Reportage "Ils ont commis une grave faute contre le Qatar" : à Doha, après les attaques d'Israël, l'inquiétude reste palpable

Mardi, des frappes israéliennes à Doha, au Qatar, qui visaient de hauts responsables du Hamas, ont secoué une large partie du monde diplomatique. En ligne de mire : la crainte d'un embrasement de la région.

Article rédigé par franceinfo
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l'armée israélienne a mené des frappes aériennes sur Doha, au Qatar, mardi 9 septembre, dans le cadre d'une opération ciblant de hauts dirigeants du groupe militant palestinien Hamas. (JACQUELINE PENNEY / AFPTV)
l'armée israélienne a mené des frappes aériennes sur Doha, au Qatar, mardi 9 septembre, dans le cadre d'une opération ciblant de hauts dirigeants du groupe militant palestinien Hamas. (JACQUELINE PENNEY / AFPTV)

Malgré les condamnations internationales unanimes après les frappes visant de hauts responsables du Hamas à Doha, au Qatar, Israël promet de continuer à pourchasser les cadres du mouvement islamiste. Le Premier ministre israélien somme même le Qatar, allié des Etats-Unis dans la région, d’expulser les "terroristes" ou de les juger, faute de quoi il le fera lui-même, laissant planer la menace de nouvelles opérations. Les autorités qataries préparent leur riposte, qu’elles souhaitent régionale, sur le terrain légal. Mais dans les rues de la capitale, l’inquiétude reste palpable.

Les abords de la résidence frappée par Israël restent bouclés par la police. On peut apercevoir une façade rose noircie, le rez-de-chaussée pulvérisé par les bombes qui ont aussi fait voler en éclat les efforts de paix pour Gaza.

Les rares passants de ce quartier d'ambassades pressent le pas, évitant les micros. "Désolé, je préfère ne pas parler...", lance un homme. Les Qataris sont sonnés, eux qui se pensaient à l'abri des frappes d'Israël, dans cet émirat que l'on présente souvent comme la Suisse du Moyen-Orient. Le Qatar qui se veut un havre, un médiateur aussi pour résoudre les conflits régionaux.

"Il y avait beaucoup de monde ici, les gens avaient très peur"

Le calme est revenu dans la capitale qui accueille les dirigeants des pays de la région venus apporter leur soutien. Mais mardi, c'était la panique, raconte un chauffeur de taxi qui fait entendre les explosions sur son téléphone : "Il y avait beaucoup de monde ici. Les gens avaient très peur : ils courraient, ils criaient, ils pleuraient... Maintenant, ça revient à la normale. Mais vous savez, Israël peut faire ce qu'il veut partout et le Qatar a le droit de leur demander des comptes."

Son collègue approuve : "Ils font beaucoup de choses très mauvaises pour la paix dans le monde. Et ils ont commis une grave faute contre le Qatar." Le Qatar, un allié pourtant des Etats-Unis, qui ont en outre ici leur base la plus importante dans la région. Mais leur protection a été prise en défaut. Le Premier ministre qatari a tenu à le souligner en reprenant la chronologie des événements.

"L'attaque a été lancée à 15h46. Le premier appel que nous avons reçu d'un officiel américain, c'était à 15h56, soit dix minutes après le début de l'attaque."

Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, Premier ministre qatari

à CNN

"Quand ils nous ont appelés, poursuit-il, les explosions retentissaient déjà." Alors, Washington a-t-il les moyens de freiner le Premier ministre israélien ? Peut-il arrêter cette spirale infernale ? Les dirigeants du Hamas seront-ils de nouveau ciblés ? C'est la question sur toutes les lèvres ici. Donald Trump a promis qu'il n'y aurait plus d'attaques sur le sol qatari, mais Israël a montré qu'il se passait de sa permission.

Mercredi soir, sur la chaîne américaine CNN, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a affirmé que son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, devrait être traduit en justice, estimant que l'attaque israélienne avait "tué tout espoir" de libérer les otages à Gaza.

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