Migrants secourus dans la Manche dimanche : "Une fois rhabillés avec des vêtements secs, ils disparaissent dans la nature", témoigne le maire de Berck

L'élu évoque son impuissance. 230 migrants ont été secourus dans la seule journée de dimanche alors qu'ils tentaient de traverser la Manche vers l'Angleterre. "C'est moralement très difficile de voir cette situation sans pouvoir apporter de vraies solutions", déplore Bruno Cousein.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un small boat bateau abandonné dans le Pas-de-Calais, le 10 décembre 2024 (photo d'illustration). (JEANNE DEBUTLER / RADIO FRANCE)
Un small boat bateau abandonné dans le Pas-de-Calais, le 10 décembre 2024 (photo d'illustration). (JEANNE DEBUTLER / RADIO FRANCE)

"Une fois rhabillés avec des vêtements secs, ils disparaissent dans la nature", témoigne, impuissant, Bruno Cousein, maire de Berck, lundi 10 février sur franceinfo. Deux corps ont été découverts sur la plage de Berck-sur-Mer (Pas-de-Calais) et 230 migrants ont été secourus dans la journée de dimanche. 

"On est complètement démunis, puisque ce sont des gens qui ne veulent rien, qui ne demandent rien et qui n'ont qu'une idée en tête, c'est de traverser vers l'Angleterre", explique le maire. Certaines personnes secourues refusent toute prise en charge après avoir été sauvées en mer. 

franceinfo : La journée d'hier a été particulière éprouvante ?

Bruno Cousein : Ce sont des moments toujours difficiles. Quand une trentaine de personnes sont sortis de l'eau frigorifiée, lorsque l'on retrouve un premier corps, puis un peu plus tard un second, c'est forcément des journées éprouvantes pour toutes celles et ceux qui tentent de porter secours. Il y avait une alerte préfectorale disant que les conditions météo étaient tout à fait favorables aux tentatives de traverser. Effectivement, la mer était un véritable lac toute la journée.

Que deviennent ces personnes secourues ?

Elles ont été prises en charge à Berck dans un local mis à disposition par la ville et par la Protection civile. Mais, une fois rhabillés avec des vêtements secs un peu réchauffés, ils disparaissent dans la nature. On sait que la plupart du temps, ils trouvent refuge dans des campements sommaires, dans les dunes, pour faire une nouvelle tentative un peu plus tard.

Expliquez-nous le mode opératoire des migrants pour tenter de rejoindre l'Angleterre ?

Les taxis-boat, des bateaux gonflables un peu de fortune, prennent la mer beaucoup plus loin, ralentissent et donnent rendez-vous aux migrants qui avancent dans l'eau jusqu'à la ceinture, avant de monter sur ces bateaux. Ils savent très bien qu'une fois à l'eau, les forces terrestres ne peuvent plus intervenir. C'est une technique qui est maintenant déployée sur toute la Côte d'Opale, contre laquelle on ne peut pas grand-chose.

"Les forces de l'ordre interviennent avant la mise à l'eau des bateaux, mais une fois qu'ils sont en mer, la législation fait qu'ils n'ont plus le droit d'intervenir."

Bruno Cousein, maire de Berck

à franceinfo

Ce sont des secours tels que la SNSM [Société nationale de sauvetage en mer] ou autre qui accompagnent pour essayer d'être au plus près.

Il y a une forme d'impuissance chez les maires de la côte ?

On sait que ça arrivera encore. On est complètement démunis, puisque ce sont des gens qui ne veulent rien, qui ne demandent rien et qui n'ont qu'une idée en tête, c'est de traverser vers l'Angleterre. Même les femmes et les jeunes hommes, qu'on propose effectivement de ramener dans un endroit susceptible de les accueillir à Calais, refusent. Le plus jeune avait 15 ans. Il a refusé absolument d'être pris en charge. C'est moralement très difficile de voir cette situation sans pouvoir apporter de vraies solutions.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.