Ukraine : Kramatorsk, une ville également en proie à des tensions religieuses

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Article rédigé par franceinfo - B. Mousset, J. Raynal – Édité par l’agence 6médias
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En Ukraine, la ville de Kramatorsk est devenue l'un des symboles de la guerre face à la Russie. Toujours sous le contrôle ukrainien cette ville est également le théâtre de tensions religieuses.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Sur une route du Dombass, des villages fantômes. Après trois ans et demi de guerre, plus personne ne vit là. À 20 km de la ligne de front, Kramatorsk. Sur cette place, presque face à face, deux églises. L'une d'elles est très discrète, on devine à peine son entrée étroite. Ici, les fidèles et les prêtres sont tous ukrainiens. L'homélie du jour évoque le conflit avec le voisin et ennemi, la Russie. 
"On est tous orthodoxes. Mais de l'autre côté, ils utilisent l'Église et font de la propagande. Sous couvert de l'Église, les services de renseignement russes sont actifs. Les gens le savent, mais ils ont peur d'en parler", déclare le prêtre et soutien à Kiev, Oleksandre Tkatchouk. Kramatorsk est régulièrement bombardée par l'armée russe. Après les prières, les mots sont durs pour qualifier l'agresseur dans cette guerre qui n'en finit pas.

L'Église comme outil politique ?

Après l'indépendance du pays en 1991, l'Église orthodoxe ukrainienne a pris ses distances avec Moscou. Le père Oleg est aumônier militaire et ardent défenseur de la cause ukrainienne aujourd'hui.
"Moi, je pense que notre Église orthodoxe doit aider les gens à se rapprocher de Dieu. La Russie fait exactement le contraire. Elle utilise l'Église comme un outil politique pour influencer les esprits", déplore-t-il. 

Depuis février 2022, c'est le début de l'offensive en Ukraine. Vladimir Poutine aime afficher sa dévotion et apparaître aux côtés du patriarche Kirill. Le chef des orthodoxes russes a toujours soutenu la guerre en Ukraine. Un message relayé jusqu'à Kramatorsk. Dans cette autre église de la ville, l'homélie est bien différente. Les fidèles qui viennent ici sont pro-russes, mais personne n'ose exprimer ses idées en Ukraine, à l'exception de l'archiprêtre Kapitonenko. Il défend sa paroisse.  
"Orthodoxe signifie conservateur. Autrement dit, quelque chose qui doit être préservé, qui ne doit surtout pas changer. C'est l'essence même de notre Église depuis 2000 ans", confie-t-il. 
Kramatorsk est convoitée par les Russes depuis le début du conflit. La ville a failli tomber à plusieurs reprises. Elle est aujourd'hui toujours ukrainienne. Et la majorité des habitants qui sont restés ne veulent pas changer de manière.


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