Travailler plus, un des remèdes pour réduire la dette publique en Italie ?

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Article rédigé par France 2 - Italie : travailler plus, un des remèdes pour réduire la dette publique ?
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Longtemps décrit comme l'enfant malade de l’Europe, le pays est aujourd'hui vu par certains comme un bon élève.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

À 64 ans, Pino Pizzo passe toutes ses journées debout. Le long de sa terrasse, ce serveur parcourt une vingtaine de kilomètres chaque jour. Il travaille depuis qu'il a 16 ans, mais comme de nombreux Italiens, il n'a pas été déclaré pendant plusieurs années et doit donc attendre l'âge de 67 ans pour espérer toucher la pension minimum. "J'aimerais avoir le plaisir de dire que j'arrête sans devoir attendre 67 ans, parce que je pense qu'après tant d'années de travail, on devrait être libre de décider d'arrêter ou non", confie-t-il.

Fixé à 60 ans jusque dans les années 90, l'âge de la retraite n'a cessé d'être relevé en Italie. En 2011, après la crise financière, au bord du défaut de paiement, le pays est pressé par l'Europe de mener une cure d'austérité. Déjà confronté au vieillissement de la population, le gouvernement de Mario Monti adopte une réforme des retraites parmi les plus sévères d'Europe, au point que la ministre du Travail elle-même, a du mal à la présenter devant la presse. "Nous avons dû, et ça nous a coûté psychologiquement, demander un s...", déclarait-elle avant de s'interrompre, la gorge serrée. "Je crois que madame voulait dire sacrifice, comme vous l'avez compris", reprenait Mario Monti. Les conditions pour partir à la retraite sont alors fixées à 67 ans, et 42 annuités.

Une réforme jamais vraiment remise en cause

Malgré la mobilisation, la réforme est votée et aucun gouvernement n'est vraiment revenu dessus depuis, y compris celui de Giorgia Meloni. Même lorsque les salariés ont cotisé plus de 42 ans, ils doivent attendre d'avoir 67 ans pour toucher leur retraite à taux plein. À 65 ans, un cadre a plus de 44 annuités. Aujourd'hui, il a rendez-vous dans un local syndical de l'INAS CISL pour calculer le montant de sa pension avec un consultant spécialisé. "À 67 ans, votre pension sera de 3 750 euros net, c'est-à-dire 250 de plus que si vous partez maintenant", lui calcule le consultant.

"C'est évident que ces 250 euros sont importants, et j'ai besoin de gagner plus. J'ai un emprunt et un fils encore à l'université. Mais si je travaillais à l'usine, je ne pourrais pas faire le même raisonnement", avance Pietro Petrocchi, chef de projet. Un âge avancé qui n'est en effet pas toujours facile à atteindre pour les travailleurs qui viennent ici. "Les salariés qui ont un travail pénible sont fatigués. Cet âge de 67 ans a clairement détérioré les conditions de vie des gens. Ils sont plus fatigués, plus déprimés et ils ont hâte de prendre leur retraite", explique Daniele Piasentin, consultant retraite du syndicat INAS CISL .

Une loi indispensable pour les finances publiques italiennes

Une loi difficile pour les travailleurs, mais indispensable pour les finances publiques italiennes. "La réforme a envoyé un signal de rigueur qui a clairement porté ses fruits, car la situation financière de l'Italie s'est ensuite considérablement améliorée", estime Daniele Piasentin.

"Aujourd'hui, l'augmentation de l'âge de la retraite n'explique pas seule l'amélioration des finances italiennes. Le pays traverse une phase de stabilité politique quasi inédite, avec un gouvernement qui n'a pas changé depuis trois ans, ce qui rassure les investisseurs. Le pays est aussi celui qui a bénéficié du plan de relance le plus important du continent après le Covid : près de 200 milliards de prêts et de subventions pour soutenir la croissance", détaille Raphaële Schapira, de France Télévisions Rome.

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