Italie : la libération définitive de Giovanni Brusca, l'assassin du juge Falcone, divise le pays

Après 25 ans derrière les barreaux pour l'assassinat du juge Giovanni Falcone en 1992, l'ancien criminel a pleinement retrouvé la liberté en 2024, mais l'information n'émerge que maintenant. L'ex-parrain de la mafia sicilienne vit sous une nouvelle identité.

franceinfo

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Publié le 06/06/2025 18:44

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Le parrain de la mafia, Giovanni Brusca, le jour de son arrestation, le 20 mai 1996 à Agrigente (Italie). (STUDIO CAMERA / IPA-AGENCY.NET / MAXPPP)

En Italie, un homme surnommé "L'égorgeur" est désormais pleinement libre. Après 25 ans de prison et trois de résidence surveillée, Giovanni Brusca a soldé ses comptes avec la justice. Parmi la centaine de meurtres pour lesquels Brusca fut condamné, il y a celui du juge anti-mafia Giovanni Falcone.

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Brusca est l'homme qui a appuyé sur le détonateur le jour de l'attentat, 23 mai 1992, près de Palerme. Quelques semaines plus tard, il était l'un des commanditaires de l'assassinat de Paolo Borsellino, autre magistrat anti-mafia. Il fut à la tête un temps du clan des Corleone, après avoir été le bras droit de Toto Riina.

Une autre de ses horreurs restées célèbres en Italie est l'assassinat dans des conditions abjectes du fils d'un repenti. C'est pourtant en tant que repenti, à son tour, quelques mois après son arrestation en 1996, que Brusca retrouve la liberté. La loi sur les collaborateurs de justice voulue, ironie du sort, par Falcone lui-même, prévoit des réductions de peine. Cela fait un an en réalité qu'il a pleinement retrouvé la liberté, mais l'information n'émerge que maintenant. Il vit sous une nouvelle identité.

Un repenti qui a permis des arrestations

En Italie, sa libération divise. Que va-t-on raconter aux enfants dans les écoles ?, dénonce la veuve d'un des gardes du corps de Falcone. Le juge qui l'a fait arrêter en 1996 dit comprendre la colère, mais ajoute qu'un Etat crédible respecte ses engagements. En 2016, 20 ans après son arrestation, le repenti avait été interviewé en prison par le documentariste français Mosco Levi Boucault. "Le moment est venu de saisir cette opportunité et de demander des excuses, de demander pardon à tous les proches de victimes que j'ai tant fait souffrir. Je considère Cosa Nostra comme une chaîne de morts", avait-il déclaré.

Giovanni Brusca, repenti sincère et actif ? Il a en tout cas permis des arrestations, des condamnations. Il a permis de mieux comprendre les liens entre Cosa Nostra et la politique, selon le magistrat Caselli, qui l'a fait arrêter. La lutte contre la mafia, ajoute-t-il, ne peut avancer que si l'on respecte la loi sur les repentis. Mais l'annonce de sa liberté est un "coup au cœur de tout le pays", écrit un journaliste spécialiste du crime organisé.