Vidéos Menace russe, fragilité de l'Europe, négociations de paix... Cinq séquences à retenir de "L'Evénement" consacré à la montée des tensions internationales

Sébastien Lecornu, Dominique de Villepin, Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann se sont succédé sur le plateau de l'émission de France 2, jeudi soir.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, sur le plateau de l'émission "L'Evénement", sur France 2, le 13 mars 2025. (FRANCE TELEVISIONS)
Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, sur le plateau de l'émission "L'Evénement", sur France 2, le 13 mars 2025. (FRANCE TELEVISIONS)

Après Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu qualifie à son tour Moscou de "menace". "La Russie nous a choisis comme adversaire. Petit à petit, nous allons sur une logique de confrontation", a mis en garde le ministre des Armées, lors du numéro spécial de l'émission "L'Evénement", sur France 2, jeudi 13 mars, consacrée aux montées des tensions internationales. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin et le député européen et coprésident du parti Place publique, Raphaël Glucksmann, se sont ensuite succédé sur le plateau pour apporter leurs points de vue sur la guerre en Ukraine, le réarmement en cours de la France et de l'Europe, ainsi que l'attitude de Vladimir Poutine et Donald Trump. Voici ce qu'il faut retenir des principales prises de parole.

"Il ne faut pas confondre une trêve avec une mauvaise pause tactique", met en garde Sébastien Lecornu

"Tout ce qui va permettre d'aller vers un cessez-le-feu est à saluer", a réagi Sébastien Lecornu après que Vladimir Poutine s'est dit "d'accord" sous conditions "pour un arrêt des combats" pendant trente jours, comme proposé par les Etats-Unis et l'UkraineLe ministre des Armées y voit "la vraie négociation qui débute, mais il faut être patient."

Pour autant, met-il en garde, "il ne faut pas confondre une trêve, voire un mauvais accord de paix, avec une mauvaise pause tactique qui permettrait à la Russie de reconstituer ses capacités".

D'ailleurs, "on ne peut pas dissocier ce qu'il se passe sur le terrain diplomatique de ce qu'il se passe sur la ligne de front. La réalité, c'est que la Russie a l'avantage sur le terrain militaire. La Russie est en train de progresser. Ce qui veut dire qu'à très court terme, la Russie n'a pas intérêt que la trêve débute trop vite".

"On peut être défaits sans être envahis, sans guetter les chars", prévient Sébastien Lecornu

Comme le président de la République l'a déclaré lors de sa dernière allocution, Sébastien Lecornu évoque aussi "une menace conventionnelle russe". D'ailleurs, dit-il, "ceux qui nient la menace russe sont ceux aussi qui ne croyaient pas à l'agression russe en Ukraine (...) Ça veut dire que demain la Modavie, l'Estonie, la Transnistrie, peuvent être exposées. Au moment même où il y aura un cessez-le-feu, l'appareil de guerre russe continuera de monter en puissance tant sur le volet conventionnel que nucléaire", a répondu le ministre des Armées.

"La Russie réinvente une forme de guerre qui fait que nous ne sommes pas en guerre, mais nous ne sommes plus complètement en paix. Et ces menaces sont parfois moins perceptibles, plus invisibles."

Sébastien Lecornu, ministre des Armées

sur France 2

Sébastien Lecornu le reconnaît : la situation "m'a souvent fait dire que, désormais, on peut être défaits sans être envahis, sans guetter les chars." Il liste notamment la "déstabilisation des flux migratoires de l'Afrique vers la France", "la guerre énergétique", "la capacité à mener des attaques cyber", sur "les hôpitaux", sur "les barrages hydroélectriques". Rien que depuis le début de la semaine, "une dizaine d'attaques cyber" ont été menées "sur des collectivités territoriales", assure-t-il. Et de rappeler : "La Russie nous a choisis comme adversaire. Petit à petit, nous allons sur une logique de confrontation".

Un guide pour préparer les Français sera-t-il nécessaire ? "De toute façon, sur les menaces hybrides, il est clair qu'il va y avoir un travail civil à mener", explique Sébastien Lecornu.

"Je suis partisan du fait que la sécurité de l'Ukraine soit garantie par l'ONU", assure Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon a répondu au ministre des Armées, dénonçant l'absence de perspectives à l'issue d'un éventuel accord de paix. "On est en train de discuter d'un cessez-le-feu [entre l'Ukraine et la Russie]. Est-ce que nous avons entendu une seule fois dire ce que nous, Français, ou nous, membres de l'Union européenne, nous attendons de cette paix ?"

D'après l'ancien député européen, la clé de ce conflit doit être dans les mains des Nations unies : "Oui, je suis partisan du fait que la sécurité de l'Ukraine soit garantie par l'ONU, car moi, je crois au droit international. L'ONU a un commandement militaire qui pourrait exercer son rôle. L'ONU agit en fonction des mandats qu'elle reçoit."

"Ce n'est pas hors de portée [des Européens] que de discuter avec des Russes et d'arriver avec eux à des conclusions qui soient l'inverse de ce qu'on est en train de faire", a également dénoncé Jean-Luc Mélenchon. "Nous, les Français, devons être les reconstructeurs d'un ordre international, c'est pourquoi je plaide l'altermondialisme sur des causes communes".

"Notre fragilité aujourd'hui est que nous sommes divisés en France", affirme Dominique de Villepin

Un tas d'or qui appartient à Moscou, mais qui est bloqué en Europe depuis février 2022. Que faire des 210 milliards d'euros d'avoirs russes gelés ? Les pays européens sont divisés sur la question. Qu'en faire ? La position de Dominique de Villepin est claire : l'ancien ministre des Affaires étrangères se dit "pour" la saisie des avoirs russes, si elle ne coûte pas "beaucoup plus cher par la suite" aux Européens.

Mais "il y a un principe de réalité", met en garde l'ancien Premier ministre : "Quand vous détenez des avoirs, les investisseurs regardent la façon dont vous les traitez et ils sont susceptibles d'appliquer la réciprocité. C'est vrai aussi pour les fonds qui viennent du Moyen-Orient ou les fonds français placés aux Etats-Unis. Donald Trump pourrait bien décider de sanctionner la France d'avoir pris telle mesure en mettant la main sur les avoirs français aux Etats-Unis."

Dominique de Villepin a également tenu à adresser un message au président de la République : "Il faut qu'Emmanuel Macron arrive à restaurer l'unité des Français. Notre fragilité aujourd'hui dans l'Europe, c'est que nous sommes divisés en France. Nous avons un gouvernement qui a du mal à travailler au quotidien, et nous avons un certain nombre d'oppositions qui tirent à hue et à dia. Il est essentiel de refaire la cohésion française en ce moment."

"Quand vous n'êtes pas autour de la table des négociations, vous êtes le menu", alerte Raphaël Glucksmann

"Tout le monde veut la paix, mais qu'est-ce que la paix ? Est-ce que la paix, c'est la soumission au tyran ?", a ensuite interrogé Raphaël Glucksmann. Le coprésident du parti de gauche Place publique juge que "le problème qui se pose, c'est que ce que veut Vladimir Poutine, ce n'est pas simplement des concessions territoriales. C'est la destruction de l'Ukraine et c'est la refonte totale de la manière dont on organise la sécurité dans nos pays en Europe".

"Si on veut une vraie paix, durable, qui nous permette à nous, Européens, de vivre dans la paix, il faut à tout prix empêcher que cette paix soit une capitulation de l'Ukraine", prévient le député européen. "Quand vous n'êtes pas autour de la table des négociations, vous êtes le menu. Il n'y a pas de cartons d'invitation comme pour un mariage. Si vous montrez que vous êtes forts, les gens sont obligés de dealer avec vous", a-t-il aussi rappelé.

Sur le rôle de l'Europe, qui n'est pas à la table des négociations, Raphaël Glucksmann martèle : "On n'arrête pas partout d'expliquer qu'on est atrocement faibles, qu'on est nuls (...) parce qu'un homme d'affaires qui se prend pour un génie décide de discuter avec un meurtrier, un criminel de guerre".

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