Italie : "Une vague nationaliste est en train de submerger une partie de l'Europe", assure un spécialiste de l'extrême droite
Giorgia Meloni, à la tête du parti Fratelli d'Italia, est aux portes du pouvoir en Italie. L'arrivée de cette figure de l'extrême droite au pouvoir ne constitue pas pour autant "un tournant", selon Erwan Lecœur.
"Il y a bel et bien" une "vague nationaliste" qui "est en train de submerger une partie de l'Europe", a affirmé samedi 24 septembre sur franceinfo Erwan Lecœur, politologue et spécialiste de l’extrême droite, alors que le parti de Giorgia Meloni est aux portes du pouvoir en Italie. Le pays co-fondateur de l'Union européenne, connaîtra lundi 26 septembre le parti vainqueur du scrutin législatif de dimanche 25 septembre. Après le succès de l'extrême droite en Suède, Giorgia Meloni, à la tête du parti Fratelli d'Italia, pourrait bien devenir la future Première ministre. Cependant, selon Erwan Lecœur, l'Italie ne vit pas "un tournant". La dirigeante d'extrême droite "ne va pas modifier fondamentalement la politique italienne", assure-t-il.
franceinfo : L'Italie vit-elle un tournant, une rupture politique ?
Erwan Lecœur : Non, pas réellement. Je sais que cela peut étonner certains, mais en réalité, l'Italie nous a depuis longtemps habitués à ce type de coalition un peu étrange. Dès les années 1990, Silvio Berlusconi était déjà allé chercher la droite radicale qui avait déjà fait une alliance pour prendre le pouvoir. Le berlusconisme en Italie a ouvert la porte à ce qui s'est passé ensuite dans d'autres pays comme l'Autriche en 2001, comme la Suède, d'autres pays d'Europe. Giorgia Meloni est très conservatrice, contrairement à Marine Le Pen, par exemple, qui veut être beaucoup plus populaire. Madame Meloni, c'est plus le Front national de l'époque du père et donc de Zemmour. L'Italie nous a habitués à un système électoral extrêmement complexe, avec des forces politiques qui se chevauchent les unes les autres. L'extrême droite italienne est passée à la social-démocratie quasiment en une dizaine d'années après être passée chez Berlusconi. On a là des gens et une méthode électorale qui est très différente de la France. Depuis maintenant plus de vingt ans, ce pays nous a habitués à des coalitions dans lesquelles les partis d'extrême droite, dont la Ligue avec Monsieur Salvini, ont été des éléments fondateurs et importants. Il n'y aura pas de tournant.
L'Union européenne pourrait-elle continuer à parler d'une seule voix ?
Il n'y a pas une divergence très forte qui va être amenée par le pouvoir italien parce que l'Italie nous a déjà habitués à ça. Et ensuite parce que ce que raconte la dirigeante en question ne va pas modifier fondamentalement la politique italienne. Giorgia Meloni sur les grands aspects, vis-à-vis de l'Europe, vis-à-vis de l'atlantisme, vis-à-vis de la guerre en Ukraine avec la Russie, est plus proche de la politique italienne déjà menée ces dernières années que ne l'était Monsieur Salvini.
Elle veut en revanche renégocier plusieurs fondements européens. Est-ce le début d'une crise en Europe ?
Elle n'aura pas grand-chose à négocier puisque les choses étaient déjà, d'une certaine façon, engagées. L'Italie va être très fortement aidée par l'Union européenne avec le pacte actuel. Madame Meloni ne pourra pas renégocier tout cela, sauf à perdre des milliards d'euros. Elle ne peut pas se le permettre. L'Italie est en crise. Elle va négocier des choses, très symboliques, notamment sur l'immigration, et elle va faire un travail sur les valeurs. En réalité, ce qui est en train de se passer en Italie, comme dans d'autres pays d'Europe, c'est le fait de mettre l'immigration sur le devant de la scène et surtout, la question des valeurs, sur l'avortement, sur la place des femmes, sur la sécurité renforcée, sur toutes ces valeurs très à droite, très conservatrices.
Assiste-t-on à une vague nationaliste en Europe ?
Oui, bien sûr. C'est une vague nationaliste, au sens où c'est du national-populisme identitaire. Il y a vraiment une vague identitaire en Europe, comme il y a eu cette vague au Brésil, aux États-Unis, en Inde, dans tous les pays du monde depuis quelques années. Les conservateurs américains financent cette vague depuis plus de 15 ans. On le sait. Monsieur Poutine finance un certain nombre de régimes et d'idées anti Union européenne. On le sait aussi. Ces gens-là se coalisent de plus en plus. Il y a bel et bien une vague qui est en train de submerger une partie de l'Europe.
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