Projet de loi asile-immigration : le maire de Grande-Synthe demande "d'arrêter de jouer avec les peurs"
En réaction au projet de loi "pour une immigration maîtrisée et un droit d'asile effectif", le maire EELV de Grande-Synthe, Damien Carême, a estimé mercredi sur franceinfo qu'on faisait "peur pour faire passer n'importe quoi".
Le maire EELV de Grande-Synthe (Nord) martèle mercredi 21 février sur franceinfo qu'il faut "arrêter de jouer avec les peur". Damien Carême a réagi à la présentation en conseil des ministres du projet de loi "pour une immigration maîtrisée et un droit d'asile effectif". Le texte très contesté par les associations et jusque dans les rangs de la majorité prévoit notamment la réduction à six mois de la durée de traitement des dossiers pour les demandeurs d'asile, et l'allongement de la durée maximale de rétention, jusqu'à 90 jours. "On fait peur pour faire passer n'importe quoi", a ajouté Damien Carême.
franceinfo : Vous interpellez le gouvernement sur votre commune car vous accueillez entre 200 et 300 réfugiés dans un gymnase municipal. Que demandez-vous ?
Damien Carême : Je demande la création de centres d'accueil, plusieurs centres. Parce que nous avons une arrivée constante d'exilés sur notre territoire, qui veulent se rendre en Angleterre parce que contrairement à ce que dit le ministre l'appel d'air c'est pas les centres d'accueil mais bien l'Angleterre qui fait que sur tout le littoral de la Manche et de la mer du Nord on a des exilés qui arrivent pour pouvoir passer en Angleterre. Et je viens d'apprendre que dans le traité, signé récemment par Emmanuel Macron et Teresa May à Sandhurst, il y a une phrase qui dit que l'Angleterre aidera à ce qu'il n'y ait pas de centre d'accueil créé sur le Calaisis et sur le Dunkerquois, ce que je trouve complètement stupide.
On accueille entre 200 et 300 personnes dans un gymnase et depuis le mois d'octobre c'est un flux incessant de personnes qui arrivent. On a placé presque 1 500 personnes dans des centres d'accueil un peu partout en France. Donc, il faut bien qu'à un moment on puisse les accueillir dignement et qu'on ne les laisse pas dehors.
L'idée de ce projet c'est manifestement de réduire le nombre d'arrivées sur le territoire, vous pensez que cela peut fonctionner ?
Non cela ne fonctionne pas, je crois que rien ne bloque le flux de ces exilés. J'entends le terme d'immigration maîtrisée, mais cela ne se maîtrise pas. On a beau rajouter des rangées de barbelés, de CRS, on voit bien que ça arrive, c'est plus de morts parce que c'est plus de risques pour franchir les frontières. Mais une fois que ces personnes sont là prenons-les en charge et intégrons-les dans des dispositifs, et pas des dispositifs liberticides comme ils sont en train d'être écrits aujourd'hui.
La rapporteure du projet de loi, Elise Fajgeles, déclare qu'on ne peut pas accueillir tout le monde. Vous en dites quoi ?
C'est l'argument de base, on joue avec les peurs, on fait peur pour essayer de faire passer n'importe quoi. Aujourd'hui, quand on dit on ne peut pas accueillir tout le monde c'est quoi la réalité ? Les six pays les plus riches du monde accueillent 9% des réfugiés. Les six pays les plus pauvres en accueillent 51%. On n'accueille pas toute la misère du monde, il faut arrêter avec cela. On a les capacités, en France comme en Europe, d'accueillir ces personnes. Il va y avoir certainement des Syriens qui vont quitter leur pays compte tenu de ce qu'ils vivent. On accueille, on n'accueille pas ? Si on accueille avant que la procédure de demande d'asile s'enclenche, dans quelles conditions on accueille, à quel endroit ?
Il faut arrêter de jouer avec les peurs, il faut simplement prendre ces problèmes à bras le corps. Il y a eu en France 450 à 500 centres d'accueil et d'orientation qui ont ouvert. On en entend jamais parler, parce que tout se passe bien. En revanche, on entend parler de Grande-Synthe, Calais, Paris, Ouistreham, là où la réponse à l'accueil n'est pas satisfaisante. Si la réponse était bonne on en entendrait pas parler. Parce que dans toutes les villes où il y a ces CAO (centres d'accueil et d'orientation) il n'y a plus de peur. On sort du fantasme, on est confronté à la relation humaine, à des gens qui ont des histoires, qui ont des vies, et on arrête de jouer avec les peurs sur ces problèmes.
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