Gaza : "Cette guerre n'est pas légitime et c'est un crime", dénonce l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert

L'ancien chef du gouvernement israélien estime que des "crimes de guerre" sont commis à Gaza comme en Cisjordanie. Il accuse Benyamin Nétanyahou de mener la guerre "à des fins personnelles".

Article rédigé par franceinfo
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L'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, le 9 juin 2025. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
L'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, le 9 juin 2025. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

La guerre menée par Israël dans la bande de Gaza n'est "pas légitime et c'est un crime", dénonce mardi 10 juin sur France Inter l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert. "Quand la guerre a commencé, après le 7-Octobre, c'était la guerre la plus juste et la plus compréhensible, il n'y avait pas d'autre façon pour Israël de réagir aux meurtres terribles menés par le Hamas", explique-t-il. "Mais depuis mars 2025, cette guerre n'est pas acceptable, n'est pas légitime".

Selon Ehud Olmert, "l'État d'Israël n'a pas respecté l'accord qui aurait pu permettre la libération d'autres otages" et depuis, la guerre continue et "rien n'est justifié". C'est une guerre "sans fin, sans objectif, sans chance de réussite, sans chance de libérer les otages, sans chance d'amener un processus de négociation pour un accord". "En Israël, il y a presque un consensus pour dire que Benyamin Nétanyahou mène cette guerre à des fins personnelles et ça, c'est un crime, poursuit-il. Quand on mène une guerre de cette sorte, c'est une guerre qui n'est pas légitime. Et une guerre qui n'est pas légitime, c'est un crime." Ehud Olmert réfute en revanche le terme de génocide. L'emploi de ce mot est "une faute : il n'y a pas de politique de génocide", assure-t-il.

Employer le terme de génocide est "une faute"

Dans une tribune publiée dans le quotidien israélien Haaretz et dans Le Monde (article pour abonnés) Ehud Olmert écrit que la guerre menée à Gaza est "une guerre de dévastation : le massacre aveugle, cruel, sans limite aucune, de la population civile. Ces violences (...) résultent directement de la politique du gouvernement israélien : une politique irresponsable, intentionnellement meurtrière. Aujourd’hui, oui, Israël commet des crimes de guerre." Des mots qui ne l'ont "pas rendu très populaire" en Israël, dit Ehud Olmert sur France Inter. "Des gens ont été très fâchés mais il y en a autant qui m'ont remercié et encouragé", dit cette figure de la droite israélienne, cofondateur du Likoud.  

Ehud Olmert utilise également le terme de "crimes de guerre" pour qualifier les agressions commises par certains colons israéliens en Cisjordanie. "Une partie des colons font des choses vraiment inacceptables aux Palestiniens en Cisjordanie, ils brûlent leurs maisons, leurs champs. Ce sont des crimes de guerre qui sont commis sous le nez de la police israélienne et de l'armée israélienne", dénonce-t-il.

Le gouvernement Nétanyahou n'a "pas d'avenir"

Le parti juif ultra-orthodoxe Shass, allié du Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahou, a menacé lundi de faire tomber le gouvernement israélien. Selon Ehud Olmert, "cela va arriver" : cette coalition au pouvoir avec l'extrême droite n'a "pas d'avenir". "Il ne faut pas oublier que le Likoud n'est plus un parti majoritaire. S'il y avait aujourd'hui des élections, la droite ne les gagnerait pas."

L'ancien Premier ministre israélien se prononce depuis longtemps pour la reconnaissance d'un État palestinien, "deux pays, l'État d'Israël et un État palestinien, sur la base des frontières de 1967". "Malheureusement, quand je faisais cette proposition de paix aux Palestiniens, ils n'avaient pas le courage, la vision pour signer. Le président Mahmoud Abbas n'a jamais dit non, mais il n'a pas dit oui." Ehud Olmert attend aujourd'hui de l'administration Trump qu'elle se mobilise pleinement pour mettre fin à cette guerre. "Je pense que Donald Trump souhaite la paix. Je me réjouirais s'il invitait Nétanyahou à la Maison Blanche, dans le bureau ovale, cet endroit qu'ils aiment tous les deux, devant les caméras, et s'il lui disait : Bibi, c'est fini !"

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