efficacité". Or, dans les faits, ces distributions ont depuis presque 10 jours provoqué le chaos à proximité des quatre sites, avec des dizaines de morts.

"Un sniper israélien a tiré directement sur sa main"

Ainsi, depuis près d'une semaine, les blessés par balle côtoient des survivants des bombardements dans les hôpitaux de Gaza. 184 patients ont été, par exemple, pris en charge en urgence au même moment, mardi 3 juin au petit matin, dans le petit dispensaire de la Croix-Rouge à Rafah, au sud de l'enclave. L'établissement ne contient pourtant que 60 lits. Salma est depuis 48h au chevet de son frère. "Mon frère est originaire du nord de Gaza. Quand il a entendu parler de l'ouverture du centre de distribution de la Fondation humanitaire de Gaza, à Al-Alam à Rafah, il y est allé. Un sniper israélien a tiré directement sur sa main. La blessure est profonde, sa situation est difficile."

La majorité des Palestiniens ont marché des heures et pris des risques pour rien : trop de monde, pas assez de nourriture... C'est le cas du mari de Tayma, une habitante du nord de l'enclave. "Mon mari est parti lundi à la mi-journée. Il a pris la route à pied en faisant des pauses régulièrement parce que c'est compliqué à cause des bombardements. Il est rentré bredouille 24 heures plus tard. Il était terrorisé et épuisé d'avoir marché aussi longtemps."

Le mari de Tayma, comme tous les Palestiniens qui ont tenté leur chance, ne circule qu'en groupe, car il y a un autre danger en ce moment à Gaza. Les pillards qui tentent par tous les moyens de récupérer l'aide après qu'elle a été distribuée.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.