Législatives en Moldavie : les forces en présence, dans un pays tiraillé entre Union européenne et Russie
Dimanche 28 septembre 2025, deux camps s’opposent aux élections législatives en Moldavie : celui de centre-droit mené par l’actuelle présidente, Maia Sandu, 53 ans, qui souhaite un destin européen pour le pays ; et l’opposition prorusse, composée de communistes et de socialistes, plus favorables à un rapprochement avec Moscou.
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Ces dernières années, Moscou a multiplié les ingérences pour tenter d’influencer le scrutin, avec notamment de nombreuses actions de désinformation ou encore en finançant des partis politiques pro-russes. Malgré ces tentatives de déstabilisation, c'est le Parti action et solidarité (PAS) de Maia Sandu, ancienne économiste à la Banque mondiale, qui l’a largement emporté en 2021. Trois ans plus tard, elle a été réélue à la tête du pays, avec 54,9% des voix. Son programme : lutter contre la corruption, entamer des réformes judiciaires et accélérer le processus d’intégration à l’Union européenne. La Moldavie a obtenu le statut de pays candidat à l’entrée au sein de l’UE en juin 2022. Et en octobre 2024, le "oui" l'a emporté de peu dans un référendum clé pour la candidature du pays à l'UE.
Les héritiers du régime soviétique et les nouveaux oligarques, eux, ont choisi une voix qui leur est familière, et préfèrent se tourner vers la Russie, dont ils connaissent mieux les rouages. A de multiples reprises ces dernières années, les services de sécurité et de renseignements de Moldavie ont dénoncé des ingérences des services russes en saisissant du matériel de propagande illégal. Moscou a également utilisé l’arme du gaz, en coupant l’hiver dernier l’approvisionnement de la région séparatiste de Transnistrie, espérant déclencher parmi la population locale une forme de contestation du gouvernement de Chisinau. Le pouvoir moldave doit également se battre continuellement contre les tentatives de désinformation de la part de la Russie qui assure un soutien financier aux candidats qui lui sont favorables.
Le PAS de Maia Sandu, qui a vu sa popularité s’affaiblir ces derniers mois en raison de l’inflation, affronte dimanche 28 septembre le Bloc patriotique. Une coalition électorale qui regroupe des partis communiste et socialiste, dont deux anciens présidents et un ex-premier ministre, tous favorables à Moscou. Ces acteurs politiques sont connus pour se détester les uns les autres. Mais après un court séjour à Moscou, tous sont revenus en annonçant… leur coalition. A la tête de ce bloc : Igor Dodon, 50 ans, qui apparaît souvent derrière un pupitre flanqué des emblèmes soviétiques que sont la faucille et le marteau. Igor Dodon a occupé les fonctions de président de la Moldavie entre 2016 et 2020 et a également été ministre de l’Economie. Il est considéré comme "l’homme de Vladimir Poutine" en Moldavie. Le 24 mai 2022, il a été arrêté par les autorités moldaves pour corruption et trahison et assigné à résidence pendant 30 jours.
Financement russe et achat de voix
Pour Maia Sandu, le danger vient également du bloc Victoire, un parti qui n’a plus le droit de se présenter aux élections mais qui reste très influent en sous-main. Il a été enregistré le 6 juillet 2025... à Moscou. A sa tête : un oligarque, Ilan Shor, accusé du "vol du siècle" : la disparition, en une nuit, d’un milliard d’euros des caisses de trois banques moldaves. Il a fui la Moldavie via Israël, et se trouve aujourd’hui en Russie. Sa potentielle successeure, Evghenia Gutul, qu’il a placé à la tête de la République autonome de Gagaouzie (une république turcophone et russophone, réputée favorable à Moscou), a été condamnée en août dernier à sept ans de prison pour financement illégal. En octobre 2024, la police moldave avait dénoncé des achats de voix pour le parti d’Ilan Shor à hauteur de 100 millions d’euros. Les autorités estiment qu’au total, 8% des voix ont alors été "achetées".
Le bloc Victoire étant interdit, vers qui se reporteront les voix de ses électeurs ? A la veille du scrutin, 30% des électeurs se disent indécis. Une fois de plus, le vote de la diaspora, qui vote pro-européen, sera décisif dans ces élections. La propagande russe en fait également une cible.
Dans cette ambiance délétère, la présidente moldave, Maia Sandu, a reçu le 27 août dernier, jour de fête nationale, le président français, Emmanuel Macron, le chancelier allemand, Friedrich Merz et le Premier ministre polonais, Donald Tusk. Objectif des dirigeants européens : soutenir le processus d’intégration de la Moldavie à l’UE.
A Chisinau, les experts craignent justement que l’entrée de députés pro-russes au Parlement ne freine ce processus d’adhésion, déjà bien entamé. Et qu’à terme, la Russie instrumentalise la Moldavie dans la guerre qu’elle mène en Ukraine.
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