Témoignages "Je crois en elle", "partagé entre espoir et craintes", "je la déteste"… Face à leur nouvelle Première ministre, les réactions contrastées des Japonais

Sanae Takaichi est devenue la première femme élue à la tête du gouvernement nippon, mardi.

Article rédigé par franceinfo - Karyn Nishimura
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Sanae Takaichi, frâichement élue lors de son arrivée au bureau du Premier ministre, à Tokyo le 21 octobre 2025. (KAZUHIRO NOGI / AFP)
Sanae Takaichi, frâichement élue lors de son arrivée au bureau du Premier ministre, à Tokyo le 21 octobre 2025. (KAZUHIRO NOGI / AFP)

C'est inédit au Japon, une femme a été élue Première ministre, mardi 21 octobre. Nationaliste conservatrice, Sanae Takaichi, 64 ans, n'a jamais fait de la fin du patriarcat son combat, mais cette dame de fer a pourtant réussi à briser le plafond de verre. Dans les rues de Tokyo, comment réagissent les citoyens japonais à cette élection ?

Nombreux sont celles et ceux qui refusent de répondre, tout comme ceux que la politique n'intéresse pas. Mais il y a aussi les citoyens et citoyennes qui sont ravis de voir une femme Première ministre du Japon. "J'espère que cela va doper l'activité féminine, dit ainsi une jeune salariée précaire d'une vingtaine d'années. C'est la première fois qu'une femme arrive à ce poste, jusqu'à présent toujours occupé par des hommes, donc cela peut contribuer à hisser la place des femmes dans la société." Quant à sa politique ? "Ah ça je ne sais pas trop. L'économie, tout cela… Je n'y connais rien", admet-elle.

"Je pense que c’est bien qu’elle soit élue."

Un salarié japonais à propos de Sanae Takaichi

à franceinfo

Un jeune homme de 26 ans salue la prouesse et le symbole plus que les idées politiques de Sanae Takaichi : "C'est la première femme cheffe du gouvernement. Je suis partagé entre espoirs et craintes, mais elle y est arrivée grâce à ses efforts, donc je suis plutôt optimiste." Un espoir partagé par un quinquagénaire salarié qui se félicite de la priorité donnée à l'économie par la nouvelle Première ministre, avec en arrière-plan les slogans "le Japon est de retour" et "Les Japonais d'abord". "C'est une femme, je crois en elle pour réformer, par exemple, le système de retraite", avance-t-il.

Des idées réactionnaires qui inquiètent

En revanche, Sanae Takaichi ne plaît pas du tout à cette septuagénaire, qui s'inquiète des idées réactionnaires et sécuritaires véhiculées par la nouvelle élue. "Tout le monde s'emballe, se dit content parce que c'est la première fois qu'une femme est Première ministre, mais moi je la déteste, déclare-t-elle. Elle est contre l'égalité homme-femme, elle glorifie le Japon et pense comme les politiciens nationalistes d'avant-guerre. Vraiment je la déteste."

Une opinion plus fréquente chez les personnes âgées qui ont connu les années de guerre ou d'après-guerre. Celles-ci supportent difficilement la position de subordination du Japon aux États-Unis, la volonté de réarmer fortement le pays et d'en réviser la constitution pacifiste pour mentionner l'existence d'une armée, deux des grandes ambitions de la nouvelle Première ministre.

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