Un an après le viol de Dehli, la bataille n'est pas gagnée pour les femmes
Fin 2012, les Indiens manifestaient leur colère dans les rues de Dehli après le viol collectif d'une jeune étudiante dans un bus. A la même époque, une jeune fille vivait le même calvaire dans un village proche de la capitale. Six mois plus tard, elle se donnait la mort en s'immolant.
/2018/11/27/Justice-Inde.jpg)
Seema, 15 ans, a été enlevée le jour de l'an à l'extérieur de son village. Violée, elle a été abandonnée à un arrêt de bus par ses six agresseurs. Malgré sa détermination, elle n'a obtenu aucun soutien, ni de son entourage, ni de la police. «Elle était courageuse et a tenté de se battre. Mais à la fin c'était trop difficile pour elle», se souvient sa mère, en pleurs.
Pourtant, à la même époque, beaucoup d'Indiens manifestent leur colère dans la rue après le viol collectif, le 16 décembre 2012, d'une jeune étudiante en kinésithérapie dans un bus. L'étudiante était morte quelques jours plus tard suite aux plusieurs coups de barre de fer reçus par ses agresseurs.
Cette agression mortelle a alimenté un vaste débat sur l'attitude des Indiens vis-à-vis des femmes. Un durcissement de la législation sur les crimes sexuels en a d'ailleurs découlé. Certains «optimistes» y ont vu un «tournant». Mais le cas de Seema montre que la bataille n'est pas gagnée pour les victimes. Il existe, par ailleurs, un gouffre entre l'Inde rurale et urbaine.
«L'affaire de Dehli nous avait donné du courage. Nous avions l'impression que la pays s'intéressait aux femmes», explique la mère de la jeune fille. «Des milliers de gens ont demandé justice pour la femme de Dehli. Nous ne savons pas pourquoi personne n'a parlé de nous.» Malgré sa détermination à voir ses agresseurs jugés, ses visites à la police et les railleries de ses voisins ont commencé à semer le trouble dans l'esprit de l'adolescente. Seuls deux accusés sont en détention. La police locale traîne les pieds.
Le contraste avec le traitement de l'agression de la jeune étudiante de Dehli est flagrant. Dans cette affaire, qui a ému l'Inde, quatre de ses agresseurs ont été condamnés à mort. Son cas a dominé l'actualité et a touché les classes moyennes alors que celui de Seema s'est perdu parmi une multitude d'agressions de femmes. En 2013, le nombre de viols s'est accru avec 24.923 agressions sexuelles. Pourtant, selon Mousoumi Kundu, responsable de la K.D.Singh Foundation, quelques enseignements positifs peuvent être tirés de l'affaire de Seema. «Qu'elle et sa mère aient eu la courage de dénoncer le crime est en soi déjà une énorme avancée.» Selon Mme Kundu, ce courage est à mettre en rapport avec le «réveil» des consciences après le drame de décembre 2012.
Pour certains, la hausse du nombre de viols pourrait être imputée au fait que les victimes portent désormais plainte. Les femmes réussiraient mieux à surmonter la honte et l'humiliation traditionnellement associées au viol.
Mais d'autres sont plus sceptiques. «La société devient plus sensible aux victimes, mais il y a encore du chemin à parcourir. On ne peut nier qu'il y a une épidémie de viols dans le pays», estime Ranjana Kumari, directrice du centre de recherche sociale à Dehli. «Dans l'affaire de Dehli, c'est le lieu du crime et le fait que la victime était diplômée et allait voir un film, comme nombre d'entre nous, qui a ému et choqué la population.»
Beaucoup de femmes, en mileu rural, ne sont pas au courant de leurs droits. Quant à la mère de Seema, déterminée à poursuivre la lutte pour sa fille, elle «ne sait pas si un jour justice lui sera rendue».
À regarder
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter