La Hongrie va, comme la Russie, légiférer pour cibler des médias et ONG financés par l'étranger

Le texte poussé par le Premier ministre nationaliste, Viktor Orban, suscite déjà l'inquiétude de l'opposition et de la presse.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, au Parlement hongrois à Budapest (Hongrie), le 12 mai 2025. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, au Parlement hongrois à Budapest (Hongrie), le 12 mai 2025. (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

La Russie comme source d'inspiration pour réprimer l'opposition. Le gouvernement hongrois a poursuivi son offensive contre les ONG et médias indépendants avec le dépôt au Parlement, mercredi 14 mai, d'une proposition de loi ciblant toute structure financée par des fonds étrangers qui "menacerait la souveraineté" du pays d'Europe centrale. Ce texte sur "la transparence de la vie publique", déposé par un député du parti au pouvoir (Fidesz), suscite déjà l'inquiétude dans la presse et l'opposition et des comparaisons avec la loi russe sur les "agents de l'étranger".

Le Premier ministre nationaliste, Viktor Orban, avait promis en mars "un grand nettoyage de Pâques" contre ses rivaux taxés de "punaises". Il a depuis fait voter une série d'amendements constitutionnels restreignant les droits des personnes LGBT+ et des binationaux. Revenu à la tête du pays en 2010, il a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs et accélère désormais sa course qu'il qualifie d'"illibérale".

Selon la proposition de loi, les organisations "violant ou critiquant" les valeurs inscrites dans la Constitution, notamment "la primauté du mariage, de la famille et des sexes biologiques", pourront être placées sur une liste noire, après recommandation de l'Autorité de souveraineté instaurée l'an dernier. Dans ce cas, elles devront demander l'autorisation de l'organe antiblanchiment pour recevoir des fonds de l'étranger.

L'adoption du texte devrait être une formalité

Leurs comptes en banque seront placés sous surveillance et les transferts de donateurs bloqués s'il s'avère que le but de cet argent est "d'influencer la vie publique". Si ces règles sont enfreintes, de lourdes amendes seront infligées, pouvant atteindre 25 fois le montant de l'aide financière reçue, avec menace d'interdiction des activités en cas de récidive.

"Good morning, Russia", a titré sur son site le média Telex en réaction à ce nouveau coup de force du gouvernement Orban. "C'est la preuve évidente qu'ils feront tout ce qu'ils jugent nécessaire pour rester au pouvoir", a également commenté le député indépendant Akos Hadhazy sur les réseaux sociaux, appelant à se mobiliser contre "la poutinisation" de la Hongrie, où des élections législatives auront lieu au printemps 2026.

L'adoption du texte devrait être une formalité dans un Parlement dominé par la coalition gouvernementale, mais elle devrait se heurter aux réticences de la Commission européenne. Bruxelles avait entamé l'an dernier une procédure d'infraction contre la mise en place de l'Autorité de souveraineté, qui a déjà lancé des enquêtes contre l'ONG anticorruption Transparency International et le site d'investigation Atlatszo, concluant qu'ils représentaient une menace pour le pays.

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