Témoignage Détenue depuis mille jours en Iran, la Française Cécile Kohler "va de plus en plus mal", alerte sa sœur Noémie

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Article rédigé par France 2
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Noémie Kohler était l'invitée du "20 heures" de France 2. Elle a détaillé les conditions de vie en prison de sa sœur et de son compagnon, détenus depuis mai 2022.

"On sent qu'elle va de plus en plus mal." A l'occasion des 1 000 jours de détention en Iran de la Française Cécile Kohler, sa sœur Noémie était l'invitée du "20 heures" de France 2, jeudi 30 janvier. La jeune femme a témoigné de ces longs mois d'attente et d'angoisse depuis que Cécile et son compagnon Jacques Paris, deux enseignants, ont été arrêtés en mai 2022. Paris les considère comme des "otages d'Etat"

"Ils sont partis pendant les vacances scolaires de printemps, pour visiter le pays pendant une dizaine de jours. (…) Un jour, on n'a plus eu de nouvelles et on a appris quelques jours plus tard qu'ils avaient été arrêtés", se remémore-t-elle. La famille a été informée par le Quai d'Orsay, mais "n'a pas eu la moindre information sur les circonstances de l'arrestation", poursuit-elle. 

Pendant plus de six mois, les proches de Cécile Kohler sont restés sans "signe de vie". Jusqu'à la diffusion d'une vidéo de la Française par la télévision iranienne, qui affirme qu'elle a avoué être "une espionne". "Cela a été un terrible choc", témoigne Noémie Kohler. Cela a aussi "confirmé des craintes" sur les interrogatoires "très pénibles, très longs", menés en prison et visant à "extorquer de faux aveux".

"Elle commence à désespérer"

Concernant les conditions de détention de sa sœur, la jeune femme explique que "Cécile est dans une cellule d'environ 8m2, sans fenêtre, avec la lumière constamment allumée, sous vidéosurveillance" et où "elle dort à même le sol, sur des couvertures". Elle ne bénéficie que de trois sorties hebdomadaires de trente minutes, et est privée de courrier ou des livres que lui envoient ses proches.

"Elle ne peut pas contacter son ambassade et n'a toujours pas droit à un avocat", précise encore Noémie Kohler, qui a "de manière aléatoire" des nouvelles de sa sœur lors "de rares appels WhatsApp sous haute surveillance" pendant lesquels elle "ne peut pas s'exprimer librement".

Lors du dernier contact avec sa famille, l'enseignante a pu parler avec ses parents. "Elle essaie de les rassurer, pour leur faire croire qu'elle tient le coup, mais on sent entre les lignes qu'elle va de plus en plus mal, qu'elle commence à désespérer", s'alarme sa sœur. 

Un troisième "otage d'Etat" dans la prison 

A ce jour, "on n'a toujours aucune lumière au bout du tunnel", alerte Noémie Kohler. Cécile et Jacques Paris sont toujours détenus dans la prison d'Evin, où est également emprisonné Olivier Grondeau. Ce Français de 34 ans a été arrêté à Chiraz, en octobre 2022, alors qu'il faisait un tour du monde. Il a été condamné à cinq ans de prison pour espionnage et complot. Son identité et sort n'ont été médiatisés qu'en janvier 2025

Depuis sa prison, Olivier Grondeau est entré en contact avec le "20 heures", auprès de qui il a expliqué pourquoi il avait décidé de prendre la parole. "Pendant deux ans, j'ai été un otage exemplaire, docile. Jusqu'au bout, j'ai cherché à les raisonner", rappelle-t-il. "Il ne me reste plus qu'à être un otage indocile."

Un rassemblement de soutien pour Cécile Kohler et Jacques Paris aura lieu samedi 1er février à Paris sur la place du Panthéon, à 14 heures. 

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Cécile Kohler dans la vidéo ci-dessus 

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