La Russie, 1er exportateur mondial de centrales nucléaires
La semaine dernière, le gouvernement s’est penché sur l’avenir d’Areva. Le constructeur de réacteurs nucléaires français est dans une mauvaise passe financière et commerciale. Aujourd’hui, le principal concurrent d’Areva est russe. Il s’agit de Rosatom qui est devenu le premier exportateur de centrales nucléaires dans le monde.
La Russie compte 33 réacteurs nucléaires, contre 58 pour la France. Mais depuis le plus grave accident de l’histoire, celui de Tchernobyl, une catastrophe provoquée il y a 29 ans par une erreur de manipulation, elle a revu de fond en comble la conception de ses centrales. A Novo Voronièje, à 500 km au sud de Moscou, dans la salle de contrôle du réacteur numéro 5, Pavel Vladimirovitch, ingénieur de première catégorie, teste les alarmes. Il nous présente les "systèmes de sûreté". "Ce sont les tableaux de contrôle du réacteur, c’est un système de sûreté primaire", explique-t-il.
Pavel Vladimirovitch est assis devant une console. Concentré, il surveille d’un œil professionnel des centaines de connexions. Il a 25 ans de métier. Autour de lui, une douzaine de techniciens vérifient tous les circuits dans une ambiance enfiévrée. Pression, température du coeur nucléaire. En fait, l’unité numéro 5 n’a pas encore reçu son combustible . Il faut donc s’entraîner et tout vérifier. On démarre dans sept mois.
Rosatom, immense société d’Etat qui regroupe tous les métiers du nucléaire avait hérité du parc vieillissant des vieilles centrales soviétiques. Après la chute de l’URSS, on est reparti de zéro. Il s’agissait aussi de faire oublier Tchernobyl. Ici à Novo Voroniej, on est fier de posséder à la fois la plus ancienne centrale du pays et la plus moderne puisque le prochain réacteur est en chantier, 1.000 mégawatt. Pour le patron du complexe, Vladimir Kazanskii, la sûreté est presque absolue.
"Dans ce projet, toutes les éventualités sont prises en compte : les situations à risque et les accidents possibles, y compris avec les leçons de Fukushima. La sûreté interne est basée sur des systèmes passifs. Même en cas de rupture de la premier enceinte de béton, et en cas de panne d’électricité, la chaleur du réacteur sera évacuée, quel que soit son régime", assure-t-il. "Vous comprenez, à Fukushima il y a eu un tsunami, et on était au bord de la mer. C’est le Japon, une région très sismique. Nous, on est en Europe, au centre de la Russie, et il n’y a ni séisme, ni Tsunami. La mer est loin. Des événements comme ça ne peut pas arriver", poursuit-il.
Rosatom se taille la part du lion
A deux pas du Kremlin, mardi dernier, le gotha mondial du nucléaire s’était donné rendez-vous. Dans un immense centre de conférence, techniciens, patrons, clients se bousculent. La demande est énorme. La construction de plus de 150 réacteurs est planifiée, dont 60 en Chine. Et les rois du marché sont désormais russes. Rosatom se taille la part du lion avec une cinquantaine de projets, en Chine bien-sûr, mais aussi en Inde, au Vietnam, en Finlande, en Iran, en Turquie.
Les commerciaux russes parcourent donc le monde pour proposer un paquet complet, et pas seulement une centrale nucléaire clef en main. Ils y ajoutent la formation des personnels et le financement de l’ensemble. Ce que souligne Nicolas Mey, consultant français à Moscou. "Ils sont capables de présenter un projet complet de A jusqu'à Z. Ils maîtrisent la filière complète de l'enrichissement jusqu'à la construction, l'opération et le démantèlement des centrales nucléaires. Donc, c'est un plus par rapport à d'autres technologies ou d'autres compétiteurs ", explique-t-il.
Les arguments de Rosatom séduisent. C’est le cas pour la Tunisie. Le groupe russe a promis une formation des personnels pendant 20 ans ! L’ambassadeur de Tunis à Moscou, Ali Goutali, est ravi. "C'est un choix stratégique. Cela n'exclue pas la coopération avec d'autres pays comme la France bien-sûr, mais c'est dans le cadre de la diversification de nos partenaires. La Russie est disposée à nous accorder une assistance technique, surtout dans le domaine de la formation de nos ingénieurs. On n'a pas choisi les Russes mais on essaie tout simplement de diversifier notre coopération ", explique-t-il. En tout cas, le Français Areva, dont le président était aussi à Moscou, pourra peut-être s'inspirer des Russes.
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