Méditerranée: le HCR redoute 700 morts dans le naufrage d'un bateau de migrants

Le naufrage d'un chalutier transportant des migrants au large des côtes libyennes pourrait avoir fait 700 morts, selon le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Ce chalutier a chaviré à environ 110 km des côtes libyennes avec à son bord plus de 700 personnes, selon le récit de 20 survivants récupérés par un navire marchand.

"C'est tragique et cela ne va pas s'arrêter si on ne multiplie pas opérations de sauvetage en Méditerranée" , a souligné Barbara Molinario, porte-parole du HCR, jointe en Sicile par Sandy Dauphin pour France Info. "Les opérations sont toujours en cours et il est trop tôt pour cofirmer le bilan" , a-t-elle ajouté.

L'alerte a été lancée vers minuit. Le chalutier aurait envoyé des messages de détresse suite à des difficultés de navigation. Il aurait chaviré lorsque les migrants se sont massés du même côté du bateau à l'approche d'un navire marchand portuguais, venu leur porter secours, à la demande des gardes côtes italiens.

Si ce drame devait être confirmé, il s'agirait d'un des plus meurtriers en Méditerranée impliquant des migrants, dont environ 900 ont perdu la vie depuis le début de l'année en tentant la traversée vers l'Europe.

Vives réactions des dirigeants européens

Les dirigeants européens ont réagi à la suite de ce drame. Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a dénoncé de son côté un "massacre systématique en Méditerranée" .* "Comment pouvons-nous rester insensibles quand nous voyons

mourir des populations entières à une époque où les moyens de communication modernes nous permettent de tout savoir?"* , s'est-il interrogé pendant une réunion politique à Mantoue.

François Hollande a de son côté demandé une réunion "rapide" des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères des membres de l'Union Européenne pour renforcer le dispositif "Triton" d'aide aux migrants. La Commission Européenne a fait savoir dans un communiqué qu'elle organiserait une réunion très prochainement.

"La réponse doit venir d'Europe et les mots ne suffisent plus. Il faut agir. Nous Européens, nous risquons notre crédibilité si nous ne sommes pas capables d'éviter ces situations dramatiques qui se produisent tous les jours" , a déclaré le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. 

Le dispositif "Triton" en question

La chef de la diplomatie de l'UE, l'Italienne Federica Mogherini, a décidé de mettre cette question à l'agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi à Luxembourg. "Je vais présenter une série de propositions concernant la Libye, une des principales routes du trafic illégal de migrants" , a-t-elle ajouté dans un communiqué séparé. "Nous avons trop souvent dit "plus jamais ça". Il est désormais temps pour l'Union européenne de prendre le problème à bras le corps sans plus attendre."

"Triton", le dispositif de contrôle des frontières européennes, qui a remplacé l'an dernier l'opération "Mare Nostrum", lancée en 2013 mais jugée trop coûteuse par la suite, est considéré comme très insuffisant par les organisations humanitaires et les autorités italiennes.