Covid-19 : la situation est "dramatique" en Inde, décrit un épidémiologiste qui évoque une "conjonction de facteurs"
Emmanuel Baron, directeur d'Epicentre à Médecins sans frontières, affirme qu'il y a eu un "relâchement, couplé à des rassemblements importants, avec aussi l'émergence d'un variant" dans le pays.
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La situation est "dramatique" en Inde, décrit lundi 26 avril sur franceinfo l'épidémiologiste Emmanuel Baron, directeur d'Epicentre à Médecins sans frontières. Il explique l'augmentation exponentielle du nombre de cas de Covid-19 par plusieurs facteurs concomitants.
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franceinfo : Quelle est la situation sur place ?
Emmanuel Baron : Le tableau est dramatique, avec le nombre de cas qui augmente de façon absolument impressionnante depuis un mois. Les modélisations indiquent que l'on est encore encore loin du pic, qui pourrait être atteint début mai. Mais ce sont des estimations qui sont très, très prudentes. La situation est extrêmement difficile pour la population, et notamment des grandes villes, à Bombay, à Delhi, particulièrement, parce que l'Inde étant un pays immense, évidemment, et la situation est un peu inégale sur le territoire. Mais beaucoup de patients ne trouvent pas d'endroit pour se faire traiter, les hôpitaux sont pleins, on manque notamment d'oxygène, de personnel, de lits.
Les équipes de Médecins sans frontières tentent d'intervenir sur certains de ces hôpitaux. En réhabilitant des centres de traitement et en apportant du matériel, des lits, de l'oxygène, avec du personnel également et en donnant des moyens d'équipements de protection, que ce soit des masques ou des tenues de protection.
"C'est une aide qui, évidemment, à l'échelle du pays, restera de toute façon insuffisante."
Emmanuel Baron, directeur d'Epicentre à Médecins sans frontièresà franceinfo
La situation, effectivement, est absolument dramatique aujourd'hui, incontestablement. Le défi est absolument immense. Et aujourd'hui, les pouvoirs publics ont une réponse compliquée à donner. L'aide internationale, elle est là, elle arrive et elle arrivera. Elle est bienvenue. Mais en attendant, les jours sont difficiles, c'est certain.
Comment est le système de santé sur place ?
Il est inégal. Il est évident que vous avez de la médecine de pointe de très haut niveau. On a aussi du développement industriel de haut niveau, de la production de vaccins en l'occurrence, auxquels l'accès est difficile pour une large part de la population. Et puis il y a d'autres endroits où, au contraire, on manque beaucoup de choses, de tout, de lits, d'oxygène, de tout ce qui est nécessaire pour la prise en charge de patients qui peuvent se dégrader assez rapidement et avoir besoin de soins de réanimation, par exemple.
Comment expliquer la situation actuelle ?
Il y a sans doute eu une sous-estimation du danger et de la réponse apportée dans les mois qui ont précédé. L'Inde a connu un pic d'infections en septembre dernier, qui était bien moins important que celui que l'on voit aujourd'hui.
"Il est vrai qu'il y a eu, certainement, une tendance au relâchement général, y compris d'ailleurs dans les consignes qui émanaient du gouvernement."
Emmanuel Baron, directeur d'Epicentre à Médecins sans frontièresà franceinfo
On avait l'impression qu'on avait un peu passé la vague, la grande vague. Et ce relâchement, couplé à des rassemblements importants, avec aussi l'émergence d'un variant qui n'est peut-être pas sans rapport avec la situation que l'on observe aujourd'hui, voilà des conditions pour que la situation soit celle qu'elle est aujourd'hui.
Ce nouveau variant indien, est-ce lui qui est en train de créer ces dégâts en Inde ?
C'est possible, mais ce n'est pas sûr parce que l'on voit deux phénomènes contemporains : l'augmentation du nombre de cas et l'émergence de variants. Mais on voit aussi ce relâchement, des messages politiques qui se voulaient plutôt rassurants. Et puis des grandes réunions religieuses, des mariages, des meetings politiques également qui ont eu lieu de façon plus importante ces derniers temps. Donc, on peut avoir eu la conjonction de tous ces facteurs qui font que l'incidence, le nombre de nouveaux cas quotidiens, augmente de façon très importante.
Mais c'est vrai qu'on regarde ça avec un œil quand même un peu inquiet. Parce que s'il y a des facteurs qui sont propres à l'Inde et à la façon dont les gens vivent, se rassemblent, mettent de côté, peut-être, les mesures de prévention, il y a quand même l'émergence de ce variant qui peut indiquer une plus forte transmission, voire évidemment, une plus grande sévérité des formes cliniques. Et c'est là où il faut regarder de près ce qui se passe. Les collègues indiens, épidémiologistes, font ce travail et on devrait avoir des informations. Mais il y a une corrélation, ça, c'est sûr. Y a-t-il une vraie causalité ? On ne peut pas encore l'affirmer. On le craint en tout cas. Je crois qu'il faut le surveiller. Le fait qu'il soit contemporain d'une augmentation importante de l'incidence nous oblige à le regarder de très près, à être prudent.
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