Reportage "Savoir au moins manier une arme" : en Pologne, de jeunes réservistes se préparent à un éventuel conflit armé avec la Russie

Lundi, c’est la rentrée universitaire en Pologne. Certains étudiants retrouveront les bancs de la fac avec un nouveau statut, celui de soldat réserviste. Ils sont 10 000 à avoir participé à la 2e édition du programme "Vacances avec l’armée" cet été.

Article rédigé par franceinfo - Adrien Sarlat
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Temps de lecture : 3min
De jeunes Polonais participant à l'été 2025 au programme Vacances avec l'armée, pour devenir réservistes. (WOJTEK RADWANSKI / AFP)
De jeunes Polonais participant à l'été 2025 au programme Vacances avec l'armée, pour devenir réservistes. (WOJTEK RADWANSKI / AFP)

Après les incursions dans le ciel européen d'une vingtaine de drones et de trois avions de combat russes à la fin du mois de septembre, les pays de l'UE réfléchissent à renforcer leur défense, principalement aux abords de la Russie. En Pologne, la formule "Vacances avec l’armée" a rencontré un grand succès auprès des jeunes, qui craignent de devenir la prochaine cible du Kremlin. La 2e édition a réuni 10 000 participants.

Enterrée dans le sol jusqu’à la taille, le visage enduit de peinture couleur camouflage, Weronika s’exerce au lancer d’explosifs dans une unité militaire à Varsovie. Elle n’a eu aucun mal à sacrifier un mois de ses vacances d’été à cette session d'entraînement militaire, convaincue que ce qu’elle apprend ici, pourrait lui servir dans les prochains mois. "Chaque citoyen polonais pourrait être forcé un jour où l’autre de défendre la patrie, estime Weronika, même si beaucoup de gens pensent que seules l’armée et la réserve passive seront concernées. Malheureusement, ça ne se passera pas comme ça, Alors à mon avis, il vaut mieux se préparer en amont et être prêt et savoir au moins manier une arme".

La jeune femme craint que chaque nouvel incident fasse basculer la Pologne dans la guerre, depuis l’incursion de 21 drones russes dans l’espace aérien polonais près de la frontière ukrainienne, au début du mois de septembre. "Bien sûr que je m’inquiète, car cette situation dure depuis longtemps, et rien n’indique qu’elle va s’améliorer dans les semaines à venir". 

"C’est une question de responsabilité qui me concerne moi et tous les autres citoyens. On doit tous savoir comment réagir en cas d’agression de nos voisins à l’Est."

Weronika, une jeune Polonaise

à franceinfo

Si le programme Vacances avec l’armée est ouvert aux 18-35 ans, l'armée reconnaît que le format s’adresse surtout aux étudiants et aux lycéens. Il leur permet de devenir réservistes après seulement un mois d'entraînement, entre juin et fin septembre, sans avoir besoin d’interrompre leur cursus académique. Et à l’issue des 27 jours d'entraînement, chacun d’entre eux reçoit près de 1 500 euros, soit presque l'équivalent d'1,5 smic en Pologne.

"J’aurais peur, mais la volonté de servir sera plus forte"

Allongé au sol, son arme pointée devant lui, Filip, 18 ans, a passé son bac en juin. Et il se dit aujourd’hui prêt à prolonger l'expérience militaire au-delà des vacances. "Pour l’instant, j’ai l’intention de continuer et de me spécialiser, confie Filip. Mais il va falloir que je maintienne ma condition physique pour être en mesure de rejoindre les forces armées en cas de conflit armé. Si la guerre atteint la Pologne, je serai prêt à y participer. Bien sûr, j’aurais peur, mais la volonté de servir l’État et mes compatriotes sera plus forte", assure-t-il. Dès l’année prochaine, le gouvernement polonais entend former 100 000 citoyens par an aux techniques militaires de base.

La Russie a démenti samedi "planifier une attaque contre les pays de l'Alliance atlantique et de l'Union européenne", par la voix du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU. Mais il avertit : "Toute agression contre mon pays entraînera une réponse résolue. Il ne doit pas y avoir de doutes sur ce point"

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